Au petit matin du 10 mai 2021, à Pontault-Combault, le corps d’Anaïs, avait été découvert par une livreuse de journaux. L’issue d’une descente dans l’enfer de la prostitution adolescente pour la jeune fille de 18 ans, originaire de Dunkerque.
Anaïs s’était installée depuis quelques mois dans un hôtel près de l’aéroport de Roissy, avec un jeune homme de 22 ans connu de la police pour vols, violences et agressions. Victime de prostitution adolescente, elle était partie voir un client au Plessis-Trévise ce dimanche 9 mai . Une passe à l’issue tragique.
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Agé de 23 ans, Lilian reconnaît avoir frappé et tué Anaïs en l’étranglant à son domicile, après un différend lié au paiement d’un acte sexuel tarifé. Il est jugé à partir de mercredi devant la cour d’assises du Val-de-Marne.
Originaire de Dunkerque (Nord), Anaïs séjourne alors régulièrement en région parisienne avec celui qui se présente comme son petit ami. Deux amies confirmeront aux enquêteurs que l’adolescente se prostituait.
Lorsqu’Anaïs retrouve l’accusé, ce dernier est alcoolisé. Après un début d’acte sexuel finalement interrompu, Lilian refuse de payer les 100 euros qu’il doit à la jeune fille. Celle-ci proteste, il la frappe. Elle tombe par terre, il la relève « en l’étranglant avec son bras droit, tout en lui obstruant la bouche avec la main gauche », détaille le juge d’instruction. Alors qu’il comprend qu’elle est décédée, il reste “une dizaine de minutes à côté d’elle sans tenter de la ranimer” bien qu’il soit titulaire d’un brevet de secourisme, souligne la magistrate.
Le 10 mai, au petit matin, une livreuse de journaux découvre le corps d’Anaïs, robe légère remontée à la taille, sur un trottoir de Pontault-Combault (Seine-et-Marne). Là où l’accusé l’a déposé, après avoir tenté de la brûler “peut-être (avec) le souhait inconscient de dissimuler”, selon lui. Parti en cheval, il sera interpellé quelques jours plus tard au domicile de sa tante en région parisienne.
Quatre ans plus tard, le père, la mère, la grand-mère et le demi-frère d’Anaïs “n’attendent rien, leur vie est terminée, c’est l’horreur absolue”, indique à l’AFP Me Fabien Arakelian, leur avocat.
Anaïs a été enterrée chez elle, à Dunkerque, une dizaine de jours après les faits. Dans un texte écrit pour l’occasion, sa mère la décrivait comme “pleine de vie, de grâce, de gentillesse et de douceur”.
“Ce dossier n’est pas le dossier du proxénétisme ou de la prostitution”, reprend Me Arakelian, mais plutôt celui “d’un jeune homme d’une très bonne famille qui est devenu meurtrier”.
“dangerosité criminologique”
L’accusé “assume pleinement ses responsabilités” dans le “drame” de la mort d’Anaïs M. mais conteste “l’intention de tuer”, a assuré son avocat Me Julien Dubs à l’AFP, pour qui Lilian M. n’a “pas du tout le profil” d’un meurtrier. Une expertise psychiatrique a relevé que ce dernier, sans pathologie psychiatrique particulière, souffrait d’un “handicap émotionnel” et présentait une “dangerosité criminologique”.
Lors de l’instruction, une ex-petite amie de Lilian a déclaré que l’accusé l’avait déjà frappée, décrivant leur relation comme “toxique”.
Le verdict est attendu vendredi.
15 000 à 20 000 mineurs prostitués en France
En France, les associations estiment à au moins 15 000 voire plus de 20 000 le nombre de mineurs, essentiellement des jeunes filles, en situation de prostitution.
En 2024, police et gendarmerie ont enregistré 435 victimes mineures de proxénétisme (+14% par rapport à 2021) et 224 victimes d’un achat d’actes sexuels (+107%).
La même année, sept femmes exerçant cette activité ont été tuées, selon le décompte de Jasmine, un programme de lutte contre les violences faites aux travailleurs et travailleuses du sexe de l’ONG Médecins du Monde.
Par Marin LEFEVRE
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