Culture | | 02/04
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Bientôt un mémorial dédié aux résistantes de la Seconde guerre mondiale au Fort de Romainville des Lilas

Bientôt un mémorial dédié aux résistantes de la Seconde guerre mondiale au Fort de Romainville des Lilas © CH

La ville des Lilas a signé ce mardi 1er avril l’acquisition des terrains du Fort de Romainville, propriété du ministère de l’Armée. L’acte donne le coup d’envoi d’un projet d’aménagement urbain, lauréat du concours d’architecture Inventons la métropole du Grand Paris… en 2017. Au cœur de ce nouveau quartier, un mémorial unique en France dédié aux femmes résistantes et déportées de la Seconde guerre mondiale, dont le rôle est longtemps resté hors-champ.

Il n’existe pas en France de lieu de mémoire pour hommage aux femmes qui se sont battues dans la résistance et qui ont vécu la déportation. Je suis donc forcément très émue parce que la création du mémorial va enfin pouvoir avancer“, se réjouit Sabine Pesier, co-présidente du Mémorial des femmes en résistance et en déportation qui sera aménagé dans les vestiges du Fort de Romainville. Le projet est, en effet, la pièce maitresse de la transformation de l’ancien site militaire en un nouveau quartier de ville.

“L’aboutissement, on le verra à travers la création de fonctions urbaines qui n’ont jamais existé

Concrètement, la municipalité des Lilas vient, en effet, d’acheter la parcelle du Fort de Romainville à l’État pour un montant de 1,5 million d’euros. Parcelle aussitôt cédée pour le même montant à Cibex, le promoteur immobilier à la tête du groupement lauréat en 2017 du premier concours d’architectes Inventons la Métropole du Grand Paris. Huit ans après, les travaux vont donc pouvoir commencer avec pour horizon 2028 pour les premières livraisons. “En signant ces promesses de vente, nous faisons enfin entrer le projet Grand Lilas dans sa phase opérationnelle“, se félicite Lionel Benharous, le maire (PS) des Lilas, qui a signé les promesses de ventes avec Patricia Miralles, secrétaire d’Etat aux anciens combattants. “Ce n’est pas un aboutissement, c’est une étape importante. L’aboutissement, on le verra à travers l’aménagement foncier et la création de fonctions urbaines qui n’ont jamais existé“, complète Daniel Guiraud, ancien édile de la commune, qui avait lancé le projet.

Lire : Au fort de Romainville : les graffitis des déportés sauvés de l’oubli

© Wcc Cangadoba

Résidence étudiante, nouveau gymnase, ferme urbaine

Au programme, la construction de 200 logements, d’une résidence étudiante de 250 logements et d’un gymnase, la rénovation d’une halle de tennis de table, et la réalisation de près de 7 000 mètres carrés de commerces et d’activités culturelles et artistiques qui seront animées par l’association audonienne Mains d’Œuvre. “Grand Lilas sera un éco-quartier, des logements chauffés par la géothermie, un vaste espace d’agriculture urbaine“, signale aussi Lionel Benharous, sans compter un parc (dit “des remparts”) presque aussi grand que le parc Lucie Aubrac voisin (1,5 hectares). Autant d’équipements qui profiteront aussi au quartier de l’Avenir et à celui des Sentes sur un espace partagé avec l’emprise de l’opérateur numérique TDF.

© CH

Ce mémorial permettra de remettre en lumière le rôle trop longtemps caché des femmes dans la résistance

Pour autant, pas question d’effacer la mémoire du Fort de Romainville. Sept casemates seront préservées pour accueillir le futur Mémorial national des femmes en résistance et en déportation, explique Sabine Pesier. Parmi elles, la casemate 17, où sont gravés de nombreux graffitis laissés par des résistants avant leur déportation, qui a été sauvée d’une lente dégradation. “Du point de vue de la transmission, c’est une très bonne chose que le mémorial soit au milieu d’un lieu d’habitation et d’activités, qu’il y ait des gamins qui jouent autour“, souligne-t-elle. Professeure d’histoire-géographie, Sabine Pesier est aussi la petite-fille de Jacqueline Tamanini, internée par les nazis au Fort de Romainville pendant 15 jours avant d’être déportée à Ravensbruck. À ses côtés, Annick Odru acquiesce. Sa mère, Madeleine Odru ou “Jaqueline” de son nom de résistante, resta enfermée pendant six mois dans le Fort d’août 1942 à sa déportation à Auschwitz-Birkenau le 24 janvier 1943 avec le convoi dit “des 31 000”.

Lire : A Fontenay-sous-Bois, la mémoire des déportés gravée sur des pavés

7 000 personnes ont été détenues au Fort de Romainville par les Allemands de l’été 1940 à l’été 1944, dont 3 800 femmes. À partir de février 1944, ce seront même exclusivement de femmes (les hommes étant dirigés à Compiègne). Plus de 90% d’entre elles ont été déportées, principalement depuis la gare de l’Est à Paris, vers Ravensbrück. “Ce mémorial permettra de remettre en lumière ce lieu méconnu de notre histoire et le rôle trop longtemps caché des femmes dans la résistance“, souligne Loïc Damiani, co-président du Mémorial des femmes en résistance et en déportation, et maire-adjoint de Fontenay-sous-Bois. En attendant l’ouverture du mémorial, un programmation hors-les-murs a démarré le 8 mars avec une exposition “Des graffitis pour la mémoire” à l’hôtel des Invalides à Paris.

Voir la programmation du Mémorial national des femmes en résistance et en déportation
Sur les femmes résistantes également, écouter la série de podcasts de Philippe Collin sur France Inter

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