Environnement | | 02/09
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Clichy-sous-Bois : le loto du patrimoine veut restaurer le parc de la mairie

Clichy-sous-Bois : le loto du patrimoine veut restaurer le parc de la mairie © Fondation du patrimoine

L’urbanisation et le manque d’entretien ont peu à peu gommé son caractère historique. Pourtant, le parc de la mairie de Clichy-sous-Bois a été classé monument historique en 1972, tout comme l’édifice municipal, ancien château édifié à la fin du 16ème siècle par le vicomte de Puységur. Comme pour sept autres sites franciliens, le loto du patrimoine va permettre de le restaurer.

Il faut imaginer un ancien jardin à la française, transformé au début du 19ème siècle en parc paysager à l’anglaise dessiné par l’architecte Brongniart. Cet espace de 8 hectares s’étend aujourd’hui à l’ouest de l’hôtel de ville de Clichy-sous-Bois. Du patrimoine originel, il reste les grottes qui ont servi de toile de fond au court-métrage Les Misérables réalisé en 2017 par Ladj Ly (film primé aux Césars), la glacière construite en 1762 et les cascades.

Redonner au parc son identité historique, écologique et sociale

Pour la fondation du patrimoine, le parc de la mairie est “l’un des derniers témoins d’un passé rural profondément transformé par l’urbanisation“. Bien que délaissé, “le parc mêle harmonieusement les codes du jardin à l’anglaise et des éléments du jardin à la française. On y retrouve des allées sinueuses, un étang pittoresque ponctué de trois îles, ainsi qu’une riche composition arborée mêlant essences anciennes, espèces pionnières et plantations plus récentes“. Tout l’enjeu du projet porté par le loto du patrimoine consiste donc à “redonner au parc son identité historique, écologique et sociale, tout en le reconnectant harmonieusement avec la ville.

La préservation du patrimoine s’est ainsi retrouvée opposée artificiellement aux réponses proposées aux difficultés sociales du quartier

De fait, après son rachat par la mairie en 1929, le parc s’appauvrit progressivement, les perspectives disparaissent dans un espace désormais boisé. C’est finalement le projet de création d’un quartier moderne au début des années 1960 qui entraine son inscription puis son classement sur la liste des monuments nationaux. Pour autant, comme l’explique Mirabelle Croizier et Antoine Quenardel dans la revue associative Pierre d’angle (décembre 2021), il s’en est fallu de peu pour que la zone d’aménagement concerté (ZAC) du Bas-Clichy lancée dix ans après les émeutes de 2005, ne se fasse en ignorant la protection du parc et surtout son intérêt patrimonial. “La préservation du patrimoine s’est ainsi retrouvée opposée artificiellement aux réponses proposées aux difficultés sociales du quartier“, notent les auteurs, regrettant le manque d’ambition politique qui a longtemps prévalu. De son côté, pour décrire “l’état de péril“, la fondation du patrimoine énumère : “bosquets supprimés, sous-étage arbustif disparu” ; “la partie ouest est transformée en terrains de sport” ; les éléments patrimoniaux comme la grotte, la cascade et la glacière, “se dégradent“.

La nécessité d'”une action urgente et coordonnée“.

Malgré tout, le parc de la mairie “incarne un lien rare et précieux entre nature et mémoire” selon la fondation du patrimoine. Classé en zone naturelle d’intérêt écologique (ZNIEFF), il abrite la tulipe sylvestre, une espèce florale protégée. Avec sa flore typique des boisements calcaires ainsi qu’une faune diversifiée, avec pas moins de 38 espèces d’oiseaux recensées, il est aussi un “témoin vivant de l’ancienne forêt de Bondy“. Une expertise de 2023 recense 401 arbres, mais plusieurs affaiblis ou à abattre. De plus, la maladie de la suie se propage “menaçant durablement le patrimoine arboré.” Aussi, la fondation signale la nécessité d'”une action urgente et coordonnée“.

Le projet de réhabilitation commence par la restauration écologique et paysagère de la partie ouest, où se situe l’ancien stade Caltot, “en un espace paysager intégrant les fonctions de proximité du square du Chêne Pointu, avec recomposition forestière et création de bosquets sur techno-sol.” Il se poursuivra en 2026 par le lancement du chantier international de restauration des ouvrages patrimoniaux (glacière, grotte, source). Le dernier volet, prévu en 2027, prévoit la remise en état de la pièce d’eau (curage et reprofilage des berges) et la création d’un chemin de l’eau pour restaurer l’écosystème hydraulique. Le projet du loto du patrimoine prévoit aussi la valorisation des espaces sociaux et des cheminements et un suivi écologique et patrimonial sur le long terme.

L’objectif est de faire du parc un lieu vivant de biodiversité, d’éducation et de mémoire collective

Dans ce cadre, une diversité d’acteurs doit être mobilisée. “Les élus assurent l’ancrage institutionnel du projet, tandis que les associations locales, accompagnées par la Divaq (la direction de la vie associative et des quartiers), participent activement à sa co-construction. Des écologues et naturalistes mènent les diagnostics et assurent le suivi écologique“, précise la fondation. De plus, des actions pédagogiques doivent associer les écoles, “avec ateliers, plantations et visites guidées.” Enfin, des chantiers participatifs et des campagnes de sensibilisation viseront à impliquer les citoyens. “L’objectif est de faire du parc un lieu vivant de biodiversité, d’éducation et de mémoire collective“, résume la fondation.



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