Solidarité | | 10/03
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Villepinte : les lycéens ouvrent une boutique éphémère solidaire à O’Parinor

Villepinte :  les lycéens ouvrent une boutique éphémère solidaire à O’Parinor

À l’âge de trois ans, Aliyah a été victime d’une infection causée par la bactérie appelée E. Coli qui l’a gravement handicapée. Pour leur projet de fin d’année, les élèves de terminale du lycée Georges Brassens de Villepinte ont choisi de lui venir en aide en créant une boutique éphémère de vêtements de seconde main. La recettes des ventes sera versée à l’association créée par ses parents pour sensibiliser à cette maladie et financer la rééducation de leur fille.

Des jeans, des robes, des débardeurs, des spots et des présentoirs, New Life a tout l’air d’une boutique de prêt-à-porter comme les autres. Ouvert au rez-de-chaussée du centre commercial O’Parinor, depuis mercredi dernier jusqu’au 15 mars, le commerce est en fait un projet pédagogique de la classe de terminale baccalauréat professionnel métiers du commerce et de la vente (TMCVA2) du lycée Georges Brassens. Objectif : mettre en situation des élèves.

De graves lésions aux reins et au cerveau

Mais l’apprentissage est aussi une affaire de solidarité. “Je suis très touché parceque cette boutique éphémère est l’aboutissement d’une mobilisation de toute une ville, d’un lycée, d’enseignants, d’élèves d’habitants“, confie Nawel Sissoko aux côtés de son époux Koloma. Alyah, aujourd’hui âgée de 9 ans, a été contaminée à 3 ans par la bactérie Escherichia coli, plus connue sous le nom de maladie du hamburger, lui causant de graves lésions aux reins et au cerveau. Déterminé à permettre sa guérison, le couple qui vit à Aulnay-sous-Bois, se démène et crée l’association Aliyah le Neuro SHU, qui a pour but de sensibiliser le public sur le syndrome hémolytique et urémique (SHU). “Il y a pleins de préventions assez simples à mettre en place : bien se laver les mains avant de cuisiner et de manger, bien laver les fruits et les légumes, consommer la viande hachée le jour même, éviter de casser la chaîne du froid, éviter surtout la consommation de produits à base de laits cru pour les enfants de moins de six ans parce qu’ils sont très fragiles. Malheureusement, on s’aperçoit qu’en France il y a de plus en plus de cas recensés. Il n’y a pas assez de prévention“, souligne Nawel Sissoko, qui aimerait au moins une page dans le carnet de santé.

Autre mission de l’association : lever des fonds pour la rééducation d’Aliyah, alors que les parents se sont tournés vers des méthodes alternatives que l’on trouve en Pologne, Espagne ou Belgique, particulièrement onéreuse. “Ce n’est pas évident. Mais ce que l’on souhaite, c’est qu’elle puisse remarcher et c’est en bonne voie“, explique la mère

5 200 pièces

C’est dans ce contexte que le lycée Georges Brassens a choisi d’aider la famille en 2023. “On a cherché des associations jusqu’au désert du Sahara et on a voté pour Aliyah“, se remémore Chance, une des élèves de la classe métiers du commerce et de la vente qui a créé la boutique éphémère. “C’est un projet que l’on a démarré il y a un an et demi avec des élèves qui étaient alors en 1ère. Ils ont dû définir sa nature, sélectionner l’association, puis organiser la collecte de vêtements, tout référencer, étiqueter et recenser sur une base informatique, créer leur marque “New Life” et son logo, la faire connaître sur les réseaux sociaux. Les élèves ont ensuite dû prendre contact avec les acteurs économiques pour vendre. Ils ont aussi rencontré la ressourcerie 2 mains d’Aulnay pour apprendre à faire le tri des vêtements“, énumère Sébastien Morin, l’un des deux enseignants qui encadrent le projet, avec Fatima Assaoui. À raison d’une collecte organisée deux fois par semaine depuis son lancement, la classe récupère 5 200 pièces sans compter les dons d’habitants qui continuent d’affluer. “Les élèves sont au cœur d’une mobilisation incroyable. On a par exemple une entreprise qui nous a mis disposition deux de ses salariés pour acheminer les cartons. Il s’agit avant tout d’un projet citoyen. L’intégralité des recettes est reversée à l’association“, insiste Sébastien Morin qui est, par ailleurs, adjoint au maire (LR) d’Aulnay-sous-Bois chargé des arts et de la culture.

Le centre commercial O’Parinor a de son côté à disposition le local de 125 mètres carrés. “Nous avons l’habitude de soutenir ce genre de projets pédagogiques. On est venu leur expliquer ce qu’est un centre commercial, un commerce, ce que sont les contraintes de sécurité, l’accueil, le merchandising… On a apporté des pièces de nos vide-dressing. C’est aussi toute une boucle de solidarité qui s’est mise en place parce que les invendus seront donnés à la ressourcerie 2 mains“, commente Sarah Zerouali, la directrice d’Oparinor. “Les élèves ont été hyper réceptifs. Ils sont incroyablement ambitieux et il y a du chiffre d’affaires“, se félicite-t-elle. Et ça marche : grâce à de petits prix allant de 1 à 2 euros pour un haut et un réassort régulier, la boutique ne désemplit pas. “J’ai pris un abonnement“, se réjouit une cliente qui revient faire des emplettes.

Aliyah est une motivation à elle toute seule

Dans la cellule du centre commercial, il a fallu gérer 30 mètres cubes de cartons de vêtements, installer les présentoirs dont certains empruntés à l’établissement Pour animer cette boutique éphémère, les élèves travaillent par groupe de quatre, deux fois cinq heures par jour : quatre le matin, quatre l’après-midi. “Des élèves volontaires de 1ère et de seconde sont aussi venus donner un coup de main, ce qui a permis une forme de tutorat“, précise son professeur.

L’exercice n’a pas manqué de moments de découragement. “J’ai eu des moments de fatigue par exemple pour l’étiquetage. Car on aussi le bac à préparer. Pour les oraux, je stresse parce que je ne suis pas très bonne en anglais. Mais les profs nous ont rassurés. Sans leur soutien, ce projet n’aurait pas voir le jour. Les parents d’Aliyah nous ont beaucoup soutenus. Et Aliyah est une motivation à elle toute seule : elle voit toujours la vie en rose, elle est toujours souriante. Ça donne envie de ce battre“, pointe Chance. Même constat pour Fatima à ses côtés à la caisse. “Je n’y croyais pas mais quand j’ai vu tous les dons, que les gens venaient, ça motive, surtout que c’est pour une bonne cause“, abonde-t-elle.

Nous sommes très fiers que ce soit un lycée de Villepinte qui soit à l’origine de cette boutique éphémère“, se réjouit pour sa part Farida Adjani, vice-présidente à la région Ile-de-France et élue de la commune. “C’est ce type de projet que nous voulons impulser parce qu’il allie des cours théorique qui laissent place à des initiatives très personnelles. Il répond aussi à des enjeux d’actualité comme le recyclage et la solidarité. On parle souvent des difficultés d’orientation des jeunes et de la déconnexion de l’école avec la société et le monde de l’entreprise. Là c’est concret. Et ça peut éviter le décrochage scolaire“, ajoute-t-elle.

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