C’est un lieu toujours habité que la Mission du patrimoine a sélectionné à Drancy. Au-delà de son importance architecturale, la Cité de la Muette est un lieu de mémoire nationale en raison de son rôle comme camp de déportation des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Le programme de rénovation prévoit la restauration des façades, mais aussi des logements.
Classé monument historique, la Cité de la Muette est un des huit sites retenus en Ile-de-France cette année par le Loto du patrimoine. Il pourra ainsi bénéficier de subventions pour les travaux de rénovation prévus, dont le montant sera dévoilé lors des prochaines Journées européennes du patrimoine, les 20, 21 et 22 septembre.
“État de péril alarmant”
La Cité de la Muette “se trouve actuellement dans un état de péril alarmant. Ses façades sont sévèrement endommagées, tout comme les menuiseries spécifiques de Jean Prouvé“, décrit la fondation du Patrimoine. Un filet de sécurité a même dû être installé à hauteur des coursives. De plus, “sa conception d’origine ne répond plus aux besoins des ménages d’aujourd’hui : un manque de place conséquent est démontré.” Géré par l’OPH de Drancy, l’ensemble en forme de U est encore habité par quelque 500 habitants.
Le programme de restauration prévu de la fin 2024 à 2027, doit se dérouler en quatre phases. Ils commenceront par l’intérieur des logements et des parties communes avec une mise en sécurité contre les incendies, la réfection des halls et des cages d’escalier. Les logements doivent être fusionnés pour permettre la création de 40 appartements de type T3 et des améliorations thermique et isolante. Les travaux porteront ensuite sur la restauration des façades classées au titre des monuments historiques et le remplacement de la totalité des menuiseries extérieures (également protégées) par d’autres en acier dans les parties communes. Enfin, le chantier s’achèvera par la réfection de l’isolation et de l’étanchéité des toitures-terrasses.
Lieu de mémoire et patrimoine architectural
L’enjeu patrimonial du complexe immobilier tient à son importance mémorielle. En juillet 1940, le U est réquisitionné par l’armée allemande pour être utilisé dans un premier temps comme camp de détention provisoire pour les prisonniers de guerre français et anglais. Il devient ensuite un camp d’internement et de représailles, avant d’être transformé en plaque tournante de la déportation des Juifs de France vers les camps d’extermination à partir de l’été 1942. Près de 63 000 Juifs seront déportés depuis le camp de Drancy, de la gare du Bourget-Drancy puis de la gare de Bobigny, principalement à destination d’Auschwitz-Birkenau.
Autre facteur ayant guidé la Mission du patrimoine, la Cité de la Muette est “incarne un précieux témoignage de l’histoire et de l’art du XXe siècle“, explique-t-elle. Du complexe immobilier prévu au départ au lieu-dit “La Muette” à Drancy, il ne reste plus aujourd’hui que le bâtiment en fer à cheval qui devait servir de lieu de socialisation. Il devait être complété par un ensemble de tours et d’immeubles appelé “peigne”. Mais, la récession économique remet en cause le projet : sur les 1 250 logements commandés en 1929 aux architectes Eugène Beaudouin et Marcel Lods, seuls 720 seront réalisés. Pour autant, le projet qui consistait à réaliser des logements bon marché, est novateur à l’époque. “L’ensemble de l’édifice de la Cité de la Muette revêt une importance architecturale significative, particulièrement grâce à ses façades ornées des huisseries conçues par Prouvé. Les travaux envisagés visent à restaurer l’ensemble dans le plus grand respect de son apparence initiale, avec chaque modification soumise à l’approbation de l’ABF (architectes des bâtiments de France)”, précise la Mission Bern.
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