Des tirs de mortiers qui pourrissent la vie. C’est ce qu’ont vécu les habitants du quartier des Sentes, aux Lilas ces dernières semaines. Si le phénomène semble s’être calmé, il a relancé la mobilisation en faveur de la reconstruction d’un commissariat au cœur du quartier.
“Il y a urgence, on a eu des tirs de mortiers qui auraient pu être très grave comme un départ de feu sur un balcon au 1 rue du Docteur Calmette. Sans la vigilance d’un locataire et l’intervention rapide des pompiers, il y aurait eu un incendie. Un passant en sortant du métro a été frôlé par un de ces engins“, relate Alain Rubin (photo de une), président de l’association de locataires SEL AFOC93.
“C’est une source de stress au quotidien“
Les habitants du quartier des Sentes, aux Lilas, ont vécu plusieurs semaines avec des tirs de mortiers quasi quotidiens. “On ne sait pas trop pourquoi. Mais c’est toujours tard dans la nuit. Donc c’est une source de stress au quotidien. Il y a des gens qui souffrent de problèmes cardiaques. Ça c’est peut-être un peu calmé, mais c’est un problème fréquent, sans parler des incivilités. Nous attendons toujours des réponses concernant la construction d’un commissariat dans le quartier des Sentes“, signale André Jerosolimski (photo de une), président de la CNL des Sentes.
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“L’actuel commissariat est excentré et vétuste“
Les deux militants associatifs sont à l’originaire d’une nouvelle pétition qui approche les 500 signatures, pour réclamer l’ouverture de ce commissariat de proximité. “L’actuel commissariat est excentré et vétuste. Il est aussi trop petit pour accueillir le nombre de policiers nécessaires. Nous avons écrit au commissaire qui nous a reçu. De leurs côtés, les élus des Lilas et de Romainville ont identifié un terrain. Il y a eu des préemptions partielles du foncier. Ça fait des années que ce projet traine. Maintenant, on veut être reçu par le ministre de l’intérieur pour parler sérieusement“, explique Alain Rubin, dont le fils est mort d’un coup de couteau en voulant s’interposer lors d’une rixe entre jeunes des Sentes et de Gargarine.
Selon le dernier rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté de mai 2021, la situation n’a pas évolué depuis le précédent rapport de 2017. Selon celui-ci, les “conditions matérielles dans lesquelles exercent les fonctionnaires de police du commissariat des Lilas sont déplorables et n’offrent pas un environnement de travail serein. Les locaux de garde à vue sont indignes. Le commissariat doit sans délai être rénové ou déplacé“. En dehors de certains travaux, “rien n’a changé depuis 2017, malgré un état de délabrement avancé de certaines zones“, signale-t-il. En mars 2024, François Dechy, le maire (SE) de Romainville avait fustigé l’indifférence de l’administration. “C’est [le commissariat] le plus indigne de Seine-Saint-Denis. On a travaillé ensemble pour le relocaliser. Nous avons trouvé un foncier. Mais l’État nous fait les poches pour ce qui relève d’une politique régalienne : maintenant, il faudrait que l’on co-finance ce commissariat“, s’insurgeait-il.
“Les habitants du quartier craignent qu’un incident grave ne finisse par survenir“
Le maire (PS) des Lilas, Lionel Benharous, a lui aussi interpellé Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur. D’abord, par un courrier le 18 mars pour l’alerter sur “les tirs de mortiers réguliers“. Puis par un autre courrier le 19 mai, sur des tirs “devenus nettement plus fréquents, quasi-quotidiens“. “Comme de nombreux maires, j’ai pris un arrêté pour en interdire la vente aux Lilas… mais Internet permet de s’en procurer très facilement depuis l’étranger !“, fait-il savoir appelant au démantèlement les réseaux d’approvisionnement de ces engins pyrotechniques.
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“Sans action forte de vos services, les habitants du quartier, que je rencontre et avec lesquels je travaille très régulièrement, craignent qu’un incident grave ne finisse par survenir“, écrit-il. Aussi, l’édile demande le “renforcement immédiat des effectifs du commissariat des Lilas” et “l’engagement de l’État à financer la reconstruction du commissariat des Lilas sur le terrain identifié de concert avec vos services à la lisière des quartiers des Sentes, de l’Avenir et de Gagarine, pour faire enfin aboutir ce projet indispensable, porté conjointement par les villes des Lilas et de Romainville depuis des années et qui permettra d’abriter des fonctionnaires de police en nombre suffisant et de leur offrir, ainsi qu’aux usagers des conditions de travail et d’accueil dignes.”
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