Afghane, ivoirienne, guinéenne, roumaine, iranienne, éthiopienne… Près d’une vingtaine de nationalités se côtoient dans les cuisines de Label Gamelle à Montreuil. Lancée en pleine crise covid à la cité Mozinor, la coopérative livre 2 000 repas par jour, principalement à des centres d’hébergement d’urgence (CHU) comme celui d’Ivry-sur-Seine, et des restaurants universitaires. Aux fourneaux : des salariés en insertion venant en grande majorité de ces CHU.
“Certains ne parlent pas français quand ils arrivent, j’ai un collègue qui a un handicap, mais, Label Gamelle embauche tout le monde, quelle que soit la situation, l’âge…“, explique Séphora (à gauche sur la photo de une), charlotte ajustée sur la tête. La jeune femme a quitté la Côte d’Ivoire pour arriver en France en 2020, en passant par l’Italie et après avoir vécu neuf mois en Tunisie. “Quand j’ai obtenu mon titre de séjour, le centre d’hébergement d’urgence [CHU] où je vis à Montfermeil m’a orientée ici. C’est mon premier emploi. Je suis très contente“, relate-t-elle. Désormais, elle cherche un logement.
2 000 repas par jour
Comme Séphora, la plupart des 26 salariés en insertion de la coopérative sont issus de parcours d’exil parfois lointains et souvent difficiles, comme Osama, qui vient de Gaza, Daher d’Afghanistan ou Sam du Soudan. “Ce sont de gros bosseurs qui en veulent. Certains salariés mettent parfois une heure et demie pour venir“, observe Christine Merckelbagh, co-fondatrice de Label Gamelle.
Curry d’agneau, poulet mafé, cassoulet… Chaque jour, quatre camions viennent prendre les 2 000 repas préparés à la cuisine centrale. Direction 22 sites de la région, principalement des CHU dont un accueil de jour et un centre de mise à l’abri. Le plus important est le CHU pour migrants d’Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne avec 500 repas quotidiens. Fin 2024, Label Gamelle a accéléré sa montée en puissance en remportant un appel à manifestation d’intérêt pour livrer des repas aux étudiants en situation de précarité.Ils livrent désormais 500 repas par semaine à l’université Paris 8, 200 à l’IUT de Montreuil et 100 à l’IUT de Tremblay-en-France.
![](https://94.citoyens.com/wp-content/blogs.dir/2/files/2025/02/la-cuisine-centrale-de-label-gamelle-1024x576.jpeg)
“On a deux missions : restaurer et insérer“
“On a deux missions : restaurer et insérer“, rappelle Christine Merckelbagh. Pour recruter ses salariés en contrat à durée déterminé d’insertion (CDDI), Label Gamelle s’adresse directement aux CHU qu’elle livre. “C’est le circuit court de la solidarité“, résume-t-elle, avant d’ajouter : “Ici, l’heure, c’est l’heure. On ne fait pas dans la charité. On travaille à redonner de l’autonomie“. Logement, titres de séjour, permis de conduire, garde d’enfants, les obstacles à l’insertion restent nombreux.
“On travaille à l’apprentissage des compétences transversales : le respect de l’autre, être ponctuel, être capable de laisser ses problèmes personnels de côté. La brigade, c’est une équipe. Pour qu’elle fonctionne, il faut beaucoup de rigueur et surtout une grosse cohésion. Mais, très vite, la solidarité s’installe parce que les équipes tournent sur les différents postes. Il y a aussi grande fierté à préparer les repas des centres où vivent très souvent nos salariés“, détaille Mickaël Fragger, l’un des deux chefs de Label Gamelle avec Vincent Dautry, l’autre co-fondateur de la structure.
“Ce n’est pas parce que l’on est pauvre que l’on doit mal manger“
À l’origine de la création de Label Gamelle, le virage à 180 degrés de Christine Merckelbagh dans sa carrière professionnelle, en quittant son poste de cadre dirigeante dans les assurances. “Je ne supportais plus de voir les gens avoir faim dans le métro. J’avais aussi l’impression de ne savoir rien faire de concret“, explique-t-elle. “À l’époque, j’étais très attirée par le milieu de l’ESS (économie sociale et solidaire), mais je pensais que l’on ne voudrait pas de moi, vu d’où je venais. En fait, je me censurais, j’ai été très bien accueillie”. Pour changer de trajectoire, l’ancienne cadre a commencé par passer un CAP cuisine “pour appendre à faire avec mes mains“.
![](https://94.citoyens.com/wp-content/blogs.dir/2/files/2025/02/christine-merckelbagh-et-mickael-fraga-1024x683.jpeg)
Durant son apprentissage, la rencontre avec Vincent Dautry, alors formateur à l’école de gastronomie Ferrandi, sera décisive. “Ce n’est pas parce que l’on est pauvre que l’on doit mal manger, c’est ce qui nous a réuni, mais ça se décline dans tout : être mal habillé, mal coiffé, mal logé, mal soigné, mal éduqué, mal aimé…”, poursuit la cofondatrice. CAP en poche, à 46 ans, Christine Merckelbagh fait du porte-à-porte avant d’être prise en stage. Très vite, elle ouvre un restaurant associatif dans un foyer de travailleurs immigrés à Montreuil, ville où elle réside depuis vingt ans. Puis, elle lance Label Gamelle. “J’y ai cru à fond. J’ai contacté 200 personnes, j’ai ratissé large. Il a fallu être pugnace“, se souvient-elle.
200 millions d’euros de chiffre d’affaires
Créée au départ comme une société coopérative de production (Scop), Label Gamelle est depuis deux ans une société coopérative d’intérêt collectif (Scic), c’est-à-dire une véritable entreprise commerciale. En tout, elle emploie aujourd’hui 40 personnes, dont deux chefs, deux seconds de cuisine, deux chauffeurs-livreurs qui sont embauchés en CDI, une conseillère en insertion. “Je me bats pour aller chercher des clients.” Les résultats sont au rendez-vous. “Quand on a ouvert, le 4 novembre 2020, on était six et on livrait 80 repas. Depuis le départ, on est rentable.” Aujourd’hui, l’entreprise affiche un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros.
Côté insertion, la coopérative revendique 70% de sorties positives depuis sa création en termes d’emploi et de logement. “Nos dispositifs liés à l’insertion représentent un investissement de 150 millions d’euros par an, pour soutenir 600 entreprises d’insertion par l’activité économique“, chiffre pour sa part Marc Guillaume, préfet d’Île-de-France, venu en visite fin janvier dernier.
“Le but n’est pas de faire plus pour faire plus. Il faut que l’on puisse continuer d’accompagner chaque personne“
À l’étroit dans ses locaux, la coopérative s’apprête à lancer des travaux d’agrandissement qui devraient être achevés en mai, afin d’augmenter sa production à 3 500 repas par jour en 2026. “Le but n’est pas de faire plus pour faire plus. Il faut que l’on puisse continuer d’accompagner chaque personne, insiste Christi
Lancée en pleine crise covid à Montreuil, la coopérative Label Gamelle livre 2 000 repas par jour, principalement à des centres d’hébergement d’urgence (CHU) et, depuis peu à des restaurants universitaires. Aux fourneaux : des salariés en insertion venant en grande majorité de CHU des alentours. Rencontre.
“Certains ne parlent pas français quand ils arrivent, j’ai un collègue qui a un handicap, mais, Label Gamelle embauche tout le monde, quelle que soit la situation, l’âge…“, explique Séphora (à gauche sur la photo de une), charlotte ajustée sur la tête. La jeune femme a quitté la Côte d’Ivoire pour arriver en France en 2020, en passant par l’Italie et après avoir vécu neuf mois en Tunisie. “Quand j’ai obtenu mon titre de séjour, le centre d’hébergement d’urgence [CHU] où je vis à Montfermeil m’a orientée ici. C’est mon premier emploi. Je suis très contente“, relate-t-elle. Désormais, elle cherche un logement.
2 000 repas par jour
Comme Séphora, la plupart des 26 salariés en insertion de la coopérative sont issus de parcours d’exil parfois lointains et souvent difficiles, comme Osama, qui vient de Gaza, Daher d’Afghanistan ou Sam du Soudan. “Ce sont de gros bosseurs qui en veulent. Certains salariés mettent parfois une heure et demie pour venir“, observe Christine Merckelbagh, co-fondatrice de Label Gamelle.
Curry d’agneau, poulet mafé, cassoulet… Chaque jour, quatre camions viennent prendre les 2 000 repas préparés à la cuisine centrale. Direction 22 sites de la région, principalement des CHU dont un accueil de jour et un centre de mise à l’abri. Le plus important est le CHU pour migrants d’Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne avec 500 repas quotidiens. Fin 2024, Label Gamelle a accéléré sa montée en puissance en remportant un appel à manifestation d’intérêt pour livrer des repas aux étudiants en situation de précarité.Ils livrent désormais 500 repas par semaine à l’université Paris 8, 200 à l’IUT de Montreuil et 100 à l’IUT de Tremblay-en-France.
![](https://94.citoyens.com/wp-content/blogs.dir/2/files/2025/02/la-cuisine-centrale-de-label-gamelle-1024x576.jpeg)
“On a deux missions : restaurer et insérer“
“On a deux missions : restaurer et insérer“, rappelle Christine Merckelbagh. Pour recruter ses salariés en contrat à durée déterminé d’insertion (CDDI), Label Gamelle s’adresse directement aux CHU qu’elle livre. “C’est le circuit court de la solidarité“, résume-t-elle, avant d’ajouter : “Ici, l’heure, c’est l’heure. On ne fait pas dans la charité. On travaille à redonner de l’autonomie“. Logement, titres de séjour, permis de conduire, garde d’enfants, les obstacles à l’insertion restent nombreux.
“On travaille à l’apprentissage des compétences transversales : le respect de l’autre, être ponctuel, être capable de laisser ses problèmes personnels de côté. La brigade, c’est une équipe. Pour qu’elle fonctionne, il faut beaucoup de rigueur et surtout une grosse cohésion. Mais, très vite, la solidarité s’installe parce que les équipes tournent sur les différents postes. Il y a aussi grande fierté à préparer les repas des centres où vivent très souvent nos salariés“, détaille Mickaël Fragger, l’un des deux chefs de Label Gamelle avec Vincent Dautry, l’autre co-fondateur de la structure.
“Ce n’est pas parce que l’on est pauvre que l’on doit mal manger“
À l’origine de la création de Label Gamelle, le virage à 180 degrés de Christine Merckelbagh dans sa carrière professionnelle, en quittant son poste de cadre dirigeante dans les assurances. “Je ne supportais plus de voir les gens avoir faim dans le métro. J’avais aussi l’impression de ne savoir rien faire de concret“, explique-t-elle. “À l’époque, j’étais très attirée par le milieu de l’ESS (économie sociale et solidaire), mais je pensais que l’on ne voudrait pas de moi, vu d’où je venais. En fait, je me censurais, j’ai été très bien accueillie”. Pour changer de trajectoire, l’ancienne cadre a commencé par passer un CAP cuisine “pour appendre à faire avec mes mains“.
![](https://94.citoyens.com/wp-content/blogs.dir/2/files/2025/02/christine-merckelbagh-et-mickael-fraga-1024x683.jpeg)
Durant son apprentissage, la rencontre avec Vincent Dautry, alors formateur à l’école de gastronomie Ferrandi, sera décisive. “Ce n’est pas parce que l’on est pauvre que l’on doit mal manger, c’est ce qui nous a réuni, mais ça se décline dans tout : être mal habillé, mal coiffé, mal logé, mal soigné, mal éduqué, mal aimé…”, poursuit la cofondatrice. CAP en poche, à 46 ans, Christine Merckelbagh fait du porte-à-porte avant d’être prise en stage. Très vite, elle ouvre un restaurant associatif dans un foyer de travailleurs immigrés à Montreuil, ville où elle réside depuis vingt ans. Puis, elle lance Label Gamelle. “J’y ai cru à fond. J’ai contacté 200 personnes, j’ai ratissé large. Il a fallu être pugnace“, se souvient-elle.
200 millions d’euros de chiffre d’affaires
Créée au départ comme une société coopérative de production (Scop), Label Gamelle est depuis deux ans une société coopérative d’intérêt collectif (Scic), c’est-à-dire une véritable entreprise commerciale. En tout, elle emploie aujourd’hui 40 personnes, dont deux chefs, deux seconds de cuisine, deux chauffeurs-livreurs qui sont embauchés en CDI, une conseillère en insertion. “Je me bats pour aller chercher des clients.” Les résultats sont au rendez-vous. “Quand on a ouvert, le 4 novembre 2020, on était six et on livrait 80 repas. Depuis le départ, on est rentable.” Aujourd’hui, l’entreprise affiche un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros.
Côté insertion, la coopérative revendique 70% de sorties positives depuis sa création en termes d’emploi et de logement. “Nos dispositifs liés à l’insertion représentent un investissement de 150 millions d’euros par an, pour soutenir 600 entreprises d’insertion par l’activité économique“, chiffre pour sa part Marc Guillaume, préfet d’Île-de-France, venu en visite fin janvier dernier.
“Le but n’est pas de faire plus pour faire plus. Il faut que l’on puisse continuer d’accompagner chaque personne“
À l’étroit dans ses locaux, la coopérative s’apprête à lancer des travaux d’agrandissement qui devraient être achevés en mai, afin d’augmenter sa production à 3 500 repas par jour en 2026. “Le but n’est pas de faire plus pour faire plus. Il faut que l’on puisse continuer d’accompagner chaque personne, insiste Christi
Lancée en pleine crise covid à Montreuil, la coopérative Label Gamelle livre 2 000 repas par jour, principalement à des centres d’hébergement d’urgence (CHU) et, depuis peu à des restaurants universitaires. Aux fourneaux : des salariés en insertion venant en grande majorité de CHU des alentours. Rencontre.
Afghane, ivoirienne, guinéenne, roumaine, iranienne, éthiopienne… Près d’une vingtaine de nationalités se côtoient dans les cuisines de la cité d’entreprises Mozinor, à Montreuil. “Certains ne parlent pas français quand ils arrivent, j’ai un collègue qui a un handicap, mais, Label Gamelle embauche tout le monde, quelle que soit la situation, l’âge…“, explique Séphora, charlotte ajustée sur la tête. La jeune femme a quitté la Côte d’Ivoire pour arriver en France en 2020, en passant par l’Italie et après avoir vécu neuf mois en Tunisie. “Quand j’ai obtenu mon titre de séjour, le centre d’hébergement d’urgence [CHU] où je vis à Montfermeil m’a orientée ici. C’est mon premier emploi. Je suis très contente, même si ça reste difficile parce qu’on court, avec mon mari, pour s’occuper de nos enfants, et parce qu’on a du mal à trouver un logement“, relate-t-elle.
![](https://94.citoyens.com/wp-content/blogs.dir/2/files/2025/02/sephora-salariee-en-ccdi-a-label-gamelle-1024x683.jpeg)
2 000 repas par jour
Comme Séphora, la plupart des 26 salariés en insertion de la coopérative sont issus de parcours d’exil parfois lointains et souvent difficiles, comme Osama, qui vient de Gaza, Daher d’Afghanistan ou Sam du Soudan. “Ce sont de gros bosseurs qui en veulent. Certains salariés mettent parfois une heure et demie pour venir“, observe Christine Merckelbagh, co-fondatrice de Label Gamelle.
Curry d’agneau, poulet mafé, cassoulet… Chaque jour, quatre camions viennent prendre les 2 000 repas préparés à la cuisine centrale. Direction 22 sites de la région, principalement des CHU dont un accueil de jour et un centre de mise à l’abri. Le plus important est le CHU pour migrants d’Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne avec 500 repas quotidiens. Fin 2024, Label Gamelle a accéléré sa montée en puissance en remportant un appel à manifestation d’intérêt pour livrer des repas aux étudiants en situation de précarité.Ils livrent désormais 500 repas par semaine à l’université Paris 8, 200 à l’IUT de Montreuil et 100 à l’IUT de Tremblay-en-France.
![](https://94.citoyens.com/wp-content/blogs.dir/2/files/2025/02/christine-merckelbagh-et-mickael-fraga-1024x683.jpeg)
“On a deux missions : restaurer et insérer“
“On a deux missions : restaurer et insérer“, rappelle Christine Merckelbagh. Pour recruter ses salariés en contrat à durée déterminé d’insertion (CDDI), Label Gamelle s’adresse directement aux CHU qu’elle livre. “C’est le circuit court de la solidarité“, résume-t-elle, avant d’ajouter : “Ici, l’heure, c’est l’heure. On ne fait pas dans la charité. On travaille à redonner de l’autonomie“. Logement, titres de séjour, permis de conduire, garde d’enfants, les obstacles à l’insertion restent nombreux.
“On travaille à l’apprentissage des compétences transversales : le respect de l’autre, être ponctuel, être capable de laisser ses problèmes personnels de côté. La brigade, c’est une équipe. Pour qu’elle fonctionne, il faut beaucoup de rigueur et surtout une grosse cohésion. Mais, très vite, la solidarité s’installe parce que les équipes tournent sur les différents postes. Il y a aussi grande fierté à préparer les repas des centres où vivent très souvent nos salariés“, détaille Mickaël Fragger, l’un des deux chefs de Label Gamelle avec Vincent Dautry, l’autre co-fondateur de la structure.
“Ce n’est pas parce que l’on est pauvre que l’on doit mal manger“
À l’origine de la création de Label Gamelle, le virage à 180 degrés de Christine Merckelbagh dans sa carrière professionnelle, en quittant son poste de cadre dirigeante dans les assurances. “Je ne supportais plus de voir les gens avoir faim dans le métro. J’avais aussi l’impression de ne savoir rien faire de concret“, explique-t-elle. “À l’époque, j’étais très attirée par le milieu de l’ESS (économie sociale et solidaire), mais je pensais que l’on ne voudrait pas de moi, vu d’où je venais. En fait, je me censurais, j’ai été très bien accueillie”. Pour changer de trajectoire, l’ancienne cadre a commencé par passer un CAP cuisine “pour appendre à faire avec mes mains“.
Durant son apprentissage, la rencontre avec Vincent Dautry, alors formateur à l’école de gastronomie Ferrandi, sera décisive. “Ce n’est pas parce que l’on est pauvre que l’on doit mal manger, c’est ce qui nous a réuni, mais ça se décline dans tout : être mal habillé, mal coiffé, mal logé, mal soigné, mal éduqué, mal aimé…”, poursuit la cofondatrice. CAP en poche, à 46 ans, Christine Merckelbagh fait du porte-à-porte avant d’être prise en stage. Très vite, elle ouvre un restaurant associatif dans un foyer de travailleurs immigrés à Montreuil, ville où elle réside depuis vingt ans. Puis, elle lance Label Gamelle. “J’y ai cru à fond. J’ai contacté 200 personnes, j’ai ratissé large. Il a fallu être pugnace“, se souvient-elle.
200 millions d’euros de chiffre d’affaires
Créée au départ comme une société coopérative de production (Scop), Label Gamelle est depuis deux ans une société coopérative d’intérêt collectif (Scic), c’est-à-dire une véritable entreprise commerciale. En tout, elle emploie aujourd’hui 40 personnes, dont deux chefs, deux seconds de cuisine, deux chauffeurs-livreurs qui sont embauchés en CDI, une conseillère en insertion. “Je me bats pour aller chercher des clients.” Les résultats sont au rendez-vous. “Quand on a ouvert, le 4 novembre 2020, on était six et on livrait 80 repas. Depuis le départ, on est rentable.” Aujourd’hui, l’entreprise affiche un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros.
Côté insertion, la coopérative revendique 70% de sorties positives depuis sa création en termes d’emploi et de logement. “Nos dispositifs liés à l’insertion représentent un investissement de 150 millions d’euros par an, pour soutenir 600 entreprises d’insertion par l’activité économique“, chiffre pour sa part Marc Guillaume, préfet d’Île-de-France, venu en visite fin janvier dernier.
“Le but n’est pas de faire plus pour faire plus. Il faut que l’on puisse continuer d’accompagner chaque personne“
À l’étroit dans ses locaux, la coopérative s’apprête à lancer des travaux d’agrandissement qui devraient être achevés en mai, afin d’augmenter sa production à 3 500 repas par jour en 2026. “Le but n’est pas de faire plus pour faire plus. Il faut que l’on puisse continuer d’accompagner chaque personne, insiste Christine Merckelbagh. En fait, on veut une alternative au monde économique classique, c’est lui qui détruit tout.”
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