Des bouquets de fleurs blanches dérivent doucement sur l’eau. Vendredi après-midi à Choisy-le-Roi, proches et associations ont rendu hommage aux quatre hommes dont les corps ont été retrouvés dans la Seine cet été. Reportage.
Frantz, Sami, Abdallah, Amir: les meurtres de ce Français, ces deux Algériens et ce Tunisien ont profondément choqué la petite centaine de personnes venue participer à une marche blanche le long du fleuve, à l’appel de plusieurs associations et de proches, et en présence de plusieurs élus dont le maire de la ville.
Suspecté des quatre crimes, un jeune homme sans-abri, à l’identité et au mobile criminel encore nébuleux, a été mis en examen et incarcéré le 24 août.
“J’ai perdu mon fils unique”
“J’ai perdu mon fils unique, qui est-ce qui va me le rendre ? Personne. Un jour, on se retrouvera là-haut”, souffle Nadine, la mère de Frantz, après avoir marché quelques centaines de mètres, bouquet de fleurs à la main, en musique.
Abri de fortune pour deux des victimes, lieu de drague gay, chemin par lequel on transite à pied ou à vélo, cet espace pluriel et le flou qui entourent encore les investigations ont conduit des associations de défense LGBT+ tout comme des organisations qui travaillent avec les personnes sans-papiers à s’unir dans cet hommage.
“Nous sommes là pour aider et pour rappeler qu’on aurait pu les sauver, on peut héberger, nourrir”, interpelle Terrence Khatchadourian, secrétaire général de Stop Homophobie. Suspectant un mobile homophobe, l’association s’est constituée partie civile dans ce dossier.
A ce stade, le caractère homophobe des crimes n’a pas été retenu mais “les autorités enquêtent” sur cette piste, indique Me Etienne Deshoulières, avocat de l’association et de Nadine. “C’est nécessaire de comprendre qu’aujourd’hui nous sommes là pour quatre victimes.”
“J’aimerais pouvoir dire à une maman pourquoi son enfant a été victime de ça”
“Personne ne mérite ça, quelle que soit la situation”, lâche Mourad Saoud, les larmes aux yeux. “J’aimerais pouvoir dire à une maman pourquoi son enfant a été victime de ça. Il faut qu’on puisse avoir (…) le pourquoi du comment”, poursuit le coordinateur de la cellule sociale de l’association de Choisy Assistance, support et action sociale à la population (Asasp). L’association, qui a indiqué avoir connu les victimes avant leurs disparitions ainsi que le suspect, a annoncé se rendre prochainement en Tunisie et en Algérie pour rencontrer les parents des victimes qui en sont originaires.
Père d’une fille lesbienne et président d’une association de solidarité, Nagibin, 52 ans, est venu comme d’autres habitants de Choisy-le-Roi pour rendre hommage aux victimes et demander “plus de tolérance, plus de respect”.
“Ces personnes qui ont été tuées ont été invisibilisées, c’est ça moi qui me bouleverse profondément”, regrette pour sa part Lilian, 18 ans, étudiant en droit et militant pour La France insoumise, qui estime que la couverture médiatique de ces découvertes a été insuffisante. Sans vouloir être “caricatural, c’aurait été une personne d’un autre rang social qui aurait été tuée, un patron ou un footballeur, ça aurait fait la une de tous les journaux”.
Une heure et demie plus tard, après une minute de silence et les prises de parole, Nadine a repris son petit bouquet orange pour remonter le quai. Non sans être allée voir le local où vivaient Amir et Abdallah, tout près de là. “Je suis la maman de Frantz, certes, mais il faut penser aux autres aussi, à la douleur de leurs familles”.
Il y a les victimes, de crimes ou délits, dont la presse nationale se passionne. Il y a aussi les victimes pour lesquelles se déplace un(e) ministre, de l’intérieur, de l’égalité femmes-hommes (sic), etc. Eh bien, pour ce qui est d’énormes biais dans la compassion, les preuves ne manquent pas. même si Citoyens.com relève le niveau.
A moins que quelqu’un ait vu un(e) ministre à Choisy ? Sur ce petit “chemin par lequel on transite à pied (..)” entre gare RER et lieu de travail aussi, simplement, en croisant surtout des oiseaux de mer en bord de Seine, et pas d’autre prédateur.
“Idéal commun de liberté, d’égalité et de fraternité” dit la Constitution (préambule). Sauf que certains sont plus égaux (voire égales) que d’autres, disait Coluche.
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