Grand Paris Express | | 27/11
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Chantier hors normes, le Grand Paris Express abritera aussi une collection d’art exceptionnelle

Chantier hors normes, le Grand Paris Express abritera aussi une collection d’art exceptionnelle © SGP/Duy Ahn Nan Duc/Chartier Dalix/Julie Bourges

Avec ses quatre nouvelles lignes (15,16,17 et 18) et ses 68 gares, le Grand Paris Express est incontestablement, à ce stade, le plus grand chantier du siècle, qui va révolutionner les trajets inter-banlieue. Ce projet hors norme a aussi embarqué la plus importante commande publique d’art, associée à des architectures qui sont toutes uniques. Le point.

Au carrefour des Six-Routes à La Courneuve, le chantier de la gare des futures lignes 16 et 17 est entré dans la phase du gros œuvre architectural. Une trentaine d’ouvriers interviennent chaque jour dans cette étape de finition. À l’intérieur, la voûte toute en brique rouge de six mètres de haut et 55 mètres de long, rappelle déjà les vastes halls traversant des anciennes gares. “Ce n’est pas parce que l’on est à La Courneuve ou Saint-Denis que l’on ne doit pas faire du beau“, explique José-Manuel Gonçalvès, le directeur artistique du programme Tandem de la Société des Grands Projets, ex Société du Grand Paris (SGP), l’établissement public maître d’ouvrage du projet. “Notre ambition est que l’on vienne visiter ces gares comme on va voir la tour Eiffel. On a des artistes déjà reconnus, mais aussi des jeunes bourrés de talents. L’atelier de Duy Anh Nan Duc est une caverne des merveilles“, ajoute-il.

Je suis allé voir les promeneurs du parc Georges Valbon pour collecter leurs lignes de la main

Pour la gare des Six-Routes, la SGP a choisi ce plasticien spécialisé dans le végétal en tandem avec l’agence d’architecture Chartier&Dalix. “Je travaille sur ce projet depuis 2017. J’avais l’idée de départ, mais la grande difficulté est qu’il a fallu attendre que la gare soit montée pour résoudre les problèmes techniques“, indique Duy Anh Nhan Duc. L’œuvre (voir photo de une) fait écho aux arbres de la future toiture de la gare présenté par l’architecte Pascale Dalix comme “la gare du parc“. Elle consiste en un système de racines serpentant sur le plafond du niveau -2, où s’effectuera l’entrée vers les quais. “Je voulais créer une œuvre du lien entre le territoire, les habitants et la végétation. Je suis allé voir les promeneurs du parc Georges Valbon pour collecter leurs lignes de la main. Avec le nombre, j’en ai fait une carte pour créer un réseau poétique et complexe, pour montrer la diversité culturelle de la population“, poursuit Anh Nan Duc, qui a grandi à Stains. Pour les garde-corps de la mezzanine qui surplombe les voies, il a aussi réalisé des parois de résine transparente où sont coulés des végétaux et des graines récoltés depuis sept ans au parc Georges Valbon, puis séchés, “qui donnent à voir cette diversité botanique du parc“, précise-t-il. “Cette gare ne ressemble pas aux autres. C’est valable pour chacune des 68 gares du Grand Paris Express (GPE). Chacune appartient à son territoire. L’objectif c’est qu’à travers le geste artistique, les habitants s’approprient le lieu“, considère José-Manuel Gonçalvès.

L’idée, c’est qu’il y ait une séquence de narration qui raconte la ville

© Alice Saey
Fresque d’Alice Saey

Au niveau -3, ce sont six panneaux d’Alice Saey, connue pour ses films d’animation, qui accueillent les voyageurs sur les quais. L’idée, c’est qu’il y ait une séquence de narration qui raconte la ville et qui permette de faire un voyage dans ce temps particulier qui est celui des transports“, pointe Sylvie Vassalo, la directrice du Salon du livre et de la jeunesse de Montreuil et membre du jury du premier appel à projet “Illustrer le Grand Paris” lancé par la SGP en 2021. Autant de scènes collectives qui représentent les grands lieux de socialisation de la commune : le marché au tissu du “Petit Dubaï”, le centre sportif, la Maison de la citoyenneté… “Je voulais dégager une identité commune des habitants de ce quartier qui connait des mutations profondes. Je me suis beaucoup inspirée des acteurs associatifs ou de l’économie solidaire pour raconter cette dimension humaine et la ramener dans le métro“, relate Alice Saey qui a effectué une résidence en 2022 à La Courneuve. La ville lui a d’ailleurs proposé de rester en résidence une grande partie de l’année 2025 à la Maison pour tous Cesaria Evora où elle a laissé une œuvre co-réalisée avec les habitants.

© CH
Signature de la convention entre la ministre de la Culture, Rachida Dati, et le président de la SGP, Jean-François Monteils, sur la mission d’évolution de la commande publique.

Une nouvelle commande pour les quais de 33 gares du Grand Paris Express

Alors que les premières gares de la ligne 15 sont déjà engagées, un second appel à candidatures a été lancé pour 33 nouvelles gares, dont le ministère de la Culture sera partenaire. Le partenariat sera annoncé vendredi au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil qui a démarré ce mercredi. La consultation (jusqu’au 6 mars) porte sur la commande à 33 artistes-auteurs de grandes fresques qui seront intégrées aux quais des gares visant à illustrer les territoires franciliens desservis par le nouveau métro.

© CH

On a la plus grande collection d’art public au monde

Entre les appels à projets “Les œuvres en gares” et “Illustrer le Grand Paris”, le budget global de la programmation artistique du GPE s’élève à date à 49 millions d’euros au total. “C’est complètement inédit. On s’est dit qu’on allait faire beaucoup plus grand que ce qui se fait à Paris. Le réseau [du Grand Paris Express] est plus grand que celui de Paris. On a la plus grande collection d’art public au monde“, s’enthousiasme José-Manuel Gonçalvès. Au total, 133 œuvres seront intégrées aux 68 gares du métro périphérique, dont 70 œuvres “tandems”, associant des artistes et des architectes, et 63 fresques illustrées sur les quais des gares. Une ambition architecturale et culturelle saluée en 2022 par le grand prix d’urbanisme de l’université de Harvard.

© CD
Illustration de Matthias Lehman dans la station Villeuif Gustave Roussy (Val-de-Marne) de la ligne 14, incarnant la préservation de la nature malgré la mutation urbaine

Si la SGP cherche encore à sensibiliser les mécènes, son expertise est désormais reconnue. En déplacement lundi sur le chantier de la gare des Six-Routes, la ministre de la culture, Rachida Dati, a confié une mission sur l’évolution du dispositif du 1 % artistique et de la commande publique artistique à son équipe culture. Objectif : repenser les modalités de sélection des artistes, renforcer l’intégration des œuvres dans l’architecture et associer davantage les habitants à la création. “La SGP n’est pas dans le 1% artistique. Elle a lancé ce programme de manière autonome sans attendre la commande publique qui est, par ailleurs, un processus juridique très lourd, rappelle José-Manuel Gonçalvès. Si on n’avait pas fait cela, jamais autant d’artistes, avec une telle diversité n’y auraient participé !”

Voir toutes les œuvres d’art du Grand Paris Express

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