Ce mardi 7 janvier marque le début d’un sinistre anniversaire, dix ans après l’attentat de Charlie Hebdo, qui avait fait 12 morts. Il avait été suivi le lendemain de l’assassinat d’une policière à Montrouge, et deux jours plus tard d’un autre attentat à l’Hypercacher de la Porte de Vincennes. Une année noire, achevée par les attentats du vendredi 13 novembre et leurs 130 morts.
Douze personnes, dont huit membres de la rédaction, ont perdu la vie dans l’attaque de Charlie Hebdo par les frères Chérif et Saïd Kouachi, Français d’origine algérienne qui avaient prêté allégeance à Al-Qaïda, le mercredi 7 janvier 2015. Les victimes : Frédéric Boisseau, agent de maintenance qui intervenait dans l’immeuble, et fut la première victime, Franck Brinsolaro, policier en charge de la protection de Charb, les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski, l’économiste Bernard Maris, la psychanalyste Elsa Cayat, le journaliste correcteur Mustapha Ourrad, le fondateur du festival Rendez-vous du carnet de voyage de Clermont-Ferrand, Michel Renaud, et Ahmed Merabet, agent à VTT du commissariat du 11e arrondissement, touché puis achevé au sol alors qu’il tentait de barrer la route des terroristes après l’attentat. À ces victimes, s’est ajouté l’ancien webmaster de Charlie Hebdo, Simon Fieschi, grièvement blessé dans l’attentat et mort en octobre dernier, à 40 ans.
Après deux jours de traque, les frères Kouachi avaient été abattus par une équipe d’intervention du GIGN, le groupe d’élite de la gendarmerie française, dans une imprimerie de la région parisienne où ils s’étaient retranchés.
Le jeudi 8 janvier 2015, c’est une policière de Montrouge, Clarissa Jean-Philippe, qui avait été mortellement blessée par Amedy Coulibaly, avant que celui-ci ne s’en prenne le lendemain à L’Hyperchacher de la porte de Vincennes.
Ce vendredi 9 janvier 2015, quatre clients du supermarché avaient péri : Philippe Braham, Yohan Cohen, Yoav Hattab et François-Michel Saada.
La commémoration de cette série meurtrière et traumatisante démarre ce mardi 7 janvier. Elles seront “comme chaque année” marquées “par la sobriété, conformément au souhait des familles”, indique la mairie de Paris. La maire Anne Hidalgo rendra hommage aux victimes en présence d’Emmanuel Macron et de plusieurs ministres.
Les premières cérémonies débuteront mardi à 11h30 (10H30 GMT) rue Nicolas-Appert dans le XIe arrondissement, où Charlie Hebdo avait ses locaux en 2015. Elles se poursuivront boulevard Richard Lenoir, où le policier Ahmed Merabet a été abattu par les Kouachi dans leur fuite. Elles s’achèveront à 13h10 (12H10 GMT) par un hommage aux victimes du magasin Hyper Cacher.
De son côté, Charlie Hebdo sort un numéro spécial de 32 pages, prévenant à sa une être “increvable!”, avec le dessin d’un lecteur jovial assis sur un fusil d’assaut, lisant ce journal “historique”. Journal anarchiste et anticlérical créé en 1970 sur les cendres du magazine Hara-Kiri, Charlie Hebdo était la cible de menaces jihadistes depuis la publication de caricatures du prophète Mahomet en 2006.
Défendre la liberté d’expression, encore et toujours
Dix ans après, Charlie Hebdo publie dans son numéro spécial une série de caricatures sur le thème #RiredeDieu. L’hebdomadaire, dont la ligne anticléricale n’a jamais varié, a lancé fin 2024 un concours international invitant à dessiner la “colère contre l’emprise de toutes les religions”.
Parmi 350 dessins reçus, près de 40 ont été sélectionnés. L’un montre une mère et son enfant dans un paysage de ruines se disant qu’“un dieu ça va, trois, bonjour les dégâts”, un autre présente un dessinateur qui se demande si dessiner “un type qui dessine un type qui dessine Mahomet, ça va ?”.
Le journal publie également les résultats d’une étude de l’institut de sondage Ifop réalisée en juin 2024 indiquant que 76% des Français estiment que “la liberté d’expression est un droit fondamental” et que “la liberté de caricature en fait partie”.
Riss, le successeur de Charb à la tête de Charlie Hebdo, souligne dans l’édito que “la satire possède une vertu qui nous a aidés à traverser ces années tragiques : l’optimisme”.
“Quoi qu’il arrive de dramatique ou d’heureux, l’envie de rire ne disparaîtra jamais”, affirme-t-il en revenant sur les dernières années marquées, selon lui, par une “situation géopolitique” qui s’est “aggravée”.
Il faut défendre la liberté d’expression, résultat de notre histoire, mais il faut lutter contre le ‘libertarisme’ à la mode ‘X’ de E. Musk, qui consiste à répendre fausses nouvelles, mensonges, désinformation et manipulations.
La liberté ne consiste pas en l’absence de règles !
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