L’homme de 76 ans, qui avait blessé d’un coup de cutter au menton un jardinier après l’avoir traité de “bougnoule”, à Villecresnes, a été condamné lundi à Créteil à un an de prison ferme sous bracelet électronique.
Le tribunal de Créteil l’a déclaré coupable de violences volontaires en raison de la race, de l’ethnie ou de la religion, de dégradations et d’injures racistes. Il a été condamné à quatre ans d’emprisonnement dont trois assortis d’un sursis probatoire de deux ans, conformément aux réquisitions du parquet. Il devra en outre payer 5 000 euros à la victime.
Le 17 novembre 2023, Mourad, jardinier de 29 ans, travaille à Villecresnes avec deux collègues, quand un homme arrive en voiture. Selon une vidéo projetée à l’audience, le prévenu klaxonne trois fois. Mourad lui fait signe de se calmer.
Le septuagénaire sort armé d’un cutter, précise la juge, et profère plusieurs fois des insultes racistes: “Les bougnoules, je suis chez moi”, lance celui qui assure venir faire du bricolage chez sa fille. Les voitures des jardiniers sont garées sur les deux places de parking de sa benjamine.
Mourad filme la scène et se rapproche du septuagénaire. Après plusieurs tentatives, ce dernier lui porte un coup de cutter au menton.
“Ils m’ont recousu, j’ai eu des agrafes, 76 points de suture”, a déclaré à l’audience le jeune homme, très ému, ajoutant : “Il a 76 ans, l’âge de ma grande-mère, jamais je me suis dit qu’il aurait mis un coup de cutter”.
“Je regrette un mouvement de colère, je voudrais présenter mes excuses”, a dit le prévenu, masque bleu sur le visage. Pour sa défense, Me Caroline Gerbaud a assuré que filmer la scène avait pu “envenimer la situation”.
Le racisme au cœur des débats.
“Qu’est-ce que ça veut dire un bougnoule ?”, a demandé la juge au septuagénaire. “Un maghrébin”, a-t-il fini par répondre, après plusieurs relances. “Monsieur, est-ce que vous êtes raciste ?”, l’a interrogé une assesseure. “Pas du tout”, a-t-il assuré.
Le prévenu, c’est “factuel, il est raciste”, a tranché l’avocat de la victime, Me Mourad Battikh, pour qui “cette idéologie, il en est aussi la victime, avant d’en être le bras armé”.
Interrogé par les journalistes après l’audience, le jardinier s’est dit “très déçu”: “j’attendais quand même la requalification en tentative de meurtre.”
Le parquet, comme l’avocate de la défense, ont assuré qu’il n’y avait pas d’intention d’homicide, relevant que le pronostic vital de la victime n’avait jamais été engagé.
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