Après la fusion, la commune nouvelle de Saint-Denis investit son maire et ses adjoints

Avec ses longues tables parées de nappes blanches dans la salle des mariages, le conseil d’installation de la commune nouvelle de Saint-Denis avait toutes les apparences d’une noce. “Il ne s’agit ni d’un partenariat, ni d’un mariage, ni d’un baptême républicain. Aujourd’hui, il s’agit bien de constater une naissance, celle d’une union (…) et à travers elle celle de plus de 149 000 citoyens“, a démarré Mathieu Hanotin, tout juste élu maire de la nouvelle collectivité avec 73 voix sur un total de 81 votants (seulement huit suffrages blancs ou nuls). Un an et demi après l’annonce surprise de la fusion entre Saint-Denis et Pierrefitte-sur-Seine, les 94 élus des deux communes étaient convoqués, ce samedi 5 janvier, pour la première fois ensemble pour cette élection.

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“Vous avez trahi ceux qui vous ont élu“

Seul petit raté dans cette mécanique bien huilée, Michel Fourcade, le nouveau maire délégué de Pierrefitte-sur-Seine, oublié par Mathieu Hanotin, pressé de donner la parole aux groupes politiques. “Je croyais que j’étais le maire délégué“, a raillé Farid Aid, élu (PCF) d’opposition pierrefittois. “Aujourd’hui, cette fusion présentée comme une solution moderne et efficace est en réalité une menace pour notre démocratie locale, notre identité et notre quotidien“, a-t-il fustigé en reprenant la parole. “Nous avons été élus pour six ans sur la base d’un programme municipal qui ne mentionnait pas ce projet. Nous n’acceptons pas cette méthode macroniste. Vous avez trahi ceux qui vous ont élu“, a insisté Farid Aïd qui a fait sienne l’ambition de “restaurer l’autonomie de Pierrefitte en redonnant la parole aux habitants à travers un référendum.”

De fait, le manque de consultation de la population est bien revenu au cœur des passes d’arme entre majorité et opposition. “Ce manque de transparence a laissé un goût amer chez beaucoup d’habitants“, a ainsi relevé Pascal Kouppé de K. Martin, élu d’opposition (UDI) à Pierrefitte. “On ne dira pas le maire bâtisseur ou le maire rassembleur. On dira, le maire qui a vendu Pierrefitte “, a-t-il lancé à Michel Fourcade qui a annoncé son retrait de la vie politique. Une tirade qui a obligé Mathieu Hanotin à intervenir, invitant les élus “à éviter les attaques ad hominem“.

“Ce n’est pas une fusion, c’est une absorption“

“Agir plutôt que subir“, a défendu, quant à lui, Kader Chibane, élu (EELV) de la majorité à Saint-Denis. S’adressant aux oppositions : “Votre position politique vous appartient, mais elle s’inscrit à contre-sens de l’histoire de notre territoire. Le seul argument employé depuis un an et demi est la consultation des habitants. Mais elle est programmée puisqu’elle se déroulera en mars 2026.”

Cantine gratuite, colonies de vacances, baisse des impôts fonciers sont autant d’arguments de la fusion. Des raisons considérées comme “marketing” par Farid Aïd, ou qui cachent mal la réalité financière pour Sofia Boutrih, élu d’opposition (PCF) à Saint-Denis qui a déploré des “services publics qui se vident de leur sens“. “Ce n’est pas une fusion, c’est une absorption“, a-t-elle pourfendu. L’élue a fait ses calculs. Selon elle, malgré 1,8 million d’euros de dotations en plus attendus en 2025 (5,4 millions d’euros d’ici 2028), “les recettes fiscales vont baisser compte tenu de l’alignement des taux d’imposition des Pierrefittois sur ceux des Dyonisiens. La commune nouvelle devra aussi composer avec 2,3 millions d’euros de recettes en moins par rapport à la somme des recettes fiscales qu’aurait cumulé les deux communes. Jusqu’en 2028, c’est une perte de recette de 11 millions d’euros“, affirme-t-elle.

“Une union historique”

Au fond, c’est l’objectif même de la fusion qui reste incompris par l’opposition. Sofia Boutrih le résume à “un calcul politicien visant à préserver une majorité en difficulté à l’approche des échéances municipales“. “Les maires, en jouant au Dr. Frankenstein de la politique, ont donné naissance à un monstre capitaliste, libéral, à l’opposé de nos valeurs en termes de démocratie locale. Cette fusion relève du paradigme de la métropolisation. Plus gros, plus fort pour être mieux considéré par l’État et les institutions, mais au détriment des autres communes. Bref, la concurrence entre les collectivités territoriales“, a asséné pour sa part Romain Potel. L’élu pierrefittois a annoncé que son groupe, “Rassemblés pour changer Pierrefitte”, siégerait dans la nouvelle assemblée avec les élus de la Seine-Saint-Denis au cœur.

“Quel mépris pour les habitants“, s’est indignée Katie Bontynck qui a vanté “un projet titanesque mené en année olympique“, une “union historique”, et la volonté de “construire des villes équilibrées, attractives et durables par des projets de gauche et avec des actions concrètes“.

Un conseil municipal réduit à 16 adjoints pour la commune nouvelle

Jusqu’aux prochaines élections municipales, le conseil municipal de la commune nouvelle de Saint-Denis sera composé de 16 adjoints au maire, élus ce samedi, dont Michel Fourcade qui est devenu de droit le premier adjoint. Chaque commune déléguée comptera ses propres adjoints : 16 à Saint-Denis et 11 à Pierrefitte, soit un peu moins qu’auparavant, les adjoints de quartier seront désignés plus tard, une fois le périmètre des quartiers de la commune nouvelle redéfinis.

Les 16 adjoints de la commune nouvelle de Saint-Denis

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