Créée en 2022, une semaine après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’association Ukraine Invicta poursuit sans relâche sa mission de soutien aux populations, dopée par l’énergie de ses bénévoles, autant ukrainiens que français. Une mission qui dépasse la seule solidarité pour promouvoir le rapprochement entre les cultures. Prochain temps fort le 23 mars. Rencontre avec sa présidente, Viktoriia Morkovkin.
Ce mercredi 13 mars, 17h, Viktoriia Morkovkin revient de l’école avec sa fille. Direction le local d’Ukraine Invicta, au 5 rue Paul Doumer, à Nogent-sur-Marne. D’ordinaire, la présidente de l’association réserve cette journée, sa seule de libre, à des tâches de comptabilité. Mais, aujourd’hui, c’était rendez-vous à la banque, à la mairie, commande de flyers, échanges avec le groupe de bénévoles…
À l’inverse de nombreuses associations de soutien à l’Ukraine qui ciblent leur aide sur une population en particulier, l’association nogentaise entend soutenir toutes les causes, des civils blessés par les bombardements, notamment les femmes et enfants et personnes âgées, aux militaires. « Il faut aider un peu partout. Soutenir ne serait-ce qu’une personne nous donne des forces » résume Viktoriia Mokovkin. Arrivée en France en 2012, l’Ukrainienne reçoit régulièrement des demandes de personnes restées sur place. Elle arbitre la destination des dons selon les urgences et les besoins. Lors d’une tombola organisée l’an passé, par exemple, l’association a récolté suffisamment d’argent pour l’achat d’un 4×4 qu’elle a convoyé jusqu’aux militaires ukrainiens.
Pas moins de soixante bénévoles, à 50/50 Ukrainiens et Français, s’activent pour faire vivre l’association. Ateliers créatifs, dressing solidaire, concerts, les événements se suivent sans se ressembler. « Chaque bénévole vient avec ses idées et sa créativité, c’est une équipe qui travaille sans arrêt. En fait, Ukraine Invicta n’est pas juste une association, c’est une grande famille », développe la présidente.
Près de 200 personnes assistent aux cours de français
Au-delà des actions de collecte, l’association promeut la culture ukrainienne et vise à favoriser l’intégration des réfugiés en France. Des cours de français sont dispensés quatre soirs par semaine par deux bénévoles de l’association, l’un Français, l’autre Ukrainien. « C’est plus facile quand il y a quelqu’un pour traduire en ukrainien et une autre personne qui parle français pour la prononciation. » Et puis, cela encourage la mixité du groupe de bénévoles. Près de 200 personnes assistent aux cours de français.
Au-delà de l’aide, “faire vivre les deux cultures”
Des poupées en papier mâché, des drapeaux ukrainiens, une guirlande de tournesols. Le jaune, symbole des champs de blé d’Ukraine, égaye la petite cuisine du local que la ville prête à l’association. Viktoriia Mokovkin se tient assise à la table, droite, un collier lacé autour du cou, une colombe en pendentif. La paix ? Elle n’ose y croire, mais une chose est sûre, même si la guerre se termine, Ukraine Invicta demeurera. « Nous avons tout un pan de notre activité en France, pour favoriser la mixité entre Français et Ukrainiens, et faire vivre les deux cultures ».
L’association a été créée par Viktoriia Mokovkin une semaine après l’invasion russe en Ukraine. « Deux jours avant le début de la guerre, j’ai senti que quelque chose allait arriver. J’ai été d’abord choquée, comme tout le monde, puis j’ai commencé à agir. Être dans l’action, c’est le seul moyen de ne pas penser à la guerre. » Avec son mari et sa sœur, ils se sont organisés rapidement pour accueillir les premiers réfugiés et fournir de l’aide humanitaire. Dès le départ, ils ont bénéficié de l’appui de la MJC (Maison des jeunes et de la culture), avant de s’organiser en association quelques mois après, afin de bénéficier d’un local et de récolter des dons. L’élan de solidarité, immense au début, s’est progressivement estompé, et il faut continuer de l’encourager. “Aujourd’hui, des Ukrainiens sont rentrés au pays, et les Français, très engagés au début, se sont un petit peu démobilisés, mais notre noyau de bénévoles reste très actif.”
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Grâce à cette dynamique, de nouveaux projets voient le jour. Un partenariat de coopération internationale vient ainsi d’être insufflé entre la ville de Nogent-sur-Marne et celle de Kolomyia en Ukraine, où une école enseigne le français. Plus d’une dizaine de cartons contenant des livres de géographie, maths et des romans ont été envoyés.
Faire se rencontrer des personnes âgées françaises et ukrainiennes
La présidente souhaite également faire se rencontrer des personnes âgées ukrainiennes et françaises autour d’un thé ou café, consciente de l’isolement de ces dernières dans la société. Les idées ne manquent pas, même si les semaines sont bien chargées pour Viktoriia Mokovkin, mère de deux enfants, qui travaille dans un théâtre du XXème arrondissement de Paris.
Concert de solidarité le 23 mars
En attendant, le prochain événement est l’organisation d’un concert de solidarité ce samedi 23 mars à 18 heures à l’église Saint-Saturnin de Nogent-sur-Marne (132 rue Charles de Gaulle). Au programme : des chants traditionnels, de l’opéra, de la musique sacrée, des variétés, avec des chœurs, des chorales et des solistes français et ukrainiens. Les fonds récoltés serviront à acheminer des produits d’hygiène dans la ville d’Hloukiv, située à vingt minutes de la frontière russe et fréquemment bombardée. « Ils m’ont fait savoir qu’ils avaient besoin de couches pour enfants et adultes » détaille Viktoriia Mokovkin. C’est un transporteur polonais qui fera la navette entre la France et l’Ukraine.
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