Société | | 07/11
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Dix ans après les attentats, l’immeuble refuge des jihadistes enfin démoli à Saint-Denis

Dix ans après les attentats, l’immeuble refuge des jihadistes enfin démoli à Saint-Denis © Wcc Chris93

“J’ai l’impression qu’une partie de moi a été détruite.” Au cœur de Saint-Denis, Maissa Atek pleure le souvenir de l’immeuble décati où elle a vécu jusqu’à ce matin de l’automne 2015, quand le Raid a pris d’assaut la cache du chef du commando des attentats du 13-Novembre.

Dix ans après les faits, de l’immeuble de trois étages, il ne reste qu’un monticule de gravas: la démolition partielle et la réhabilitation de ce coin de rue a finalement débuté.

À proximité de la basilique des rois de France, c’est à cet angle de la principale avenue commerçante de la ville que les unités spécialisées de police interviennent le 18 novembre 2015.

À 04H20, l’assaut est lancé contre le bâtiment où se cache Abdelhamid Abaoud, considéré comme le chef du commando qui a fait trois jours plus tôt 130 morts autour du Stade de France, sur les terrasses des 10e et 11e arrondissements de Paris et au Bataclan.

L’opération est d’une extrême violence. Pendant plusieurs heures, le Raid crible l’immeuble de plus de 1 500 balles. Abaoud et son complice Chakib Akrouh ripostent de quelques tirs avant de trouver la mort, tout comme la cousine d’Abaoud qui leur avait trouvé cette planque.

C’est Jawad Bendaoud, surnommé le “logeur de Daesh”, qui avait fourni aux deux jihadistes un des appartements dont il disposait à cette adresse.

“Page funeste tournée”

Composé de cinq bâtiments vétustes, l’ensemble immobilier “faisait l’objet de nombreux arrêtés de péril depuis très longtemps. Les premiers datent de 1999,” rappelle le maire Mathieu Hanotin.

L’actuel édile de Saint-Denis-Pierrefitte déplore “une inaction pendant de très nombreuses années (…) qui avait conduit justement l’inénarrable M. Bendaoud à s’approprier des logements”.

Alors que se profilent les commémorations des 10 ans des attentats, la municipalité se satisfait de l’opération immobilière qui “montre que cette page funeste est dorénavant tournée.”

Un concours d’architectes va être lancé au premier trimestre 2026, avec une fin des travaux prévue à l’horizon 2029.

Deux commerces et 17 appartements sont prévus, en lieu et place des 38 logements et cinq boutiques qui existaient jusqu’en 2015 et où habitaient 45 familles dans des conditions plus que précaires.

Parmi elles, celle de Maissa Atek qui y a passé les huit premières années de sa vie avec sa mère, sa grande sœur et son petit frère.

Émue face au bulldozer à l’arrêt, la jeune femme, tout juste majeure, témoigne auprès de l’AFP de l’insalubrité des lieux d’alors.

“On avait des poteaux qui maintenaient le plafond”, se souvient-elle. “C’était vraiment chaotique mais on faisait avec”, raconte la lycéenne dont la mère était arrivée en France à cette adresse, en 2004.

Assaut à hauteur d’enfant

Elle n’était qu’une enfant mais elle se souvient des coups de feu qui les ont réveillés ce jour de novembre 2015 et des policiers hurlant “à terre, à terre!”.

“On a été déboussolés, (…) juste tétanisés,” se remémore Maissa, les yeux embués de larmes. “Quand on voit notre maman dans un état de choc comme ça, on est perdu.”

Des sept heures qu’a durées cet assaut, un temps qu’elle juge encore “interminable”, elle explique pudiquement garder “des séquelles morales”.

Constater de ses propres yeux aujourd’hui la destruction de l’immeuble constitue tout autant un choc pour elle.

“Je passe souvent ici pour me remémorer mes plus beaux souvenirs avec mes frères et sœurs,” raconte-elle aux abords de la rue piétonne animée. “Voir que tout a été détruit, j’ai l’impression qu’une partie de moi a été détruite, une partie de mon enfance”, soupire l’élève de terminale.

Que l’urbanisme prenne le pas sur sa nostalgie, elle s’y attendait: “Reconstruire quelque chose de nouveau, ça serait sympa oui… histoire de passer outre, on va dire,” conclut-elle, un faible sourire aux lèvres.

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