Entreprendre | Val-de-Marne | 21/11
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Artisanat en Val-de-Marne : un trésor à 4,5 milliards d’euros porté à bout de bras

Artisanat en Val-de-Marne : un trésor à 4,5 milliards d’euros porté à bout de bras © CD

C’est ce week-end du 21-23 novembre que se tient l’incontournable Salon des artisans d’art du Val-de-Marne, à Saint-Maur-des-Fossés. L’occasion de découvrir 65 créateurs aux profils différents, des céramistes aux vitraillistes. Au-delà de cet événement, comment va l’artisanat en Val-de-Marne ?

4,5 milliards d’euros, tel est le montant du chiffre d’affaires réalisé par l’artisanat en Val-de-Marne, grâce à pas moins de 36 329 entreprises qui emploient 32 166 salariés. A l’échelle du département, ce secteur représente une entreprise sur 4,2. Dans des spécialités aussi variées que les services, qui représentent la moitié des entreprises avec notamment les salons de coiffure ou d’esthétique, le bâtiment autour de 30% ou encore les métiers d’art. Un métier qui continue d’attirer, “avec 3 000 nouvelles entreprises chaque année, créées par de jeunes artisans comme des professionnels en reconversion”, indique Vincent Diot, président de la Chambre des métiers du Val-de-Marne (CMA94).

Un secteur qui n’est pas épargné par la remontée des liquidations

Le chemin n’en est pas pour autant pavé de roses. “En nombre de liquidations, on a rattrapé les chiffres de l’avant-Covid”, signale Vincent Diot. “Et cette année, pour la première fois, je constate que beaucoup d’artisans n’ont plus l’énergie de continuer face aux difficultés, même si on leur dit qu’il y a des solutions pour les accompagner, car ils s’essoufflent et préfèrent arrêter plutôt que de continuer à tout porter.” Une situation qui vaut dans différents secteurs, du bâtiment aux métiers d’art.

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Vincent Diot, président de la CMA 94

6 000 départs en retraite à anticiper

Il y a aussi un fort enjeu de transmission, alors que 6 000 chefs d’entreprise ont passé la soixantaine. “L’idéal est d’anticiper 3-4 ans avant, pour avoir le temps de transmettre le savoir-faire. On essaie de faire de la pédagogie sur le sujet”, témoigne Vincent Diot. “Nous travaillons à la sensibilisation puis au diagnostic pour évaluer la valeur du fonds de commerce, explique David Rizzoli, directeur de la CMA94. Pour la mise en relation, nous utilisons la plateforme nationale Transentreprise, réalisée en commun avec la Chambre de commerce et d’industrie.

Des vocations qui changent

Les aspirations à devenir artisan, heureusement, perdurent, avec même des retours en grâce dans certains secteurs. “Pendant des années, les jeunes ne voulaient pas devenir bouchers à cause  du sang, du froid… La viande, ça ne faisait pas envie. Et puis le secteur professionnel s’est mobilisé, avec un gros travail des CFA, des missions locales notamment, des campagnes d’affichage… Cela a favorisé l’implantation de rayons de boucherie traditionnelle dans les grandes surfaces. En parallèle, les charcutiers ont fini par disparaître et ce sont les bouchers qui ont repris leur travail de préparation. Cette restructuration a fini par donner envie. Dans mon ancien CFA, on est par exemple passés de 3 jeunes à 70. Aujourd’hui, cela recommence à descendre de nouveau mais on sait comment se remobiliser”, témoigne Cédric Lorente, ancien directeur du CFA Val-de-Seine, à Melun, aujourd’hui à la tête de celui du Val-de-Marne.

Le Centre de formation des apprentis (CFA) de la CMA Val-de-Marne, situé comme elle à Saint-Maur-des-Fossés, propose pour sa part des formations tous niveaux en chauffage-climatisation, électricité, plomberie, esthétique, coiffure, fleuriste et vente-commerce. Les métiers du bâtiment y sont  toujours aussi prisés, “même s’il y a un certain attentisme des entreprises pour prendre des apprentis”, relève Cédric Lorente.

“On constate en revanche moins d’attirance pour les métiers de l’esthétique et de la coiffure, qui ont connu leur âge d’or, même s’il y a de la demande des entreprises. Car c’est un des métiers où on est debout, on travaille le week-end, on travaille les fêtes et les jeunes voient ces contraintes. Malgré tout, cela reste le plus gros secteur.” 

En Val-de-Marne, le métier qui séduit particulièrement est celui des fleuristes. “La fleur aujourd’hui, ça fait du bien. On est dans l’artistique, on est dans le bien-être, et il y a une vraie attirance pour ce métier. C’est aussi un des métiers qui attire le plus sur la partie reconversion”, insiste le directeur du CFA.

Des reconversions à tout âge

“En filière fleur, les réorientations ou reconversions sont majoritaires. L’année dernière, on avait un apprenti qui avait 57 ans. Cette année, on a quelqu’un qui a 50 ans en Brevet professionnel, et un autre de 64 ans en CAP.  La mixité du groupe est enrichissante pour tout le monde, et pour nous, profs, ça crée une synergie assez incroyable”, témoigne Cédric Exare, responsable de cette unité pédagogique, qui vient de voir cette semaine son jeune apprenti Lylian Franquin Mahé (le jeune avec la médaille sur la photo de une) qualifié pour représenter la France lors de la très prestigieuse finale mondiale du Worldskills à Shanghai. (Lire notre article)

Globalement, “la reconversion professionnelle touche aujourd’hui tous les secteurs de l’artisanat, notamment dans les métiers d’art, car cela permet de se propulser rapidement vers la création d’entreprise. Nous constatons aussi un nombre croissant d’étudiants qui ont par exemple fait deux ans de fac de droit et cherchent une formation plus concrète, qui veulent apprendre un métier et pas seulement passer un diplôme.” De quoi préparer une nouvelle génération d’artisans, qui permettront peut-être d’éviter la perte de savoir-faire de ceux qui arrêtent.

RDV au Salon des artisans d’art ce week-end

© CD

Pour découvrir un échantillon de ces talents, rendez-vous ce week-end au Salon des artisans d’art du Val-de-Marne, qui se tient au siège de la CMA-CFA, 25 avenue Raspail à Saint-Maur-des-Fossés. Au programme : céramistes, tapissiers, créateurs de mode et de bijoux, maroquiniers, doreurs, couteliers, vitraillistes… De quoi préparer des cadeaux de Noël authentiques. (Voir les exposants 2025)

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