Alors que le monde de l’éducation est en ébullition en Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne n’est pas en reste de la mobilisation contre la réforme du choc des savoirs. Une soixantaine de professeurs se sont ainsi retrouvés devant la préfecture de Créteil ce lundi 22 avril pour manifester jusqu’au rectorat. D’autres avaient fait une incursion devant le lycée Stanislas le matin, à Paris.
Principal motif de colère : la réforme du choc des savoirs qui prévoit de faire travailler les élèves en groupes de niveaux ou de besoins au collège dès la rentrée prochaine, dans certaines matières.
D’autres rassemblements sont aussi programmés cette semaine. « Seul le retrait de la réforme me ferait arrêter de manifester, je suivrai les mobilisations jusqu’à la fin de l’année, car, si tout le monde baisse les bras, on n’aura jamais rien », motive Yann, professeur de maths au collège Romain Rolland d’Ivry-sur-Seine. « On a réussi à se mobiliser très fortement sur des problématiques locales (pas de vie scolaire, absence de CPE), mais sur les mobilisations de plus grande ampleur il y a une sorte de résignation, regrette-t-il. S’il y avait un vrai suivi des collègues, on serait plus que 60. »
« On n’est pas écouté, il y a une sorte d’entêtement du gouvernement et c’est pour ça qu’on continue de manifester, pour s’opposer à ces réformes qui sont imposées par le Premier ministre », lâche un enseignant. Un ras-le-bol renforcé par le passage éclair des derniers ministres de l’Éducation. « Ce qui est insupportable aussi, ce sont les ministres qui défilent un par un, de plus en plus vite. En seulement quatre mois, Gabriel Attal a voulu imposer une vision très rétrograde de l’école. »
« On ne peut pas mettre en place cette réforme »
« On met quelque chose en place sans en avoir les moyens. Ces groupes, ça implique de dédoubler les classes et donc d’avoir plus d’heures et de profs », calcule Yann. « Il faudrait 180 postes de profs de maths et 210 postes de profs de français supplémentaires pour mettre en place ces groupes de niveaux en 6eet 5e l’année prochaine. Mais il n’y a pas de moyens supplémentaires, on a même supprimé l’heure de technologie des 6e , chiffre un enseignant. L’enquête PISA dit que le niveau est faible, et pour y répondre, on supprime une heure de cours, c’est tout à fait logique. »
« Ce qu’on nous propose, c’est d’avoir 7 groupes pour 5 classes. Ce n’est pas du tout réaliste avec le résultat des évaluations nationales passées à l’entrée du collège. Sur 150 élèves, on en avait 70 qui étaient fragiles sur certaines notions », s’inquiète Yann. « Quand tu te retrouves avec 25 élèves faibles, ce ne sont plus des heures de soutien. Le désaccord de fond, c’est la séparation en groupes de niveaux et le nombre d’élèves par groupes. Le texte parle d’une quinzaine d’élèves alors qu’il nous en faudrait 10 pour faire un groupe de soutien vraiment fort. En dehors de la séparation des élèves que beaucoup de collègues contestent, la mise en place de cette réforme n’est pas réaliste, elle va être très inégalitaire. »
Manif à Stanislas
« Quand les parents d’élèves sont informés de ce qu’ils se passent, ils soutiennent la cause, mais, malheureusement, ils sont très peu sont au courant », regrette un professeur de collège ayant souhaité rester anonyme. « Ces réformes ne sont pas suffisamment médiatisées donc les gens ne sont pas forcément au courant de ce qu’il se passe », estime-t-il. « Beaucoup de collègues se sentent concernés par cela, mais ne viennent pas forcément en manifestation », ajoute Grégoire, professeur des écoles à Nogent-sur-Marne. « Je pense que beaucoup n’ont pas pris la mesure de ce que la réforme engendre comme conséquences pour les élèves. Quand on leur explique, ils le comprennent très bien et sont opposés. »
« Le mouvement doit aller jusqu’à l’abrogation du décret des groupes de niveaux, on ne peut pas accepter ce tri social, bloquer les élèves dans une voie prédéterminée pour toute leur scolarité, ce n’est pas possible », défend le professeur des écoles.
Le matin, c’est devant le lycée Stanislas de Paris que les profs avaient manifesté. « Mais on était qu’une cinquantaine avec quelques parents, c’était une action symbolique, pour essayer de faire un peu de bruit, et être relayés médiatiquement », témoigne Yann.
Démissionner ?
« Je pense que c’est la dernière étape avant que j’envisage de démissionner, je n’enseigne pourtant que depuis 9 ans », s’attriste Yann, qui parle d’une fuite en avant des professeurs, même les plus jeunes et engagés. « Mes collègues les plus investis dans des projets de l’établissement sont ceux qui sont le plus enclins à dire qu’ils vont changer, faire autre chose. Tout ce qu’ils pensaient mettre en place est balayé d’un revers de main, on va leur demander de faire des trucs auxquels ils ne croient pas à la place de ce qu’ils faisaient et qui leur paraissait plus pertinent. Certains payent déjà pour s’inscrire cet été à des formations privées pour se réorienter. »
Ce jeune premier ministre dit partout vouloir rétablir l’autorité. Côté travaux pratiques, il va pouvoir commencer par la sienne… Sachant que l’autorité ne se décrète pas, mais se mérite plutôt.
Je atterré par l’attitude des enseignants de “gôche” qui ne remettent aucunement en question en dépit des résultats désastreux de leurs élèves dans les classements internationaux et mêmes dans les évaluations du ministère de l’éducation.
Il ne faut absolument rien expérimenter et au nom d’un pseudo égalitarisme, ils combattent l’égalité des chances.
Les slogans utilisés sont abjects comme celui-ci : on trie ses déchets, on trie ses vêtements on ne tri pas les élèves sic.
Les seules solutions , ne rien modifier, il faut augmenter les salaires et le nombre d’enseignants et tout ira bien das le “meilleur des mondes”.
Quels que soient les projets de réforme de l’enseignement, les syndicats s’y opposent systématiquement dès le lendemain, et cela depuis cinquante ans …
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