Justice | | 29/04
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Villejuif : le chauffard qui a tué le jeune Zinedine a été condamné à sept ans de prison

Villejuif : le chauffard qui a tué le jeune Zinedine  a été condamné à sept ans de prison © Fb

Presque deux ans après la mort de Zinedine, 15 ans, percuté à vélo sur une piste cyclable, le chauffard a été condamné à sept ans de prison ce vendredi 26 avril, au terme d’un procès chargé en émotion. Récit.

Inconsolables, la famille et les amis de Zinedine se sont déplacés en nombre ce vendredi après-midi pour assister au procès. Durant toute l’audience, un ami du défunt a brandi une photo du jeune de 15 ans. “Nous sommes détruits de l’intérieur. Nous étions une fratrie soudée à nos parents. Maintenant, nous ne savons plus comment vivre quand il manque une assiette à table, une place dans la voiture”, a témoigné sa grande sœur devant le tribunal, peinant à retenir ses larmes. “Il devait passer son bac cette année (…) Ce que je retiens, c’est que son nom figure sur son acte de décès et non sur son acte de mariage”. Le grand-frère a pour sa part demandé une peine exemplaire. “Je ne souhaite à personne la tristesse que l’on ressent depuis que mon petit frère est parti. Il ne faut plus que ça se reproduise”. Trois conseillers municipaux de Villejuif ont assisté à la séance aux côtés de la famille.

Lire : Émotion et colère à la marche blanche pour Zizou

À 133 km/h sur la piste cyclable

Le procès a démarré par un long déroulé des faits. A.O. 22 ans, manutentionnaire et animateur sportif le week-end, purgeait alors une peine aménagée au quartier de semi-liberté de Villejuif pour trafic de stupéfiant. Le soir de l’accident, le jeune homme s’est retrouvé au volant d’un Audi RS3, une grosse cylindrée qu’une connaissance lui a confié. Mission : faire le plein du véhicule. Amateur de rodéo urbain, A. a alors testé la puissance de la berline sur l’avenue Stalingrad à Villejuif. Il a grillé des feux rouges et doublé une Opel Corsa par la droite en empiétant une piste cyclable. La boîte noire du véhicule relèvera une vitesse de 133 km/heure…

Zinedine, qui circulait sur la piste à vélo, est percuté par l’arrière. Le conducteur, a jeun, mais choqué, assure avoir levé le pied, mais il était encore à plus de 100 km/h au moment de l’impact. Le vélo s’est brisé en deux. Le pare-brise de la voiture a été enfoncé. “Zizou” a été percuté puis traîné sur plusieurs dizaines de mettre. Polytraumatisé, il a fait un arrêt cardio-respiratoire et est mort après quelques minutes d’agonie.

Pendant sa garde à vue et l’instruction, A. a minimisé sa responsabilité, assurant qu’il roulait à 50 km/h, blâmant les zigzags du cycliste. À l’audience, il a partagé des remords, mais a de nouveau impliqué la victime. “C’est un excès de folie. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je suis en train de rouler et au dernier moment, il s’est déporté sur ma voie. Cette image, elle est gravée à vie dans ma tête”. À deux reprises, le président va demander à A. de regarder les proches de la victime. La première fois, il lance un regard évasif vers le fond de la salle. La seconde fois, il s’attarde de longues secondes sur les proches du premier rang, sans montrer d’émotion.

Contrôle judiciaire révoqué

Après l’accident, A. va passer quatre mois en détention provisoire puis passe sous contrôle judiciaire mi-novembre 2022. Interdit de paraître en Val-de-Marne, il a établi sa résidence à Rennes et devait pointer tous les jours dans un commissariat. Interdit de circuler en voiture, il est de nouveau interpellé au volant d’un véhicule en novembre 2023. Son contrôle judiciaire est alors révoqué et il retourne en prison jusqu’à ce procès.

Homicide routier

Michaël Doulikian, l’avocat de la famille de Zinedine aurait voulu plaider l’homicide routier, mais, ce délit, voté à l’Assemblée nationale au début de l’année, n’est pas encore entrée en vigueur. Il a cependant réclamé une peine lourde. “Ils attendent une réponse ferme d’une main judiciaire qui ne tremblera pas lorsqu’il s’agira de le requérir et de le sanctionner. Comment voulez-vous faire confiance à un prévenu intolérant à la frustration, incapable de respecter son contrôle judiciaire, incapable de respecter le deuil d’une famille ?”. 

Pas de volonté de fuir

En récidive légale, le prévenu risquait la peine de cinq ans de prison doublée. Le parquet a requis six ans de prison ferme assorti d’une interdiction de passer le permis de conduire pendant cinq ans. “Je ne doute pas que M.O. sera marqué à vie et qu’il soit touché par la mort d’un enfant, mais je constate qu’il a été lâche face à une famille qui attendait des réponses. Pourquoi a-t-il eu ce comportement-là ? Il n’y a pas eu de réponse. Ils devront se reconstruire autrement”.

L’avocat de A., Paul Louveau, a tenté d’atténuer les réquisitions de la procureure en pointant la proximité des témoins avec la victime ou des interprétations à charge. Il a plus particulièrement contesté les témoignages attestant d’une volonté du prévenu de fuir la scène du délit. “On vous justifie une réquisition de six ans en le faisant passer pour un malade mental qui a voulu éclater un gamin et partir ? Ce n’est pas vrai. Il n’a pas fui. Il était en état de choc”

Au terme du délibéré, le tribunal a été au-delà des réquisitions du parquet en condamnant A.O. à une peine de sept en de prison ferme avec mandat de dépôt. Son permis de conduire a été annulé et il n’est pas autorisé à le repasser pendant cinq ans.

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