Plusieurs groupes de manifestants ont tenté ce mercredi, entre la porte de Montreuil et la porte de Vincennes, de déjouer le dispositif policier mis en place pour contenir les actions annoncées du mouvement “Bloquons tout”, en parallèle d’un rassemblement devant le siège de la CGT. Reportage.
À 7:00 du matin, la place de la porte de Montreuil était encore paisible quand plusieurs petits groupes de personnes souvent jeunes ont commencé à affluer. “La police a tout bloqué à Bagnolet, alors on est venu ici“, explique l’un d’entre eux. Veste sombre, cache-cou jusqu’au nez, il dit avoir participé au blocage du périphérique qui n’a duré que quelques minutes.

“On est là pour tout bloquer et ça peut les ralentir“
Pour bloquer la circulation, des barrières disposées autour du terre-plein central de la place sont déplacées. “Cassez-vous, ça arrive en masse de Bagnolet !“, prévient alors un manifestant. Plusieurs dizaines de car de CRS et de motards de la Brav-M investissent la porte de Montreuil. Les groupes se dispersent dans les rues adjacentes, pour une part vers le boulevard des maréchaux. Bacs pubelles et autres encombrants servent d’accessoires sont dressés au passage. “On est là pour tout bloquer et ça peut les ralentir“, souffle une jeune fille arborant un masque chirurgical.

“Toute la France se mobilise. De toute façon, on n’a rien à perdre. Élection ou pas, le pouvoir ne nous entend pas et c’est toujours les mêmes qui trinquent“
Devant le siège de la CGT, situé juste devant le centre commercial Bel-Air, où un rendez-vous été donné par le mouvement “Bloquons tout”, un cordon de CRS filtre les entrées et sorties de la rue de Paris où la circulation est déjà difficile. Entre deux et trois cents personnes participent au rassemblement. Ambiance bon enfant avec café et fanfare. “Allez, on bouge, on va à Paris !” Profitant du passage d’un camion de livraison, une cohorte tente de franchir le barrage policier. Réponse immédiate par un tir lacrymogène. Après quelques minutes, une “AG” (assemblée générale) s’improvise. “Là, on est bloqué par les flics qu’est-ce qu’on fait ?“, lance un manifestant avec un hygiaphone qui fonctionne mal. Les prises de parole s’enchainent. Certains proposent d’aller à la porte de Vincennes en passant par les rues parallèles où le cordon policier semble plus limité. D’autres, de rester bloquer la rue de Paris. D’autres encore, de “reprendre la place de Montreuil” ou d’occuper le centre commercial dès l’ouverture. “On n’entend rien, parlez plus fort !”, râle Marianne, la trentaine. “Toute la France se mobilise. De toute façon, on n’a rien à perdre. Élection ou pas, le pouvoir ne nous entend pas et ce sont toujours les mêmes qui trinquent“, glisse-t-elle. “Sébastien Lecornu, qui c’est ça ? Encore la même chanson. Il faut changer de disque maintenant“, abonde Younès. “C’est bien que les gens se bougent, mais bloquer pour bloquer ça ne sert à rien. Il faut construire un mouvement dans la durée pour que les revendications de justice sociale se traduisent par des mesures politiques“, prévient un syndicaliste de la CGT qui veut “un grand mouvement de grève” le 18 septembre.

“Si on reste groupés, on est trois fois plus nombreux, on passe !” Un cortège se forme et marche en direction de la place de la porte de Montreuil. “On essaye, si ça marche pas au moins on les emmerde cinq minutes“, appelle un autre, protégé d’un masque à gaz. Très vite, de nouvelles grenades lacrymogènes sont larguées. Le groupe recule est, après un moment d’hésitation, se retourne vers la porte de Vincennes. Dans les rangs, pas d’étendards politiques ou syndicaux, mais une bannière avec inscrit “Wallah c’est nous le peuple“. “Manifestation sauvage !“, “La rue est à nous“, entend-t-on. La fanfare entonne L’Estaca.

“Allez les amis, on descend tous ensemble, on bloque les voitures !“
Arrivée rue de la République, des cloisons qui longent le périphérique devant le Décathlon sont démontées. Une brèche est ouverte mais la police arrive. Les lacrymogènes pleuvent à nouveau. Toutes les barrières qui, sont à cet endroit nombreuses pour éviter l’occupation sauvage du trottoir, sont jeté”s sur le bitume. Au coin la rue de Lagny et de la rue Cristino Garcia (Paris 20ème arrdt), les plus téméraires enfoncent le grillage qui empêche l’accès aux abords du périphérique. Le mot d’ordre est lancé : “Allez les amis, on descend tous ensemble, on bloque les voitures !” Certains ont le temps d’arriver sur les voies avant que les CRS ne repoussent à nouveau le cortège. À 8:24, la mobilisation rejoint alors un rassemblement devant le lycée Hélène Boucher où le cours de Vincennes était bloqué par des poubelles enflammés.Mais les grenades lacrymogènes pleuvent encore dispersant à nouveau les manifestants.

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