À 17h45 ce samedi, heure à laquelle Paul Varry, jeune cycliste de 27 ans, est décédé mardi 15 octobre, sciemment écrasé par un automobiliste à Paris, des milliers de personnes ont fait silence partout en France pendant une minute. En Val-de-Marne, une quinzaine de rassemblements étaient organisés par les associations de cyclistes locales.
Une réactivité et un écho exceptionnels, à la hauteur du choc suscité par cette mort, une de plus, une de trop. Une mort qui s’ajoute à des centaines d’autres. En 2023, 226 cyclistes sont morts sur les routes de France, dépassant pour la troisième année de suite le seuil des 200 morts. Au-delà de ces morts, il y a aussi les accrochages ordinaires, les invectives ou le frôlement d’un vélo dont la présence apparait soudain insupportable, obligeant à rouler au pas, car la chaussée est trop étroite pour doubler.
L’association Mieux se déplacer à bicyclette en Ile-de-France (MDB IDF), qui a lancé un appel aux témoignages mardi 15, les a vu affluer par centaines en quelques jours, à l’initiative de cyclistes comme de piétons. Des témoignages parfois glaçants, tant le pire a été évité de justesse.
Rue Forest à Paris. Une Mercedes déboule du boulevard de Clichy et se retrouve coincée derrière moi — je tiens ma droite mais la rue est étroite. Le type klaxonne, vrombit, puis… il accélère, me percute par l’arrière et roule sur mon vélo. J’ai été éjecté du bon côté. 😔 pic.twitter.com/ygAqfM0IbT
— Brice Boulesteix (@briceboulesteix) October 17, 2024
Un projet de carte pour documenter la violence motorisée
“Nous avons été étonnés par l’afflux des témoignages, et réfléchissons à créer une carte collaborative pour recenser ces violences motorisées”, confie Vincent Gaillot (en polo bleu sur la photo ci-dessous), président de MDB Nogent-Le Perreux.
Ce samedi, l’association locale avait appelé à se rassembler devant la mairie de Nogent-sur-Marne. Plus d’une centaine de personnes, à pied ou à vélo, ont répondu présent, y compris des élus locaux de tous bords.
Un déclencheur ?
Ce nouveau drame servira-t-il de déclencheur pour aller plus loin et plus vite dans le partage de la route ? Vincent Gaillot veut y croire. “La mobilisation inédite s’explique à la fois car Paul Varry était un citoyen impliqué (ndlr, militant de l’association Paris en selle), connu des associations de cyclistes, et aussi par les circonstances.” L’automobiliste a d’abord emprunté une piste cyclable, roulé sur le pied du jeune homme qui a réagi en tapant sur le capot. Le jeune homme s’est ensuite positionné à l’avant-gauche du véhicule. C’est à ce moment-là que, selon les caméras de vidéosurveillance, le conducteur du SUV, après avoir reculé, a repris sa trajectoire en direction du jeune homme et l’a écrasé. Paul Varry, 27 ans, est mort sur place.
“Aux Pays-Bas, il a fallu un drame en particulier, la mort de l’enfant d’un journaliste, pour faire bouger les choses.” C’était le 14 octobre 1971, la fille d’un journaliste du Tidj avait été percutée mortellement en allant à l’école en vélo. Les articles de son père avaient conduit à la création d’un vaste mouvement de mobilisation et contribué à un changement de politique, alors que le nombre d’enfants tués en vélo pouvait à l’époque dépasser les 500 par an. “Cela s’est passé aussi en Espagne, qui est aujourd’hui plus avancé que la France en matière de politique cyclable”, souligne Vincent Gaillot.
Enseigner le partage de la route et l’empathie aux automobilistes
Pour le militant associatif, l’un des problèmes est le “déficit de formation” des automobilistes “Il faut remettre de l’empathie dans la formation”, appelle le cycliste, afin de sensibiliser d’emblée à la nécessité de partager la route. Autre demande : “verbaliser les petites choses”, pour que les “violences motorisées”, même lorsqu’elles ne se concluent pas tragiquement, ne restent pas impunies.
Organiser la sensibilisation au niveau local
À Sucy-en-Brie, une quarantaine de personnes ont répondu à l’appel de la FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette), selon Jean-Paul Grange, de Sucy en Transition (photo ci -dessous). L’association locale appelle à trosi actions prioritaires : organiser les actions localement, non seulement de réparation de vélo mais aussi de sensibilisation et de véritable plaidoyer pour l’usage du vélo, revendiquer les infrastructures adéquates comme la limitation de la vitesse ou les tourne à droite, et sanctionner les comportements dangereux de manière plus systématique.
Le ministre reçoit les associations de cyclistes
François Durovray, ministre des Transports, recevra huit associations de cyclistes ce lundi 21 octobre afin d’envisager de nouvelles réponses au problème de l’accidentologie à vélo.
Ce lundi 21 également, la ville de Saint-Ouen, où vécut longtemps Paul Varry, lui rendra un hommage à 18h30 devant la mairie.
Stats intéressantes
Les embouteillages, la consommation de carburant, l’émission des gaz à effet de serre, le dérèglement climatique, la pollution atmosphérique, le coût des réparations de chaussées endommagées par le passage de véhicules lourds et nombreux, le comportement agressif d’une partie des automobilistes et des professionnels de la route. On n’a pas le choix, il faut que ça change.
• Le développement des modes de déplacements alternatifs à la voiture, marche à pied, cyclisme autopartage, transports en commun, doivent se développer.
• Tout le monde devrait pouvoir se déplacer sans risquer sa vie.
• Tout le monde devrait respecter les règles.
• Oui, il faut des pistes cyclables et d’autres aménagements cyclables mais aussi des trottoirs en bon état et strictement réservés aux piétons.
• Ça coute cher ? Certainement. Cependant, le cout global de l’accidentologie en France était en 2021 de 46,3 milliards d’euros. Le cout de la déviation de Boissy-St-Léger doit approcher les 240 millions d’euros. Pour les voitures et les camions. Le prolongement de la RN 406 à Bonneuil-sur-Marne devrait couter 185 millions d’euros. Pour les voitures et les camions.
Je me déplace beaucoup à vélo pour des trajets courts, jusqu’à 10 km. J’étais sur la photo en illustration, bien placé pour savoir combien le comportement de certains automobilistes est dangereux.
Il serait intéressant de comparer le nombre de gens qui se déplacent en transports en commun et en vélo dans l’Ile de France, en indiquant aussi le prix estimé de toutes les modifications de voiries, de règlement et du Code de la Route exigés par les cyclistes.
Où se situent les priorités, sachant qu’on ne peut tout faire, surtout en période d’effondrement économique et de surendettement ?
On pourrait aussi s’interroger sur le pourquoi cette région s’étend à l’infini, augmentant ainsi les distances domicile – travail ?
bonjour Raymond ; l’étendue de la Région est un fait historique qui se développe depuis …l’exode rural j’imagine ! rien n’a été fait contre cela jusqu’au plan Delouvrier de 1965 et la création des villes nouvelles.
sauf que depuis l’urbanisation continue mais à l’intérieur de l’agglomération et plus tellement en débordement de celle ci.
La violence “motorisée” serait-elle plus grave que la violence, selon ces cyclistes ??? Naïf que je suis, je pensais que c’est d’abord la gravité des faits, liée à la gravité des blessures, des séquelles ou bien sûr aux décès, qui importe. Plus le caractère volontaire ou non, etc.
Mais si le lobby cycliste se mobilise vite, il ne précise pas où il place les “moteurs” électriques, et dédaigne trop le cas des piétons, pourtant sans moteur. Et je fais la différence entre les cyclistes (souvent au féminin) respectueux des autres, et les sectaires doctrinaires incapables d’admettre la fréquence de comportements dangereux pour les piétons.
il est certain que se promener a vélo a la campagne et dans des endroits peu urbanisés c ‘est très bien , mais quel danger de rouler à Paris ou le Grand Paris , , quel parent peut laisser ses enfants faire du vélo a Paris ou dans tout environnement urbanisé , c est criminel ….nous avons une politique urbaine qui crée déja un environnement peu sécurisé . Urbanisme dans certains quartiers inhumain ,tout cela engendre des comportements agressifs ,il est dangereux aussi de circuler en voiture a Paris on a toujours peur de renverser quelqu’un , la politique d’ Anne Hidalgo (imitée par de nombreux maires) rend la ville invivable et insécure ….
Trajet quotidien Champigny-Montreuil-Champigny: je ne vois pas un seul cycliste respecter le code de la route. Alors certes, des automobilistes ne respectent pas non plus le code de la route mais surement pas dans les mêmes proportions que les cyclistes.
Un panneau “tourne à droite” ça veut bien dire qu’on peut aller tout droit au feu rouge, hein ?
De plus un cycliste qui prend des risques c’est directement sa vie qui est en danger, ce qui n’est pas systématiquement le cas en voiture.
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