Apprendre le travail en équipe tout en stimulant la créativité des adolescents : tel était le défi de l’atelier stop motion réalisé avec deux classes de quatrième du collège Daniel Casanova de Vitry-sur-Seine, avant une projection à la Maison des arts de Créteil. Une initiative du programme Ma classe au cinéma, mis en œuvre à l’occasion du Festival international Film de femmes.
Monstres bizarroïdes, cornus, inspirés d’univers différents, notamment des animés japonais… les ados ont eu carte blanche pour réaliser leurs personnages. “J’ai décidé de représenter ce monstre avec son masque blanc parce que je trouvais ça sympa et pratique à réaliser, en plus j’adore l’univers des Ghibli, je voulais le voir représenter sur un écran et voir comment c’est possible de l’animer”, confie Allan, fan de Sans-Visage, un personnage du Voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki. Les élèves prennent part à l’ensemble des étapes, de la construction des figurines, articulées en fil de fer puis recouvertes de pâte à modeler, à l’animation, via minimum 24 images par seconde pour donner l’impression d’un mouvement continu.
Un levier pour apprendre à travailler en équipe
“La pâte à modeler, tout le monde en a déjà utilisé. Par rapport au papier, aux objets, c’est la matière la plus stimulante pour réaliser un film avec des adolescents. Aujourd’hui, tout le monde peut faire du stop-motion, il suffit d’un téléphone, tu prends tes photos une par une en prenant le temps de décortiquer le mouvement, tu peux réaliser un film”, motive Lyonel Kouro, spécialiste du stop motion depuis des dizaines d’années et animateur d’une émission sur Arte, La leçon du professeur Kouro, dans laquelle il en décortique les méthodes. La clé : la patience, car tout est millimétré, ajoute Tom Turek, venu coanimer l’atelier, “ça oblige à comprendre les mécaniques et à travailler en équipe, de manière coordonnée. Si celui qui fait bouger le personnage va trop vite par rapport à celui qui prend les photos, il faut recommencer, et vice-versa”. Le montage est la seule partie gérée par les deux encadrants.
“Ce qui est cool, c’est que tout le monde s’entraide quand il y a des problèmes”
“Ce qui est cool, c’est que tout le monde s’entraide quand il y a des problèmes”, explique Baptiste, qui a déjà réalisé plusieurs films de stop motion avec ses camarades de classe Sid et Tone. “On travaille avec du matériel professionnel, chez moi je faisais ça avec de la pâte Fimo, là on rajoute des lumières et un tas d’accessoires”, détaille Sid.
Pour la majorité des élèves, toutefois, c’est une découverte. “Demain, peut-être que ça donnera à certains l’envie de continuer dedans, j’ai déjà eu un professeur qui m’a pris dans ses bras quand il a vu un de ces élèves s’impliquer autant, alors qu’il ne l’écoutait jamais”, confie Lyonel Kouro.

Cet atelier s’est tenu dans le cadre du programme “Ma classe au cinéma” développé par le Centre national du cinéma (CNC). Objectif : promouvoir une éducation cinématographique pour tous grâce à des projections, des rencontres et des ateliers. Dans le Val-de-Marne, les initiatives s’articulent autour des festivals comme Ciné-Junior ou le Festival International du Film de Femmes (FIFF) qui a accueilli l’atelier pâte à modeler. “Les élèves doivent réaliser cinq séances dans l’année, le FIFF participe activement en proposant souvent deux des cinq initiatives demandées, que ce soit des ateliers ou des séances à destination du jeune public, suivies de rencontre avec les réalisatrices” , explique Louise Thévenet, chargée de la médiation jeune public du festival. Même si le programme a été revu à la baisse pour des raisons budgétaires cette année. “Un établissement a dû se retirer du programme faute de moyens, notamment en raison des baisses de subventions allouées par le Pass Culture qui étaient une aide précieuse”.
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