Avec les fortes chaleurs, les plongeons dans la Marne ou la Seine se multiplient dans le Grand-Paris, y compris hors des zones de baignades autorisées. Des drones de surveillance ont été déployés pour verbaliser les nageurs.
Vendredi 4 juillet, 28 degrés au thermomètre. Près du port de plaisance de Neuilly-sur-Marne, quelques promeneurs flânent à l’ombre, tandis que deux femmes trempent leurs jambes dans l’eau, juste sous un panneau “baignade interdite”. Le 15 juin, un adolescent de 14 ans s’est noyé ici-même après avoir sauté depuis un ponton. Il ne savait pas nager.
Entre le 1er juin et le 2 juillet, plus de 400 noyades ont été recensées en France, dont 109 mortelles, d’après Santé publique France. Les jeunes sont particulièrement concernés: 19 mineurs sont morts noyés en un mois, un chiffre en nette hausse par rapport à la même période de 2024. La majorité des accidents ont lieu dans des zones non surveillées, souvent interdites à la baignade.
“Ce sont surtout des jeunes qui ont envie de se lancer des défis“, observe Frédérique, 47 ans, habitante de Neuilly-sur-Marne. Comme d’autres, elle voit régulièrement des adolescents sauter dans le fleuve, malgré les interdictions.
Le secteur de l’écluse est particulièrement dangereux, en raison du courant, d’objets immergés et de fonds soudainement profonds. “Même quand on a pied, un mètre plus loin, c’est trois mètres de fond”, prévient Zartoshte Bakhtiari, maire sans étiquette de Neuilly-sur-Marne.
“C’est un petit spot accessible, pas loin du centre-ville, mais dangereux”, confirme Fériel Ben Ali, 19 ans, employée saisonnière à la location de bateaux du port.
Une piscine naturelle surveillée doit ouvrir près du port de plaisance de la ville à l’été 2026. En attendant, la police municipale passe “très régulièrement”, assure le maire.
Surveillance au drone
La brigade fluviale de la préfecture de police, elle, patrouille quotidiennement. Vendredi, une opération de sécurisation a été déclenchée à l’aide de drones et de bateaux.
“On a repéré des baigneurs avec l’image drone”, explique le lieutenant Ronan à la brigade fluviale de la police de Paris, tablette de contrôle en main dans le bateau de patrouille.
Depuis 2023, les drones sont devenus des outils réguliers pour les interventions fluviales. “Ça nous permet de ratisser une zone qui est beaucoup plus large de façon discrète”, explique l’adjoint Ronan.
Depuis le début du mois de juin, “plusieurs dizaines” de verbalisations ont été dressées pour baignade non-autorisée. “On constate avec les canicules une grande augmentation au niveau de l’affluence sur les bords de Marne ou de Seine”, témoigne l’agent, identifiant “une population assez jeune qui se baigne”.
Voies navigables de France, avec sa campagne de prévention #CoulePasTonÉté ciblant les jeunes, rappelle que se baigner près des écluses ou dans le sillage des bateaux reste extrêmement risqué. Les témoignages recueillis par l’AFP montrent que les interdictions sont parfois connues, mais ignorées.
“On savait qu’on n’avait pas le droit. On est là parce qu’à la piscine, on ne peut pas y aller, on a moins de 15 ans”, admet Daphné, 14 ans, en train de se baigner dans la Marne près d’un pont à Chelles (Seine-et-Marne).
En parallèle des campagnes de prévention, plusieurs collectivités, comme Paris, misent sur le développement de sites autorisés.
Cet été, 27 sites de baignade surveillés sont recensés en Île-de-France, dont trois dans la Seine. A Neuilly-sur-Marne, le maire espère que l’ouverture d’une zone de baignade limite les comportements à risque.
“La ville doit se préparer à des épisodes de fortes chaleurs”, souligne Zartoshte Bakhtiari. “Quand il fait très chaud, vous avez aussi légitimement envie de vous plonger dans cette rivière qui passe juste sous vos fenêtres.”
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