L’ancien maire de Villejuif, Franck Le Bohellec, la société Demathieu Bard Immobilier et cinq autres prévenus seront finalement jugés le 11 décembre pour l’attribution du marché de la halle des sports Colette Besson. Le procès a été renvoyé ce matin.
Inaugurée à la rentrée 2021, la Halle des sports comprend un gymnase, une salle de musculation, des vestiaires et des bureaux. Elle a coûté 18 millions d’euros, mais la ville a compensé cette dépense par la vente de ce terrain au promoteur Demathieu Bard Immobilier qui a construit 159 logements sur une partie de la parcelle.
En 2015, Nathalie Gandais était alors première adjointe à l’urbanisme et aux travaux. “Le directeur général adjoint m’avait présenté ce projet avec un architecte et un promoteur désigné. Devant la taille du projet, j’ai insisté pour qu’un appel d’offre soit lancé“, explique-t-elle. Un challenger est alors sélectionné face à Demathieu Bard. “Ces derniers étaient moins disant sur l’aspect technique et financier, puis, au fur et à mesure, ils se sont alignés, comme si quelqu’un les informait des propositions du concurrent“. L’adjointe a alors signalé ses soupçons de favoritisme au procureur de la République de Créteil. À l’époque, l’épisode avait hâté l’explosion de la majorité plurielle de Franck Le Bohellec et des années de crise politique municipale.
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Enquête de la brigade de répression de la délinquance économique
Le parquet a instruit l’affaire et l’a confiée à la brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), une division de la police judiciaire parisienne, qui a épluché la procédure de mise en concurrence et le marché public, recueilli des témoignages et procédé à des perquisitions chez Demathieu et Bard.
Ces investigations ont convaincu le parquet de Créteil de citer à comparaître six personnes et le promoteur ce jeudi 16 mai devant le tribunal correctionnel : Franck Le Bohellec, ancien maire, son adjoint aux sports, Michel Monin, l’ex-directeur général adjoint de la ville ainsi que l’architecte de la halle et deux membres de la direction du promoteur. Demathieu Bard est soupçonné d’avoir versé de l’argent pour être favorisé dans l’attribution du marché. En droit, ces infractions sont qualifiées de trafic d’influence et des atteintes à la liberté d’accès et à l’égalité des candidats d’un marché public.
Franck Le Bohellec serein et entouré
Cités à comparaître le mois dernier, la plupart des avocats ont réclamé le renvoi du procès pour mieux préparer leur défense. Franck Le Bohellec en revanche, aurait souhaité être jugé aujourd’hui. L’ancien maire était accompagné par une petite dizaine de soutiens dont d’anciens adjoints. Il est apparu serein. “Si le parquet avait ouvert une information judiciaire, un juge d’instruction se serait rendu compte qu’il n’y avait pas matière à renvoyer M.Le Bohellec devant ce tribunal. Or, le parquet a cru pouvoir mener l’enquête tout seul, du début à la fin. Pendant huit ans, les avocats n’ont pas pu intervenir, il n’y a pas eu de contradictoire“, insiste Philippe Bluteau, l’avocat de l’ancien maire.
Le président de la neuvième chambre a accepté de renvoyer le procès au 11 décembre et a décidé de réserver deux journées d’audience compte tenu du nombre de prévenus.
“Ce n’est pas par sérénité qu’il comptait être jugé aujourd’hui mais parce que les élections approchent et qu’un procès en décembre ne l’arrangerait pas“, considère Alain Lipietz, élu écologiste de Villejuif présent ce jeudi à l’audience, qui prête à Franck Le Bohellec de nouvelles ambitions politiques. L’ancien maire avait annoncé son retrait de la vie politique au soir de sa défaite aux élections municipales de 2020 pour revenir au conseil municipal comme élu d’opposition cinq mois après. Il avait finalement démissionné en janvier 2022 pour se consacrer à son activité professionnelle sans tirer de trait final sur son engagement politique.
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