Prolongée au nord comme au sud, la ligne 14 du métro rejoindra l’aéroport d’Orly dès le 24 juin. Mais, à l’instar des RER, le métro appliquera un tarif différencié, à raison de 11,50 euros le ticket pour atteindre ses deux dernières stations, au lieu de 2,15 euros. Il s’alignera ainsi sur le tarif de la liaison Orlyval, qui revient à 11,30 euros pour aller d’Antony à Orly. Ce surcoût ne concernera toutefois pas les possesseurs d’un passe Navigo
“Historique”, “chantier titanesque”, les superlatifs pour qualifier ce prolongement de 14 kilomètres avec sept nouvelles stations au sud et une au nord fleurissent dans la bouche de Stéphane Garreau, directeur de projet à la RATP. “Nous n’avons pas mis autant de stations en service d’un seul coup depuis l’ouverture de la ligne 14 en 1998“, rappelle-t-il. À l’époque, la ligne 14 allait uniquement de Bibliothèque-François-Mitterrand à Madeleine. Au gré des prolongements successifs, cette ligne automatique réputée pour sa fiabilité est devenue un axe structurant du réseau parisien.
La plus longue ligne de métro
Avec le prolongement vers Saint-Denis au nord et Orly au sud, elle sera la plus longue de Paris (28 km) mais aussi la plus fréquentée d’ici à 2025, avec un million de voyageurs attendus par jour. Elle desservira dix nouvelles communes au sud de Paris, profitant à 260 000 habitants, et permettra de relier Châtelet, dans le centre de la capitale, à l’aéroport d’Orly, en 20 minutes seulement. Emmanuel Macron devrait être présent à l’inauguration le 24 juin, comme Jacques Chirac l’avait été lors de son lancement en 1998.
À ceci près qu’en 1998, elle avait été livrée avec quelques mois de retard et n’avait donc pas pu ouvrir avant la Coupe du monde de football de 1998. Cette fois-ci, les délais pour les Jeux olympiques seront tenus, à un mois près. La RATP s’attend ainsi à accueillir 800 000 voyageurs par jour sur cet axe pendant la compétition. Car la 14 sera “l’une des épines dorsales des Jeux” rappelle la présidente du conseil régional d’Ile-de-France, Valérie Pécresse, qui préside aussi l’autorité des transports régionale (Ile-de-France Mobilités).
Grâce au terminus de Saint-Denis-Pleyel au nord, la 14 desservira le village des athlètes, mais également le Stade de France et le centre aquatique, et contribuera à décharger les RER B et D, ainsi que la ligne 13.
“Les Jeux ont été un formidable accélérateur” pour mener le chantier à bien, se réjouit Stéphane Garreau.
Un trait d’union avec le Grand Paris Express
Les délais serrés ont été tenus au prix d’une mobilisation exceptionnelle côté RATP mais aussi de nombreuses fermetures de ligne les week-ends, le soir et même deux semaines au mois de février, pour renouveler entièrement le système de pilotage automatique. Particularité du chantier : il n’a presque pas été interrompu par la pandémie de Covid-19, contrairement à toutes les autres lignes du Grand Paris Express. “On a repris le creusement du tunnel une semaine après le début du confinement et les travaux dans les stations deux semaines après”, se remémore Stéphane Garreau, pour qui cette ligne 14 constitue “un trait d’union entre le réseau historique et le futur réseau du Grand Paris Express”, la future boucle de métro périphérique constituée des lignes 15, 16, 17 et 18.
À trois semaines de l’inauguration, les ouvriers posent les derniers morceaux de carrelage sur les murs, montent quelques habillages et se préparent à accrocher la signalétique, touche finale avant l’ouverture au public.
11,50 euros à partir de Pont de Rungis
Au total, le chantier aura coûté 2,8 milliards d’euros, en plus de 1,3 milliard pour l’achat de 37 nouvelles rames qui viendront compléter les 35 circulant actuellement. Des investissements massifs, qui justifient l’instauration d’un tarif spécifique à 11,50 euros pour voyager depuis et vers l’aéroport d’Orly, estime Valérie Pécresse. Ce tarif, qui ne s’appliquera pas aux porteurs d’un passe Navigo, permet aussi de s’aligner avec la navette Orlyval, qui, connectée au RER B, relie Antony aux différents terminus de l’aéroport moyennant 11,30 euros. Un renoncement à l’alignement sur le tarif du métro parisien que regrette Céline Malaisé, président du groupe communiste à la région, qui y voit là un mauvais présage pour les tarifs des nouvelles lignes du métro Grand-Paris Express, se demandant si les futures lignes de métro s’aligneront finalement sur les pratiques tarifaires du RER.
“Les tarifs aéroport sont payés par les voyageurs qui empruntent ces aéroports. Donc nous, nous souhaitons qu’ils contribuent”, défend Valérie Pécresse, qui, comme pour le doublement du prix du ticket pendant les JO, assume de faire payer les touristes pour préserver le porte-monnaie des Franciliens détenteurs d’abonnements. “Sauf que la moitié des voyageurs quotidiens d’Ile-de-France n’ont pas d’abonnement et seront donc exposés à la hausse des tarifs”, pointe Céline Malaisé.
Quel avenir pour Orlyval ?
Dans le secteur de l’aéroport, des associations d’élus et usagers se mobilisent pas ailleurs pour défendre le maintien de la liaison Orlyval, en parallèle de la ligne 14. Une association a été créée en ce sens à l’initiative du maire de Rungis, Bruno Marcillaud, dès le printemps 2022, et des associations d’usagers comme Orlyval pour tous, mais aussi des associations pour le développement économique comme l’Ador, plaident pour ce maintien. “La liaison Orlyval a coûté 500 millions d’euros et est désormais entièrement payée, la démanteler coûterait 140 millions d’euros, car il faut, par exemple, démonter le viaduc qui franchit l’A6”, calcule Julien Irondelle, président d’Orly pour tous. Pour l’heure, ces associations, qui plaident pour une intégration d’Orlyval dans le passe Navigo, arguant l’achèvement de son financement, réclament de mettre proprement le sujet en débat, sous forme d’une concertation publique sur l’avenir d’Orlyval. La liaison pourrait notamment être complétée de stations à la Fraternelle à Rungis, Chemin d’Antony et encore à Wissous.
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