Opération “on met du bleu dans la rue” ce mardi à Choisy-le-Roi. Préfet, procureur et aréopage de policiers ont déambulé, de la dalle vers la Cité Barbusse, à l’occasion d’une visite de terrain ouverte à la presse, alors que la circonscription de police de Choisy (qui rayonne sur 4 villes) est passée “de 7 à 1 point de deal”, selon la police. Au-delà de l’exercice démonstratif, l’occasion de montrer la difficulté de changer durablement la donne.
“Insécuriser” les dealers, mais, aussi, les marchands de cigarettes à la sauvette, de médicaments sous le manteau, les squatteurs de halls d’immeuble ou encore les adeptes du rodéo en moto, tel est l’objectif des patrouilles de police organisées par le commissariat de Choisy-le-Roi (circonscription qui couvre aussi Orly, Villeneuve-le-Roi et Ablon-sur-Seine) depuis plusieurs années, en lien avec la police municipale de Choisy qui compte 25 agents. Autant d’irritants, en effet, pour les habitants. “Ici, avant, il y avait une vingtaine de personnes qui venaient de toute la région pour boire le soir, jusqu’à 2 heures du matin”, témoigne Emmanuel Vaillant, à la tête du commissariat, en montrant un espace de repos dans la galerie marchande, animé d’un décor en trompe-l’œil décrépi. “L’idée, en luttant contre les trafics et l’économie souterraine, est d’éviter le plus possible que ne viennent se fixer des populations acheteuses, consommatrices, polytoxicomanes, qui viendraient encore plus déprécier ce qu’il est déjà un peu”, résume-t-il.
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“L’objectif est d’être très présent sur ces formes de délinquance qui sont très visibles et suscitent le plus d’incompréhension ou de colère de la part de nos concitoyens”, motive le préfet, Étienne Stoskopf.
Reconstruire en essayant d’éviter de reproduire l’existant
Construite dans les années 1960, la galerie Rouget De Lisle qui vivote au sous-sol des tours, n’a plus que quelques commerces ouverts et manque cruellement d’attractivité, mais c’est un passage obligé des habitants pour rejoindre l’entrée de leur tour. Sa déconstruction pour développer le commerce en connexion avec le centre-ville est bien à l’agenda, mais il faut d’abord financer. “Il y en a pour 30 millions d’euros”, chiffre le maire, Tonino Panetta (SE), joint au téléphone, tout en rappelant que 800 000 euros ont déjà été investis pour étanchéifier la dalle, avant une prochaine phase de végétalisation. Des projets sont en réflexion, avec des partenaires. “Nous travaillons aussi sur la prévention et la médiation, avec six médiateurs et de la prévention civique dans les écoles. Nous marchons sur nos deux jambes”, insiste le maire. “Sans compter nos 9 ASVP (Agents de surveillance de la voie publique) et notre brigade verte de 3 personnes.”
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Concernant la refonte urbaine, encore faudra-t-il faire en sorte de ne pas reproduire les causes produisant les mêmes effets. “Si on décide de démolir un bâtiment, il faut le recréer en pensant à la sécurité pour éviter que les phénomènes ne se reproduisent au même endroit ou ne se déportent à côté. On essaie donc au maximum d’anticiper aux côtés des municipalités. Faut-il installer un banc à cet endroit ? Ouvrir des toilettes publiques ou pas ? Fermer les parcs la nuit ou pas ? Faut-il demander à la municipalité de faire des arrêtés d’interdiction de consommation d’alcool ou de vente d’alcool le soir ? Tout cela est fondamental, tout comme le travail préparatoire d’installations de caméras, qui se fait au mètre près”, détaille le commissaire. Des caméras, il y en a déjà 95 à Choisy, chiffre le maire, et 15 seront installées en 2025. Des caméras parfois juchées sur des plots de béton de plusieurs mètres de haut, pour éviter les dégradations.
Garder les commerces
Dans la rue Anatole France, qui relie la dalle à la Cité Barbusse, en passant par le marché, les auteurs de petits trafics se sont vite dissipés à l’approche des uniformes, mais un petit groupe visiblement connu de la maréchaussée continue de discuter tranquillement. Ici, l’enjeu est de faire place nette pour garder les commerces comme l’antique boucherie Buffard ou l’agence bancaire, tout en demandant à certains bars de veiller à ce que leur clientèle ne fasse pas trop ses affaires en terrasse. “Chacun doit faire respecter l’ordre chez soi”, enjoint le commissaire, indiquant que ce morceau de rue concentre aujourd’hui une bonne partie de l’action policière. C’est là que se déroulent notamment les ventes de cigarettes à la sauvette ou de médicaments comme le Rivotril et autres remontants permettant de “changer sa perception du monde”. Quelques instants avant le passage de la police, un dealer de cannabis vient d’être interpellé avec une dizaine de sachets.
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Après le marché, se profile la Cité Barbusse. Y reste “le” dernier point de deal de la ville, près du city stade. “Mais ce n’est plus le four où l’on voyait défiler les acheteurs, juste devant les fenêtres des habitants” Un lieu suffisamment “insécurisé” par la police pour que les opérateurs du trafic aient abandonné le stockage dans des appartements nourrice alentour, expliquent les agents. Désormais, ils stockent la drogue par dizaine de pochons dans des entrées de parking, et partent en livraison. Juste à côté, une placette pavée, la place de l’Église, avec l’office du tourisme et la cathédrale Saint-Louis Saint-Nicolas, connue pour faire carillonner la Marseillaise chaque midi.
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