Education | Ile-de-France | 02/09
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Des écrivains, éditeurs et profs pétitionnent contre la mutation numérique des manuels scolaires en Ile-de-France

Des écrivains, éditeurs et profs pétitionnent contre la  mutation numérique des manuels scolaires en Ile-de-France © Jan Vasek

Ecrivains, éditeurs et nombre d’enseignants redoutent une disparition progressive des manuels scolaires papiers en Ile-de-France au profit de manuels numériques agrégés sur une plateforme unique. Présidente de la région, Valérie Pécresse s’en défend. Débat.

Plus de 500 signataires s’alarment dans une tribune publiée mardi par Le Monde d’un remplacement des manuels scolaires en format papier ou numérique par des cours en ligne accessibles sur une plateforme unique, Pearltrees.

C’est l’école “du scroll”, “un puzzle éclaté où chaque élève est livré à lui-même”, argumente la pétition, décriant l’absence de consultation des enseignants, parents et élèves. “Nous ne sommes ni nostalgiques, ni technophobes. Mais nous affirmons que l’éradication du manuel scolaire comme repère partagé est une erreur”, précisent les signataires, parmi lesquels les écrivains Aurélie Valognes et Sorj Chalandon ou l’animateur Stéphane Bern.

Leur mobilisation fait suite à l’annonce par la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse (LR) la semaine dernière d’un doublement du nombre de manuels numériques dit “libres”, conçu par des responsables académiques franciliens. Ils sont désormais 50 à être accessibles gratuitement via Pearltrees.

Valérie Pécresse avait ainsi expliqué, lors de sa conférence de presse de rentrée, que “deux niveaux des enseignants” étaient “aujourd’hui utilisateurs de manuels libres”. “Trois-quarts des manuels offerts par la région ne sont pas ouverts par les élèves”, avait-elle ajouté.

La présidente de région a par ailleurs rappelé que le choix avait été donné en 2019 aux établissements de garder le papier, ou de passer au “tout numérique”, à la faveur d’un changement des programmes qui impliquait l’achat de nouveaux manuels. La moitié des établissements avaient alors choisi de garder des manuels scolaires papier – tout en ayant accès aux manuels libres sur Pearltrees. Une fois le choix du numérique acté, il n’y a en revanche plus de retour en arrière possible pour les établissements, jusqu’au prochain renouvellement des programmes.

“Nous ne sommes pas dans la démarche d’aller vers le tout numérique”, indique à l’AFP le vice-président de la région en charge des lycées, James Chéron.

Sur le plan financier, les syndicats relèvent que pour cette nouvelle année scolaire, même les lycées franciliens qui n’ont pas fait le choix du tout numérique n’ont pas reçu de dotation de la région pour acheter de nouveaux manuels. “Seuls les manuels numériques seront financés et encore de manière très imparfaite”, déplore Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, premier syndicat du secondaire. La syndicaliste estime aussi qu’il y a contradiction entre la volonté de réduire le temps d’écran des élèves mis en avant par l’Éducation nationale, et le déployé d’outils dématérialisés.

Quid du contrôle des contenus ?

Le groupe d’opposition communiste et écologiste d’Ile-de-France dénonce lui une “remise en cause de la liberté pédagogique”, affirmant que “le cahier des charges du marché public relatif à cette plateforme permet à la région et à son prestataire Pearltrees d’en contrôler les contenus en s’octroyant le pouvoir de retirer un contenu”.

Patrice Lamothe, PDG de Pearltrees, soutient à l’inverse que les manuels disponibles sur sa plateforme “ne sont pas seulement granulaires mais peuvent être réorganisés en parcours, à l’infini” selon les souhaits pédagogiques des enseignants.

Joint par l’AFP, il dit “comprendre les craintes des éditeurs dont l’industrie est en mutation” face aux pressions générées par le passage au numérique pour “baisser leurs prix”.

Caroline Maitrot, fondatrice de Nomad Education, une autre plateforme de cours en ligne, estime pour sa part qu’il y a là une tentative des éditeurs de livres scolaires de maintenir une “position dominante” au lieu de s’adapter aux usages numériques des élèves.

Le ministère de l’Éducation n’a pas répondu à la question de savoir si ces manuels numériques libres étaient également promus dans d’autres régions.

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