À Bagnolet, le désespoir des forains après l’incendie du marché à la ferraille

Une dizaine de forains étaient réunis ce mercredi matin aux abords du marché à la ferraille. La veille, un incendie s’est déclaré à 4h00 du matin sur le site de 1000 mètres carrés qui accueillait depuis six ans le marché à la ferraille de Bagnolet. “On a tout perdu, il ne reste plus rien“, se désole Iliès, les traits marqués après une nuit sans sommeil. “C’est le gardien qui nous a appelé. Quand on est arrivés vers 5 heures du matin, on a vu les pompiers et le désastre“, relate-t-il.

“Maintenant, tout a brûlé. On est à la rue“

Pour les 42 forains qui travaillent sur ce marché, le coup est dur. “L’année dernière, la mairie nous a annoncé qu’on devait partir. On ne s’est pas laissés faire. C’est toute notre vie. Il y a beaucoup de gens qui viennent ici pour acheter des objets pas cher. Au lieu d’aller dans un magasin, vous pouviez trouver un frigo à 100 euros. Il y a aussi des professionnels qui se fournissaient ici. Maintenant, tout a brûlé. On est à la rue“, témoigne Retimi.

Du coworking et une résidence étudiante

De l’entrée du terrain, on aperçoit les restes des stands et de marchandises calcinés. “Ça fait 30 ans que je viens souvent chiner des objets. Déjà, le marché a été déplacé. Il y avait plus d’espace quand il était aux abords du périphérique. Après, la mairie a annoncé sa fermeture, mais pour faire quoi ? Encore de grands immeubles“, déplore Patrick, un habitué qui vit à la porte de Bagnolet.

La municipalité avait, en effet, déplacé la brocante en 2018, d’un emplacement situé plus bas, dans la continuité des puces de Montreuil. Lors d’un conseil municipal en décembre 2023, elle avait acté sa fermeture, mettant en avant son caractère temporaire, les nuisances qu’elle occasionnait, et la volonté de transformer l’avenue Gallieni. En septembre dernier, elle a présenté en réunion publique le projet immobilier qui doit y voir le jour, porté par le promoteur Care comprenant un espace de coworking et une résidence étudiante.

“Qu’est ce que je vais faire pour continuer à payer le loyer? On a tous des familles à nourrir

Après avoir perdu toute leur marchandise, les forains n’ont toujours aucune alternative d’implantation. “Avant j’étais mécanicien et soudeur. Je suis arrivé ici en 2002. Je réparais des vélos, parfois gratuitement, pour dépanner des gens qui n’ont pas d’argent. J’ai 68 ans, je n’ai pas retraite, il me reste 42 euros sur le compte. Qu’est ce que je vais faire pour continuer à payer le loyer? On a tous des familles à nourrir“, s’inquiète Ahmed.