Hommage | | 15/06
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Au cimetière parisien de Thiais, un hommage aux personnes qui ont donné leur corps à la science

Au cimetière parisien de Thiais, un hommage aux personnes qui ont donné leur corps à la science © MG

Aider la médecine, voilà qui motive les personnes qui donnent leur corps à la science. Une procédure qui concerne quelques 2 600 décès par an, dont 800 en Ile-de-France. Ce jeudi 12 juin, pour la première fois, les services funéraires de Paris et l’AP-HP organisaient un hommage à leur attention au cimetière parisien de Thiais, où sont dispersées leurs cendres.

Peu connu du grand public, le don de son corps à la science pour servir les recherches médicales ou tout simplement l’apprentissage de la médecine par les étudiants, concerne environ 2 600 personnes décédées par an en France. Rapporté aux 646 000 morts en France en 2024, cela représente tout de même 4%. En Ile-de-France, ce nombre est d’environ 800 et c’est l’École de Chirurgie de l’AP-HP (Assistance Publique des Hôpitaux de Paris) qui recueille les corps. L’établissement s’occupe ensuite de leur mise en bière et crémation de façon anonyme (sauf lorsque le donneur souhaite que ses cendres soient restituées à la famille). Les cendres sont ensuite dispersées dans la division 102 du cimetière parisien de Thiais. Une stèle y est érigée en mémoire des donneurs, accessible à toutes les familles.

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Ces corps sont anonymisés afin de préserver le secret médical, même s'”il ne s’agit pas d’un corps mais d’une personne, d’une vie vécue, d’une histoire”, insiste Félix Barbier, prosecteur (médecin spécialisé dans les travaux pratiques d’anatomie et les dissections) à l’École de Chirurgie de l’AP-HP.

Un espace de recueillement, de partage, et surtout un espace de mémoire

Ce jeudi 12 juin, pour la première fois, l’AP-HP et les services funéraires de la ville de Paris avaient organisé un hommage afin que “toutes les familles de personnes qui ont fait don de leur corps puissent trouver un moment de recueillement, de reconnaissance”, motive Pénélope Komitès, maire-adjointe de Paris, alors que dans la plupart des cas, les corps ne sont pas remis aux familles et qu’“aucun rituel funéraire n’a lieu”, ce qui peut rendre le processus de deuil plus difficile.

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Des familles mais également des personnes sans lien direct avec le don de corps à la science ont assisté à cet hommage

Aider les générations futures

Le rassemblement visait aussi à permettre aux familles de rencontrer d’autres proches de donneurs et d’échanger sur cette expérience, singulière et solidaire. Ces dernières témoignent parfois de leur ressenti dans les courriers adressés à l’École de Chirurgie. “Mon papa a choisi de vous aider dans le cadre de vos études et pensait que son geste aiderait les avancées et les recherches médicales. Il aimait penser que cela allait aider les générations futures ”, exprime ainsi une famille, dans une lettre relayée par l’École.

Les corps légués sont en effet en partie utilisés dans le cadre de la formation des étudiants en chirurgie. “Avant de comprendre le corps humain dans toute sa complexité, il faut l’avoir exploré avec respect, avec humilité – ce qu’aucun livre, aucun mannequin, aucun logiciel ne peut remplacer ”, explique le prosecteur. Au-delà de la formation, ils servent à la recherche, notamment en chirurgie, imagerie médicale, cardiologie ou encore en accidentologie, en lien avec la sécurité routière et le domaine de la défense. Ils permettent la réalisation d’études impossibles à mener sur des personnes vivantes, comme celles portant sur les greffes ou les articulations.

Comment léguer son corps à la science ?

  • Identifier un centre pour le don du corps à la science ;
  • Un fascicule explicatif est remis pour détailler la procédure, les implications et les conditions du don ;
  • Une fois informé, il est nécessaire de rédiger une déclaration de consentement, datée et signée. Il est possible de demander à ce que les cendres soient déposées dans un espace dédié aux donneurs ou remises à un proche, à qui reviendra les frais funéraires ;
  • Une carte de donneur est délivrée, et est à conserver en permanence sur soi.

Suite au scandale du charnier de Paris Descartes, un décret a encadré ces dispositions, en 2022, et créé un comité d’éthique, scientifique et pédagogique.

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