Société | | 08/03
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Villeneuve-Saint-Georges : choqués par l’incendie de leur HLM, des résidents en quête de réponses

Villeneuve-Saint-Georges : choqués par l’incendie de leur HLM, des résidents en quête de réponses © Kevin Nengue

Depuis une semaine, les locataires de la résidence I3F du Triage à Villeneuve-Saint-Georges subissent les conséquences désastreuses d’un violent incendie. Le bailleur social assure agir de son mieux mais la colère des habitants ne retombe pas.

Mercredi 28 février, en début de soirée, un incendie s’est déclaré dans le parking en rez-de-chaussé de la résidence I3F du Triage. Le feu a dévoré 17 voitures avant que les pompiers ne parviennent à éteindre le brasier. Les habitants, beaucoup de familles nombreuses, ont évacué leurs appartements après avoir été prévenus par des riverains. “Heureusement que le voisinage a prévenu parce qu’il n’y a pas eu d’alarme. Nous avons voulu utiliser des extincteurs pour tenter d’éteindre le feu, mais ils étaient vides“, retient Walid Cherif, un habitant endossant le rôle de porte-parole.

Le bailleur indique que son prestataire pour la sécurité incendie a contrôlé les extincteurs fin 2023. Il reconnaît l’absence de signal d’alarme à incendie dans les parties communes, mais signale la présence de trappes de désenfumage ainsi que des détecteurs de fumées dans les appartements. “Il n’y a pas de sirène incendie, car les pompiers sont maîtres de l’évacuation. La règle, c’est de rester chez soi en attendant qu’ils interviennent“, précise Pierre Blanchard, directeur territorial de l’agence ouest du Val-de-Marne d’Immobilière 3F. Le responsable estime par ailleurs que le bâti neuf a joué un rôle déterminant dans la protection des logements. “Le feu a été circonscrit au parking. Les flammes et fumées ont noirci la façade, ont fait fondre des volets. Il y a eu quelques dépôts de suie, mais il n’y a pas de dégâts dans les logements. La dalle a résisté à des températures extrêmes atteignant les 1 200° nous ont dit les pompiers“.

Une première nuit traumatisante

Vers 1 heure du matin, un officier de police judiciaire et un officier des sapeurs-pompiers ont autorisé les habitants à rentrer dans leur logement. Mais, les émanations et les matériaux calcinés ont rendu le retour impossible pour des dizaines de résidents. “Il faisait froid. Il y avait des mamans qui pleuraient, des petites filles en t-shirt par 6°. J’ai demandé au maire d’envoyer sa police municipale acheter des packs d’eau mais il a refusé. Il n’y avait pas d’association. Tout le monde s’est dédouané“, témoigne Walid Cherif.

Les familles vivant dans les appartements situés au-dessus du parking où les voitures ont brûlé ne pouvaient pas supporter l’odeur. Nous avons appelé 11 hôtels et aucun ne nous a répondu, j’ai décidé d’ouvrir la salle des fêtes du Triage où il y a un point d’eau et des sanitaires. Cela a permis à une grosse vingtaine de personnes de passer la nuit à l’abri“, explique pour sa part le maire DVD Philippe Gaudin.

De son côté, I3F était présent le soir même avec deux gardiens et la responsable de secteur. “En échangeant avec les familles, nous pouvions ressentir de la détresse et un grand traumatisme. Ils ont eu extrêmement peur. Nous avons répondu à leurs questions. Au vu de la situation, nous avons demandé à l’hôpital Mondor d’ouvrir une cellule psychologique, ce qu’ils ont fait le 4 mars“, résume Isabelle Moreau, responsable habitat à l’agence ouest 94 d’I3F.

La destruction des évacuations d’eaux usées

Le bilan matériel de l’incendie s’est précisé avec l’arrivée des professionnels mandatés par le bailleur social. “L’ensemble des réseaux en dalle ont été fortement impacté avec des dégradations du système électrique. Pour deux bâtiments d’une cinquantaine de logements, l’eau chaude et le chauffage vont être rétablis dans les prochaines heures. Un relogement n’est donc pas nécessaire. Une trentaine de logements ne sont en revanche toujours pas habitables parce que les évacuations d’eaux usées ont fondu sous l’effet de la chaleur. Il faudra trois à quatre semaines pour les réparer“, poursuit Pierre Blanchard.

I3F a distribué des convecteurs électriques aux résidents et s’est engagé à payer la surconsommation d’électricité. Le bailleur a également assuré qu’il prendrait en charge l’hébergement. “Pour certaines familles, les sommes à avancer pour les nuits d’hôtels étaient importantes, de l’ordre du millier d’euros, d’autant que le bailleur nous a en plus prélevé nos loyers. Nous sommes allés au siège d’I3F à Alfortville pour mettre la pression sur le bailleur“, explique le porte-parole des locataires. Une démarche lors de laquelle ils ont reçu le soutien du député LFI Louis Boyard.

Le député avance les nuits d’hôtels et des frais

Ce mercredi, I3F a organisé une réunion d’information à la salle du Triage. Le directeur s’y est entretenu avec les familles pour proposer des solutions. “Il fallait trouver 27 logements à partir du T3 pour quelques semaines. Alors, nous avons mobilisé nos partenaires et notamment Valophis qui nous a aidé à identifier des logements à mettre à disposition via des conventions d’occupation temporaires“, détaille Pierre Blanchard. Le bailleur s’est par ailleurs engagé à rembourser et à neutraliser les loyers de mars.

Ces logements-tampon devraient être mis à disposition la semaine prochaine. En attendant, les locataires ont réclamé une avance de frais pour les nouvelles nuits. Mais le responsable d’I3F ne disposait pas de moyens de paiement immédiat. “La situation s’enlisait, le ton montait, alors le député Louis Boyard a décidé d’avancer les frais des nuits, a commandé 70 pizzas, a acheté des couches. C’est une situation scandaleuse. De nombreuses familles sont restées sur le carreau faute d’action du maire“, estime Ismaël El Hajri, le collaborateur du député insoumis. Le maire, Philippe Gaudin, explique au contraire avoir fait de son mieux. “Il m’a téléphoné jeudi soir pour me demander si je ne pouvais pas faire un geste. Je lui ai expliqué que, faute de délégation de pouvoir, cela m’était impossible“. I3F s’est engagé à rembourser les frais avancés par le député.

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