Le Théâtre du Soleil, visé depuis l’été par une enquête judiciaire, a nié mercredi dans un communiqué des “abus systémiques” après de nouvelles accusations de violences sexuelles parues dans la presse, dont il a reconnu “l’extrême gravité”.
La troupe d’Ariane Mnouchkine est dans la tourmente depuis des accusations de “dérives sexuelles” portées fin mars par la comédienne Agathe Pujol devant la commission d’enquête parlementaire sur les violences sexuelles dans la culture. La comédienne, bénévole au sein de la troupe, avait déclaré avoir été victime d’une tentative de viol en 2010 par un de ses membres lorsqu’elle était mineure et avait décrit plus généralement une “pression sexuelle constante” et un climat d’omerta.
A la suite de ce témoignage, signalé à la justice par la commission, une enquête du “chef de viol sur mineur de 15 ans et agression sexuelle sur mineur de 15 ans a été confiée à l’été 2025 par le parquet des mineurs à la Brigade de protection des mineurs”, selon le parquet à l’AFP.
Dimanche, le site d’information Mediapart a publié de nouvelles accusations, allant du harcèlement au viol, notamment sur des mineures, recueillies auprès de huit femmes, ex-salariées ou bénévoles. Deux comédiens, qui ont depuis quitté la troupe, sont mis en cause pour ces faits qui se seraient déroulés entre 2010 et 2025. Tous deux rejettent les accusations.
“Le Théâtre du Soleil ne nie évidemment pas l’extrême gravité des crimes dénoncés par les victimes et repris dans la presse”, a réagi la compagnie dans un communiqué transmis à l’AFP.
Elle rejette toutefois les “allégations infondées de sectarisme et d’abus systémiques totalement contraires à son histoire et à son fonctionnement réel”, estimant qu’elles mettent en cause “son travail, son intégrité, son honneur”.
Dans son article, Mediapart décrit un “système délétère régi par la toute puissante metteuse en scène” Ariane Mnouchkine, qui aurait permis “indulgence et protection” des mis en cause.
Les victimes “ont été, ou vont pouvoir être, très prochainement entendues par des enquêteurs et des magistrats légitimes” et “les mis en cause vont l’être aussi”, poursuit la compagnie.
En mars, le Soleil, lieu d’expérimentation théâtrale et d’utopie artistique fondé en 1964, avait exprimé sa “sidération” et annoncé le lancement d’une enquête interne, close à la mi-mai et dont les conclusions ont été transmises à la justice.
Une soixantaine de témoignages ont été recueillis via cette enquête interne, a précisé Mme Mnouchkine à l’AFP.
Au printemps, le théâtre avait aussi déclaré avoir exclu deux membres de sa compagnie et nommé une “référente” dédiée aux questions des violences sexuelles en 2024, après un comportement “inapproprié” signalé à la metteuse en scène.
Un nouveau spectacle, le deuxième volet de “Ici sont les dragons”, est prévu pour début mars au théâtre de la Cartoucherie de Vincennes, dans l’Est parisien.
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