Incendie | | 12/05
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À Aubervilliers, un exercice incendie inédit pour mieux préparer locataires et agents

À Aubervilliers, un exercice incendie inédit pour mieux préparer locataires et agents © CH

Pour faire face aux incendies, la préparation n’est pas seulement l’affaire des pompiers. C’est ce qu’a voulu démontrer l’Office public de l’habitat (OPH) d’Aubervilliers en impliquant des locataires volontaires à un exercice incendie inédit conduit par la Brigade de Sapeurs Pompiers de Paris (BSPP). En 2024, le bailleur avait été durement marqué par trois incendies dont un dans un logement.

C’est dans les conditions les plus proches du réel que l’on s’exerce le mieux“, résume l’officier responsable des opérations à la 26ème compagnie de la Brigade de Sapeurs Pompiers de Paris (BSPP) basée à Saint-Denis. Pour la première fois, l’OPH d’Aubervilliers a ouvert ses portes pour conduire un exercice incendie d’ampleur, le 11 avril dernier. Pas n’importe où… Avec sa silhouette imposante en escalier, haut de 17 étages, le “bateau” comme le surnomme certains, est l’un des plus vastes HLM d’Aubervilliers. Situé au 62 avenue de la République, il compte pas moins de 360 logements.

Tout l’enjeu pour nous est de sensibiliser nos locataires aux bons gestes. Il est aussi de rassurer

Si les pompiers sollicitent régulièrement des sites extérieurs comme des entreprises ou des entrepôts, les simulations en milieu habité sont plus rares. Surtout avec des habitants qui se prêtent au jeu. “Je pense que c’est intéressant de participer, parce que j’ai vécu ici même un incendie, il y a quelques années“, explique Samira. Un trou aux contours noircis par l’incendie qui a ravagé un appartement au 9ème étage en 2017, heureusement sans causer de mort, est d’ailleurs encore visible de l’extérieur. Comme elle, Naïma, habitante du 10ème étage, Michel du 14ème ou “Coco” du 4ème, se sont portés volontaires pour participer à l’exercice incendie.

Nous avons identifié ce site avec les pompiers parce que c’est immeuble de grande taille, assez complexe dans sa conception, avec des appartements en souplex. Tout l’enjeu pour nous est de sensibiliser nos locataires aux bons gestes. Il est aussi de rassurer parce qu’il subsiste de l’angoisse laissée par l’incendie. Il y a aussi des apriori sur la sécurité des équipements. Pour nous, c’est donc l’occasion de tester nos dispositifs. Nos agents doivent aussi être prêts à prendre les bonnes décisions“, explique Jean-Baptiste Paturêt, le directeur général de l’OPH d’Aubervilliers.

Au 14ème étage. Michel s’inquiète par exemple de l’absence d’escalier pour évacuer, de la condamnation de l’accès aux terrasses et de l’absence d’accès pour un camion-échelle sur le parvis. Le bailleur, qui gère un parc de plus de 8 000 logements, est d’ailleurs confronté à de nombreux actes de vandalisme comme le vol de bouchons, qui sont en laitons, sur les prises de colonnes sèches. Autre sujet d’inquiétude : les squats dont Jean-Baptiste Paturêt assure qu’ils sont en diminution grâce l’instauration de rondes quotidiennes par les gardiens.

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30 à 40 pompiers mobilisés pour l’exercice incendie à Aubervilliers

En situation réelle, un incendie de cette ampleur aurait nécessité l’intervention de 150 à 200 pompiers

Bien que fictive, l’intervention a mobilisé des moyens en nombre : trente à quarante pompiers ont été déployés ainsi que quatre engins dont deux à pompes et un camion-échelle, le tout coordonné à partir d’un véhicule de commandement renforcé par un dessinateur opérationnel. “En situation réelle, un incendie de cette ampleur aurait nécessité l’intervention de 150 à 200 pompiers et d’une quarantaine d’engins“, signale l’officier responsable du commandement des opérations.

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Un dessinateur opérationnel déployé pour coordonner les opérations.

Dans le scénario retenu, un feu se déclare au 8ème étage dans un appartement squatté. Durant l’exercice, les locataires volontaires ont été invités à jouer les “victimes”. Il leur a surtout fallu être patients avant de sentir les odeurs de fumée se répandre dans les couloirs, et de simuler des malaises et appels au secours. Dans l’ascenseur, deux jeunes filles prennent peur malgré la large communication faite par l’OPH par affichage, boitage et porte-à-porte. Un locataire du 8ème étage se plaindra aussi de ne pas avoir été prévenu et de ne pas avoir pu sortir de chez lui pour aller travailler à cause de la (fausse) fumée.

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Les secouristes de la protection civile d’Aubervilliers accueillent les %22victimes%22 volontaires de l’exercice incendie.

Tout est perfectible

Comme dans un véritable incendie, les “victimes” ont été conduites dans un poste médical avancé installé à la résidence étudiante et pour les jeunes actifs Arpej Carmen Caron, où elles ont été prises en charge par les personnels de la protection civile d’Aubervilliers. Quatre urgences absolues et 15 urgences relatives avec deux enfants seront établies, pour les besoins du scénario.

J’avais le temps donc je suis contente d’avoir pu aider“, se réjouit Samira. “C’est bien, on a vu les pompiers à l’œuvre, mais je suis quand un même un peu déçu parce que je pensais qu’on participerait un peu plus”, soupire Michel. “Nous allons tirer les enseignements de cette expérience, note Jean-Baptiste Paturêt. Tout est perfectible.”

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