Justice | | 22/08
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Agressions sexuelles sur bébés à l’hôpital André Grégoire de Montreuil : le point sur l’affaire

Agressions sexuelles sur bébés à l’hôpital André Grégoire de Montreuil : le point sur l’affaire © Google Street View

Alors qu’une infirmière et son ex ont été mis en examen début août dans une affaire d’agressions sexuelles sur des bébés au sein du service de néo-natalité de l’hôpital André Grégoire de Montreuil, de nombreux parents sont dans l’angoisse que leur enfant fasse partie des victimes. Le point sur l’affaire et l’état de l’enquête.

Combien de victimes ?

A ce stade de l’enquête, trois nourrissons sont victimes d’agressions sexuelles, indique le parquet de Bobigny. L’un d’entre eux n’a pas encore été identifié. Pour les deux autres, leurs mères ont déposé plainte.

Contrairement aux premières rumeurs circulant sur l’affaire, il n’y a pas de caractère racial : selon le parquet, “l’un des enfants est blanc, l’autre noir”.

De quelle nature sont les agressions ?

Lors d’une audience à la cour d’appel de Paris le 14 août, la présidente a énoncé les actes qui ont été commis à l’encontre des bébés, à partir de vidéos exploitées par les enquêteurs. Dans une vidéo, l’infirmière met deux doigts dans la bouche d’un enfant. Dans une autre, le sexe d’un enfant est touché, “sous la forme de caresses” et d’un pincement, selon le magistrat.

A quand remontent les agressions ?

Les faits ont pu se tenir entre le 1er octobre 2024, date de la prise de contact entre les deux mis en cause, et le 30 juillet 2025, jour où l’infimière s’est rendue au commissariat.

Il n’est donc pas exclu qu’il y ait d’autres victimes.

Comment réagissent les familles ?

Sept familles, dont les enfants ont été hospitalisés en 2024 et 2025 dans le service de réanimation néonatale, ont souhaité se constituer partie civile, a informé l’AFP d’une de leurs avocates, Me Besma Maghrebi-Mansouri.

Une autre avocate a annoncé à l’AFP avoir déposé lundi une constitution de partie civile pour six autres familles.

“Mes familles veulent savoir si leur enfant a pu être victime et ne pas rester avec cette question en suspens jusqu’à la fin de leur vie”, a déclaré Me Myriam Guedj Benayoun.

Depuis lundi, elle dit avoir été contactée par d’autres familles pour lesquelles elle déposera prochainement des constitutions de partie civile. “Ils connaissent toutes cette infirmière”, affirme-t-elle.

Comment réagit l’hôpital de Montreuil ?

La direction du groupement hospitalier de territoire Grand Paris Nord-Est a publié mercredi un communiqué, en réponse aux parents se plaignant de son silence ou d’un accompagnement jugé très insuffisant. “Une cellule d’écoute a été mise en place depuis le 5 août et répond à toutes les sollicitations des familles”, affirme la direction. “Un rendez-vous a été proposé à chaque famille potentiellement concernée par les faits, sur la base des éléments transmis par le parquet (…) À ce jour, onze familles ont été rencontrées”, précise-t-elle.

“L’hôpital a ciblé des familles dont les enfants ont séjourné dans le service concerné aux mois de décembre 2024 et janvier 2025 et les a reçues”, a ensuite commenté le parquet de Bobigny, et “onze d’entre elles ont été orientées vers les services de police qui les ont entendues sans qu’aucun élément ne puisse caractériser une infraction”.

Que sait-on sur les coupables ?

A la suite des révélations sur les réseaux sociaux, une jeune femme de 25 ans, Juliette S., s’est rendue au commissariat pour se dénoncer et incriminer Redouane E., un ancien amoureux, aujourd’hui âgé de 28 ans. Ce dernier a été interpellé à son domicile le lendemain.

Ils ont tous les deux été mis en examen le 2 août et placés sous contrôle judiciaire : Juliette S. pour agressions sexuelles sur mineurs et captation et diffusion d’images à caractère pédo-pornographique ; Redouane E. pour complicité d’agressions sexuelles, soupçonné d’avoir été l’instigateur.

Cette infirmière du service de réanimation néonatale, qui prend en charge les bébés nés prématurément, a été suspendue par le groupement hospitalier.

Lors de l’audience à la chambre de l’instruction de la cour d’appel sur leur placement sous contrôle judiciaire, la présidente a rapporté leurs propositions tenues dans le cadre d’auditions.

Juliette S. a exprimé des “regrets” et a déclaré avoir agi à la demande de Redouane E., qui lui aurait avoué “fantasmer sur des enfants”, selon le magistrat.

Redouane E. a lui d’abord reconnu avoir demandé des vidéos impliquant des mises en scène à caractère sexuel à Juliette S., réfutant cependant la présence d’enfants. Il a dit avoir “honte” et être “conscient de la gravité de ses actes”.

Redouane E. est devenu père au mois d’août. Il lui est interdit d’entrer en contact avec des mineurs sans la présence d’un tiers.

Pas de détention provisoire

Le 2 août, les deux mis en examen ont été placés sous contrôle judiciaire contre l’avis du parquet de Bobigny qui souhaitait une détention provisoire, et qui a fait appel de cette décision. Le 14 août, la cour d’appel de Paris a toutefois confirmé cette décision. Au sujet de Juliette S., les juges ont, en effet, estimé que le placement en détention provisoire n’était pas nécessaire pour “comprendre la démarche du passage à l’acte” et ne la servirait pas dans son parcours de soins. Selon son avocate, Me Claire Heimendinger, elle a été admise aux urgences psychiatriques le jour de sa mise en examen. Les magistrats ont également considéré, à propos de Redouane E., que l’obligation de soins psychologiques et l’interdiction de travailler avec des mineurs suffisaient à éviter un renouvellement de l’infraction. Contacté par l’AFP, son avocat, Me Ouadie Elhamamouchi, n’a pas souhaité faire de commentaire.

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