Les syndicats CFDT et CGT de Sanofi ont appelé à une grève reconductible à partir de ce jeudi 17 octobre dans tous les sites Sanofi, pour protester contre la vente de la filiale qui fabrique le Doliprane. Ce mercredi, le sénateur du Val-de-Marne Pascal Savoldelli a mis, avec d’autres élus, le sujet à l’ordre du jour au Sénat.
Les syndicats craignent une “casse sociale” dans les 1 700 emplois que compte Opella sur le sol français, dont 500 sur son site de Compiègne (Oise) et 250 dans son usine de Lisieux (Calvados), entièrement dédiée au Doliprane. La grève sera particulièrement marquée sur ces deux sites, selon les syndicats.
Dans le Val-de-Marne, les sites Sanofi ne sont pas concernés par le Doliprane mais devraient en revanche voir un peu plus de 300 emplois supprimés dans le cadre de l’ajustement de la stratégie de recherche en cancérologie du groupe.
Lire : Sanofi va supprimer plus de 300 emplois en Val-de-Marne
Ce mercredi 16 octobre, des Sanofi ont accompagné le sénateur PCF du Val-de-Marne, Pascal Savoldelli, au palais du Luxembourg pour le voir plaider leur cause. Trois élus, Anne-Sophie Romagny (Union centriste), Corinne Féret (La Convention) et Pascal Svoldelli (PCF) sont montés au créneau lors de la séance des questions au gouvernement pour s’inquiéter de la vente de ce producteur de paracétamol à un fonds américain. Les élus ont notamment insisté sur les risques de pénurie de médicament, et les conséquences en termes de pertes d’emploi local.
Voir le compte-rendu de cette séance.
“Notre stratégie industrielle est de produire en France des médicaments utiles et indispensables à nos concitoyens ; deuxièmement, l’approvisionnement est aussi une question de sécurité sanitaire. Je me suis rendu sur le site de Lisieux avec Marc Ferracci, mais je pense aussi aux salariés du site de Compiègne. Je ne suis pas optimiste, mais déterminé à obtenir des garanties extrêmement fermes.”, a réagi le ministre de l’Économie, Antoine Armand.
Opella a produit jusqu’à 450 millions de boîtes de Doliprane en 2023 pour le marché français et 20 millions d’euros sont actuellement investis sur le site de Lisieux pour augmenter la production de 140 millions de boîtes par an à partir de 2026.
Doliprane est vendu à 97% en France, pays qui ne représente qu’environ 10% des ventes d’Opella et son deuxième marché derrière les États-Unis. Outre le Doliprane, Opella commercialise aussi les marques Dulcolax, Lysopaïne, Maalox ou Novanuit en France.
La présidente de Sanofi France, Audrey Duval, a garanti jeudi sur RTL la “pérennité” des emplois, des sites de production et du Doliprane. Interrogée sur les craintes des syndicats concernant la cession pressentie de cette entité de produits grand public sans ordonnance, qui commercialise une centaine de marques dont le Doliprane, au fonds d’investissement américain CD&R, elle a dit “comprendre les inquiétudes”.
Dans cette possible transaction, dont les contours sont encore en phase de discussion, “Sanofi va rester actionnaire à 50%”, ce qui lui confère un”droit de veto sur des décisions extrêmement stratégiques du groupe, comme le Doliprane”, a souligné Mme Duval. Et d’insister sur le fait que le siège d’Opella, son équipe de direction et ses employés sur ses sites français “resteront en France”.
Le gouvernement a demandé cette semaine des gages aux parties prenantes en matière de maintien de l’emploi, de l’empreinte industrielle et de la localisation du siège en France.
“Notre objectif n’est pas de bloquer la vente, c’est d’arriver par le dialogue à obtenir des engagements écrits. Et si on n’arrive pas à obtenir des engagements écrits, on ne s’interdit pas d’utiliser tous les autres leviers”, a répété Maud Bregeon, la porte-parole du gouvernement, sur Sud Radio.
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