94 Unit’aide, Maison Gérard Leduc, 94ᵉ rue ou encore Yassine Adli : plusieurs associations se sont créées par des jeunes à Villejuif ces dernières années, pour aider les plus démunis à l’échelle de leur quartier ou au-delà de leur ville. Au programme : maraudes de distribution alimentaire, brocantes, cours particuliers… Rencontre.
“Je ne voulais pas créer une association qui fait seulement des maraudes…”
En ce printemps, rires et éclats de voix fusent d’une des salles de l’IUT de Vitry-sur-Seine. À l’intérieur, des jeunes de 94’ Unit’Aide, tous en gilet orange, s’affairent à trier les denrées alimentaires et les produits d’hygiène ramassés lors des six dernières récoltes de dons organisées par l’association. Après les maraudes, la friperie solidaire et les visites en hébergement d’urgence, 94 Unit’Aide organise une distribution à l’attention des étudiants de l’UPEC.
“Au départ, je faisais beaucoup de maraudes avec mes amis. Comme j’étais assez impliquée, mes amis m’ont incité à ouvrir mon association, mais honnêtement, je ne voulais pas. Finalement, il y a eu un déclic car on s’est rendu compte que c’était interdit par la loi de faire des maraudes sans encadrement par une association. Dans les faits, personne n’allait nous embêter pour ça, mais c’est toujours mieux de faire les choses légalement. Alors, on a fini par la créer“, raconte Aïcha, 20 ans, fondatrice de l’association. “Je ne voulais pas créer une association qui fait seulement des maraudes”, insiste néanmoins la Villejuifoise.
94ᵉ rue : l’association qui a montré la voie
Parmi les pionnières de ces associations jeunes et engagées, 94ᵉ rue a pour sa part été créée dès 2013 par un groupe d’amis. Elle compte aujourd’hui plus de 130 adhérents. “Avec le trafic de drogue et tout ce qu’il engendre, il y avait de plus en plus de personnes qui faisaient un lien entre le trafic et les personnes de banlieues. Alors, on a décidé de créer une association pour montrer que la banlieue, ce n’est pas juste la drogue et la violence. À cette époque, on avait la vingtaine environ“, se souvient Silly Diako, l’un des fondateurs du groupe. Onze ans après, l’association est toujours debout, et a a étendu son action à l’échelle locale mais aussi internationale : “On fait de l’aide aux devoirs, des collectes et des distributions alimentaires, des repas solidaires et des soirées jeux ou débats sur des sujets d’actualité”, détaille Silly Diako. “Nous nous associons par ailleurs à des associations de Villejjuif, et aussi du 93, pour mener des projets à l’international. En ce moment, on travaille sur la construction d’un centre d’accueil pour les enfants en difficulté aux Comores, c’est le projet “Matofali”, poursuit le cofondateur.
Maison Gérard Leduc : l’association du quartier Paul Eluard
Maison Gérard Leduc, elle, s’est créée en 2022. Elle compte désormais une dizaine de bénévoles allant de 23 à 45 ans. “Le quartier était laissé à l’abandon. Des élus sont passés pour constater et on les a interpellés pour leur dire de faire quelque chose. Ils nous ont répondu que, nous aussi, en tant qu’habitants du quartier Paul Éluard, on pouvait agir. Alors, on a décidé de faire une association pour aider les jeunes“, explique Bakary Kanté, l’un des architectes du collectif. Les actions de l’association sont diverses : réalisation d’une fresque, cours d’initiation à la boxe, sorties bowling, distributions alimentaires à destinations des résidents du quartier ou encore partenariat avec les services jeunesse de la ville pour envoyer trois adolescents au ski. Chaque mois, l’association organise des évènements caritatifs.
“Le quartier, c’est aussi l’entraide. En général, tout le monde connait tout le monde, donc on ne peut pas faire semblant de ne pas savoir la situation de quelqu’un ou d’une famille. On doit faire tout ce qu’on peut pour les aider”, défend le cofondateur de l’association.
Projets communs et regroupement d’associations
À l’occasion, les jeunes collectifs engagés de Villejuif se regroupent le temps d’un événement en commun, parfois en partenariat avec la ville. Une manière d’étendre leur champ d’action et de se faire connaître. Ce fut le cas, par exemple, lors de la Nuit de la solidarité métropolitaine, à laquelle participait la ville, pour recenser les personnes sans abri. De nombreuses associations locales ou antennes locales de grosses associations comme la Croix Rouge ou le Secours populaire étaient au rendez-vous. Ce fut aussi le cas lors de la mobilisation aux côtés des parents d’élèves pour soutenir une mère et son fils sans domicile.
“C’est bien de voir tous ces collectifs. Maintenant, on espère que ça va inspirer les plus jeunes pour qu’ils prennent la relève ! espère Silly Diako. Le but, c’est détendre l’action au-delà de Villejuif.”
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