Déjà la troisième édition pour le festival littéraire “Vous êtes l’étincelle”, organisé à l’initiative de la librairie indépendante L’Etabli, “par et pour” les jeunes. Cette année, les adolescents se sont particulièrement impliqués dans la programmation, donnant le coup d’envoi du festival qui se tient jusqu’au 12 avril. Reportage.
“Ça suffit !” Ensemble, les élèves du club de lecture du collège Paul Langevin d’Alfortville interprètent la détermination de Rosa Parks, figure afro-américaine de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis, lorsqu’elle décide de ne pas céder sa place à une personne blanche dans le bus, en 1955. Un acte “héroïque”, sélectionné par Fiona, en troisième au collège Paul Langevin. “Tout le monde connaît Rosa Parks, mais c’est toujours intéressant de mettre en avant que c’est une héroïne”, défend-elle.
Pour cette troisième édition du festival de littérature ado, les collégiens ont choisi le thème héroïne et héros, et chacun a lu l’extrait d’une œuvre qu’il a choisi, lors du coup d’envoi de l’événement, le 1er avril. Fiona a choisi le livre de Florence Lamy “Rosa Parks, elle a dit non au racisme.”
Reda, lui, a mis en avant l’héroïne de la série littéraire jeunesse “Jeanne, la fille du Docteur Loiseau” de Carole Trebor. Laouratou, encore, a choisi un extrait de “Ecorce vive”, le tome III de la saga “Hypallage” de Sylvain Pattieu, dont l’un des personnages doit réagir à des agressions à caractère sexuel. “Je trouve ça puissant le fait qu’elle ose en parler, c’est un acte héroïque.”
Les jeunes au cœur de l’organisation
C’est lors des ateliers du club de lecture du collège que les élèves ont fait leur choix. “On a débattu ensemble de ce que c’était pour chacun un héros ou une héroïne, puis ils ont dû sélectionner un ouvrage qu’ils avaient lu au centre de documentation ou à la médiathèque. On a aiguillé sur quelques points, mais ça reste leur choix à 100%” explique la professeure documentaliste du collège, partie prenante du festival depuis la première édition.
Le club ado de la librairie l’Établi participe aussi pleinement à l’organisation du festival, de la création du thème à la modération des rencontres. “Le thème a été trouvé par une jeune fille du club l’année dernière. Les autres ont suivi et ont aidé dans la sélection des autrices et des auteurs choisis” explique Sylvaine Jéminet, gérante de la librairie de l’Établi et co-organisatrice de l’événement avec les médiathèques de la ville, la commune et l’intercommunalité. Les rencontres commencent dès ce samedi 5 avril jusqu’au samedi 12 avril, avec des tables rondes et conférences d’auteurs et autrices, mais aussi d’éditeurs.
Lucile, en quatrième, a participé au festival depuis sa création, et voit cette nouvelle édition comme une chance unique. “Les années précédentes, on s’occupait seulement d’interviewer les auteurs et les autrices, alors que cette année j’ai fait la communication dans mon collège en collant des affiches et en distribuant des programmes avec l’aide de mes professeurs. Je m’occupe également d’interviewer Chloé Wary, c’est une chance car j’ai lu toutes ses bandes dessinées et je l’apprécie vraiment”, s’enthousiasme l’ado. Elle qui n’a pas de club de lecture dans son collège trouve dans celui de la librairie une occasion de vivre des expériences uniques, entourée de collégiens et de lycéens qui partagent sa passion.

Au programme cette année : des ateliers croisés avec Chloé Wary, prix du public au festival d’Angoulême 2020 avec sa bande dessinée “Saison des roses” sur le football féminin et l’auteur Nicolas Michel, prix Utopiales 2024 pour son roman “Oxcean” autour d’un monde humano-maritime futuriste. Julia Thévenot, autrice Alfortvillaise, marraine de la précédente édition, participe de nouveau. “Le festival constitue une attraction locale importante pour les jeunes. La littérature jeunesse est politique par sa force créatrice et les messages qu’elle renvoie, alors que pour eux c’est du loisir“, constate-t-elle. Une littérature qui se fait aussi miroir de l’émancipation des femmes, apprécie pour sa part Sylvaine Jeminet. “Depuis plusieurs années, la littérature jeunesse est davantage portée par des héroïnes que par des héros. Les auteurs s’adaptent au public davantage féminin, certes, mais cela permet aussi de donner plus de représentativité pour les jeunes filles”, développe la libraire, rappelant que le nom du festival est issu du roman jeunesse de Vincent Vilminot “Nous sommes l’Etincelle“, une façon de “dire aux jeunes que ce sont eux qui pétillent, qu’ils sont au centre de tout ce festival.”
Programme ci-dessous

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