Vétusté des locaux, manque de matériel, couacs à répétition… des parents d’élèves de Villeneuve-Saint-Georges sont venus interpeller le conseil municipal ce jeudi, deux semaines après une initiative similaire des directeurs d’école. Le conseil municipal, lui, n’a pu se tenir, faute de quorum.
La coupe est pleine pour des dizaines de parents d’élèves scolarisés dans les écoles de Villeneuve-Saint-Georges. Réunis sur un groupe WhatsApp, ils ont décidé de prendre les élus du conseil municipal à témoin ce jeudi, avant le conseil municipal.
“En septembre, nous avions tout le consommable puis les stocks ont été écoulés. Les Atsem devaient apporter de la lessive ou du papier toilette de chez eux”, raconte une mère dont l’enfant est scolarisé à l’école maternelle Berthelot. L’état du bâtiment inquiète aussi. “Vous posez la main sur les murs, ils sont trempés. Nos petits se font dessus parce qu’il n’y a qu’un sanitaire sur cinq qui marche et qu’ils ne peuvent pas tenir très longtemps”, poursuit-elle.
“Nous soulevons les problèmes en conseil d’école, mais, les élus, quand ils sont présents, ne font pas le travail de communication. C’est pour ça que rien n’est jamais réglé. Il n’y a pas de suivi”, estime Rahma Fellah, à l’initiative du groupe WhatsApp, mère d’élève à l’école maternelle Condorcet A. “Nous sommes en train de recenser tous les problèmes, avec des photos, pour transmettre le dossier à la mairie et qu’ils ne puissent plus nous dire qu’ils ne sont pas au courant”.
Parmi les manifestants se trouve Rajae El Mernissi dont le fils, scolarisé à l’école maternelle Anatole France, a été hospitalisé à deux reprises pour des crises d’asthme causées par des allergies aux moisissures. “Ils ont fait des travaux pour assainir les locaux (toitures et dortoir) mais je demandais une expertise totale du bâtiment. Une entreprise a été mandatée par la mairie, mais elle ne paraît pas sérieuse”,juge la mère, qui attend la communication d’un rapport de l’Agence régionale de santé.
La ville liste les actions à mener
C’est dans cette ambiance que le maire DVD, Philippe Gaudin, est arrivé ce jeudi, pour tenir le conseil municipal. “Nous ne sommes pas responsables de l’état dans lequel se trouvent les écoles de la ville. Il résulte d’un manque d’investissement pendant de nombreuses années”, réagit l’édile, face aux mères en colère. “Mettez de l’argent pour financer des travaux”, rétorque une manifestante. “Nous mettons déjà 4 millions d’euros supplémentaires. Si vous voulez que je double, je devrais augmenter les impôts !”, prévient l’élu avant d’entrer dans la salle du conseil municipal.
Dans un courrier adressé aux parents d’élèves le jour même, Philippe Gaudin et son adjointe à l’éducation, Cindy Ladislas-Dalaize, estiment que le rapport de l’ARS sur le sujet des moisissures n’est pas alarmant et recommandent de mieux aérer les salles. Ils s’engagent en revanche à mener des actions correctrices. Ils promettent ainsi la mise aux normes des équipements de sécurité, la rénovation des bâtis, le renouvellement du matériel informatique ainsi que des créations ou des augmentations de dotations par élèves. “Dès lors que le budget 2024 sera voté“, prévient néanmoins le courrier adressé par les deux élus.
L’adjointe à l’éducation précise n’avoir eu qu’une communication tardive du rapport de l’ARS et demandé l’organisation d’une réunion de restitution auprès des familles.
Or, le vote du budget est loin d’être acquis. Ce jeudi, le conseil municipal devait débattre des orientations budgétaires avant une séance fixée au 15 avril pour le vote du budget primitif. Mai, seulement une douzaine d’élus était présent. Faute de quorum, Philippe Gaudin a reporté la séance du conseil à samedi.
Kristell Niasme, opposante LR, a dénoncé “l’irresponsabilité des élus” absents. Commentaire similaire du député insoumis Louis Boyard également présent. “Face à des parents qui viennent nous expliquer qu’ils n’ont même pas le minimum pour les enfants, les élus ne se sont même pas déplacés“. Birol Biyik (opposant EELV) a prévenu qu’il allait saisir la préfecture, considérant les délais de convocation trop courts. “Organiser un débat d’orientation budgétaire, puis un vote du budget pendant les vacances scolaires, était de toute façon une ruse du maire pour avoir un nombre restreint d’élus“, estime Eric Colson (opposant UDI). Au lendemain du conseil, le groupe Union des élus de la majorité, absent de la séance, nie avoir boycotté la séance. “La plupart d’entre nous sommes en vacances, en famille ou en activité. Tout ceci n’est qu’une piètre stratégie pour masquer l’incompétence qui règne, le manque d’anticipation et le peu de sérieux que le maire accorde aux finances de la ville“.
Mis à jour samedi 13 avril à 18:12 avec une précision sur l’implication de Cindy Ladislas-Dalaize au sujet du rapport de l’ARS
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