Alors que les grandes crues francilienne transforment régulièrement Villeneuve-Saint-Georges en Venise improvisée, la renaturation des berges de la rivière Yerres, projet complexe initié en 2011, commence à se matérialiser. Une visite d’étape se tenait ce jeudi 22 mai. Point de situation et rappel du contexte.
Débuté en 2011, le projet s’est progressivement concrétisé au gré d’acquisitions de parcelles par la ville, ainsi que par la transformation de son plan d’urbanisme et s’est accéléré après les deux dernières grandes inondations. En 2016 puis 2018, le quartier situé à la confluence de l’Yerres et de la Seine, à la frontière avec le département de l’Essonne, avait été particulièrement touché.
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Située dans le quartier Belleplace-Blandin, au sud de la ville, cette renaturation des berges vise donc à créer une zone naturelle non constructible et à restaurer une zone humide. Le projet est aujourd’hui porté par l’Etat, via l’Epa Orsa (Etablissement public Orly Seine Amont, désormais partie prenante de Grand Paris Aménagement).
“Les inondations sont de plus en plus fréquentes et prononcées dans cette zone depuis le début du XXIe siècle, ce qui conduit à des dégâts sur les biens et les personnes qui sont insupportables pour les habitants concernés”, reconnaît Armand Koestel, directeur territorial à l’EPA Orsa. La branche Orly Seine Amont de Grand Paris Aménagement organisait une visite d’étape ce jeudi. Ces terrains “ne peuvent plus accueillir de populations”, insiste le directeur territorial.
60% des terrains ont été rachetés
Le projet prévoit le rachat et la démolition de 150 pavillons ainsi que des parcelles privées sur un total de 10,6 hectares, concernant ainsi directement 300 habitants. Il faut donc commencer par racheter les parcelles et reloger les habitants. “Nous rachetons les terrains et la propriété à un prix qui n’est pas déprécié par rapport à la valeur à laquelle leurs propriétaires auraient pu les revendre sur le marché”, estime Frédéric Moulin, directeur général de l’EPA Orsa, ajoutant que 60% des terrains concernés ont déjà été rachetés et que 38 maisons au total auront été démolies d’ici fin 2025.
Un réaménagement paysager complet
A terme, quelque 60% des 10 hectares seront aménagés en zone naturelle inaccessible au public tandis que la surface restante sera un parc urbain “faiblement aménagé” avec des cheminements piétons. Une métamorphose que l’on peut commencer à imaginer grâce aux pré-études du cabinet paysagiste Champ libre, qui accompagne le maitre d’ouvrage.

Le projet, prévu en deux phases, s’achèvera par une réhabilitation des parcelles hors zone humide en espace naturel, et prévoit l’extension de la Liaison Verte en lisière de l’Yerres.
Désormais lancés, les travaux vont s’interrompre jusqu’à septembre, période de nidification. Quelque 260 arbres y seront plantés dans un second temps. “On va creuser pour retrouver le sol naturel et créer des espaces pour permettre l’expansion des eaux afin de limiter le risque d’inondations, puis on reconstitue tout un écosystème avec des milieux humides, des zones de prairies, des espaces enherbés”, reprend Armand Koestel.

“Il n’existe pas de modèle économique pour ce type de projets”
D’un montant total de 90 millions d’euros, l’opération, qui doit durer encore dix ans, est portée par neuf financeurs dont l’État, l’Agence de l’eau Seine-Normandie, la Métropole du Grand Paris, le département du Val-de-Marne, la Région et la municipalité.
“On est en train de déconstruire, en première couronne parisienne, dix hectares d’un quartier pour le rendre à la nature, je ne connais pas de projet de cette ampleur-là à l’échelle de l’Ile-de-France, donc de la France”, insiste Frédéric Moulin, soulignant qu“il n’existe pas de modèle économique pour ce type de projets”.

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