Lancés en septembre, les travaux de rénovation-extension des instituts de formation de l’hôpital Robert Ballanger doivent “redorer” une filière d’infirmiers en forte tension dans le territoire. Des métiers qui attirent mais peinent à fidéliser. Contexte.
Des salles de cours et un amphi qui n’ont jamais été rénovés depuis son ouverture en 1981… Le “coup de frais” apporté aux instituts de formation de l’hôpital Robert Ballanger est plus que bienvenu, explique Lydia Schull, sa directrice. Depuis le 1er octobre, les travaux d’extension et de réhabilitation sont enfin lancés grâce à une double subvention de la région Île-de-France. Ils concernent l’Institut de formation en soins infirmiers (IFSI), l’Institut de formation d’auxiliaire de puériculture (IFAS) et l’Institut de formation d’aide-soignant.

“La capacité de formation passera de 95 étudiants infirmiers aujourd’hui à 120“
Les deux chantiers se dérouleront en plusieurs phases pour un montant respectivement de 2,4 millions d’euros et de 1,5 million d’euros dans un premier temps. L’objectif est de livrer le tout en septembre 2026. “C’est clairement un renouveau qui va aussi nous permettre de créer deux salles de 60 apprenants supplémentaires chacune. La capacité de formation passera de 95 étudiants infirmiers aujourd’hui à 120“, se réjouit Lydia Schull qui est aussi coordinatrice générale des soins du Groupement hospitalier de territoire Grand Paris Nord-Est (hôpitaux de Montfermeil, Montreuil et Aulnay-sous-Bois), auquel est rattaché l’hôpital Robert Ballanger.
Malgré des candidatures en hausse, “un taux d’abandon non négligeable dès le stage de première année“
Par “apprenants”, il faut comprendre des élèves pour la filière aide-soignant et auxiliaire de puériculture et des étudiants pour la filière infirmier/infirmière diplômé d’État issus de Parcoursup ou de la voie de formation professionnelle continue. Une grande part viennent d’Aulnay-sous-Bois, Sevran et Villepinte. Être préparé à pratiquer des soins du quotidien, tout comme de sondages urinaires ou des massages cardiaques par exemple, avec des matériaux de nouvelle génération, c’est tout l’objet de la formation qui s’étale sur trois ans. Des métiers considérés “en tension” notamment en Seine-Saint-Denis et sur le territoire du groupement hospitalier. Selon l’enquête annuelle 2025 “Besoin de main d’œuvre”, de France Travail, la part de difficulté à recruter des infirmiers (et de sages femmes) par rapport aux projets de recrutement (940), s’élève ainsi à 69,1%.
Si la rénovation était nécessaire au regard de l’obsolescence des locaux et du matériel d’apprentissage comme les mannequins pour l’apprentissage par simulation, l’extension vise aussi à répondre à l’augmentation des candidatures. Mais, “paradoxalement, nous avons un taux d’abandon non négligeable dès le stage de première année“, souligne Lydia Schull.

“Le Ségur de la santé a permis d’augmenter un peu les salaires, mais l’argent ne fait pas tout“
En dehors des erreurs de parcours, c’est la confrontation aux exigences de la profession qui rebute. “Un infirmier n’est jamais affecté d’emblée à des horaires de nuit, mais c’est vrai que le fait de se retrouver souvent seul en binôme sur une plage de 12h de nuit avec de nombreux patients à surveiller, fait peur. C’est aussi une source de problèmes dans la vie personnelle, en particulier pour gérer la garde de son enfant que l’on doit déposer à la crèche tôt le matin“, souligne Lydia Schull. Et, comme dans de nombreux autres secteurs d’activités, la crise sanitaire de la covid a encore plus compliqué l’équation du recrutement avec la demande d’un meilleur équilibre entre vie personnelle et professionnelle. “Le Ségur de la santé a permis d’augmenter un peu les salaires, mais l’argent ne fait pas tout. Il y a toute une réflexion à mener sur l’organisation du temps de travail même si en l’état on ne peut pas dédoubler les équipes.”
“Nous avons de nombreux apprenants confrontés à de grandes difficultés. Certains dorment même dans leur voiture, beaucoup vivent avec peu de moyens“
En Seine-Saint-Denis, la vocation implicite que requiert l’exercice du métier d’infirmier se heurte aussi aux réalités sociales des candidats qui postulent. “Nous avons de nombreux apprenants confrontés à de grandes difficultés. Certains dorment même dans leur voiture, beaucoup vivent avec peu de moyens“, détaille la directrice de l’IFSI. Dès lors, cette rénovation est engagée “pour permettre une indispensable amélioration des conditions d’apprentissage et redorer une filière de métiers indispensables pour le fonctionnement du service public de la santé“, souligne-t-elle. Un constat qui est aussi valable pour les formateurs. “Nous avons quatre postes vacants et nous avons du mal à recruter. C’est aussi pour eux que cette rénovation-extension est un enjeu d’attractivité important pour notre institut“, ajoute Lydia Schull qui pointe par ailleurs la difficulté à se loger.
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