L’alerte rouge vague de chaleur déclenchée, la Croix Rouge a renforcé sa présence avec des “maraudes canicule”. Au-delà de la température, cette présence sur le terrain a permis ce mardi à une septuagénaire d’éviter de passer sa première nuit à la rue.
Rungis, mardi 1er juillet, 20h30. A la délégation locale de la Croix Rouge, la patrouille du soir est prête. L’antenne locale, qui couvre les deux communes de Fresnes et Rungis, compte pas moins de 60 bénévoles qui agissent sur les quatre pôles d’intervention de l’association : l’action sociale, la formation, le secours à la personne et les actions d’urgence. Des bénévoles qui travaillent en lien avec l’équipe de professionnels du SIAO (service intégré d’accueil et d’orientation) de Créteil, un service de l’Etat délégué à la Croix rouge en Val-de-Marne. Entièrement intégré, ce service organise des maraudes professionnelles complétées par les maraudes bénévoles, gère l’accueil des appels au 115 (numéro pour demander un hébergement d’urgence) et assure le suivi des personnes prises en charge pour les aider à se réinsérer socialement.
Ce mardi soir, en pleine canicule, la patrouille de bénévoles de Fresnes-Rungis s’apprête à faire une maraude départementale, complémentaire des maraudes locales. Au-delà de s’assurer que tout va bien, leur proposer de l’eau, de quoi manger et de leur laisser un kit d’hygiène, il s’agit de créer du lien, ou de le poursuivre, pour réintégrer dans la société. “C’est le principal enjeu, explique Morgan Walter, directrice territoriale bénévole de l’action sociale à la Croix Rouge du Val-de-Marne et membre de la délégation Rungis-Fresnes. Le principal axe d’action est l’accès au droit et la lutte contre l’isolement social. Nous les encourageons à aller dans des centres d’accueil de jour où des travailleurs sociaux sont spécialisés dans l’accompagnement des personnes en grande sécurité. Ils peuvent aussi y prendre une douche, un repas…” Parmi les premières étapes de l’accès aux droits : avoir une adresse de domiciliation, un service proposé par différentes associations pour pouvoir recevoir son courrier et faciliter les démarches administratives. “Une grosse part du travail concerne aussi l’accès à la santé, à la dignité, à l’estime de soi. C’est pour cela qu’on travaille énormément avec les professionnels pour coordonner nos actions, pour que chacun ait les mêmes informations.”

En cette période de forte chaleur, les appels au 115 en Val-de-Marne ont explosé. “Les appels au SIAO ont doublé, passés de 1 300 à 2 600 par jour”, témoigne le préfet du Val-de-Marne, Etienne Stoskopf, venu participer à la maraude canicule. “Les accueils de jour ont prolongé leurs horaires et une cinquantaine de places ont été dégagées”, indique le préfet. Pas de garantie toutefois de pouvoir répondre à toutes les demandes. Si l’épisode de forte canicule a été intense mais bref, il est arrivé tôt en saison et pour le représentant de l’Etat, l’enjeu est d’anticiper les prochains qui risquent d’arriver dans l’été, alors qu’il est d’ores et déjà prévu que les températures remontent après une baisse ce week-end.
Vers 21 heures, un SMS est envoyé aux bénévoles. Une femme de 70 ans a été signalée à Nogent-sur-Marne, devant le parc Watteau. Vingt minutes plus tard, la patrouille est sur place.

La dame a quitté l’appartement où elle habitait avec son fils en milieu d’après-midi car ses violences verbales devenaient insupportables. Ulcérée par la situation, elle n’a rien pu manger depuis près de deux jours. Morgan Walter s’assoit à ses côtés. Empathique tout en gardant le cap, elle compatit à la situation et pose les questions essentielles entre deux phases d’écoute. Impossible pour la septuagénaire d’avaler ne serait-ce qu’un petit gâteau. Finalement, les bénévoles apportent un café sucré, de la compote et de l’eau. Assise sur une bordure à l’entrée du parc, la dame n’est partie qu’avec un petit sac comprenant ses examens médicaux, son portefeuille, son téléphone et quelques sous-vêtements. Elle se raconte un peu, explique qu’elle ne voulait pas abandonner ses fils. Elle s’inquiète pour son deuxième “schizophrène”, resté à l’appartement. Alors qu’elle s’apprête à passer sa première nuit dehors, elle coche heureusement toutes les cases pour être prioritaire dans les hébergements d’urgence, femme isolée, âgée, et qui n’a pas encore été à la rue. Dix minutes à peine après l’appel des bénévoles, une place lui est proposée à Arcueil.

“Eviter la première nuit à la rue est très important”, insiste Morgan Walter. C’est tout un travail de reconstruction qui peut ainsi être épargné. Pour autant, ce n’est pour l’instant qu’une seule nuit. Il faudra tout expliquer aux personnes de la structure d’hébergement pour engager des démarches, et surtout “appeler le 115”, insiste la bénévole, pour obtenir une solution d’hébergement pour les autres jours. “Il ne faut pas hésiter à appeler et rappeler le 115 plusieurs fois.”
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