Paris | 28/02
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Fermeture du Centre Pompidou: la bibliothèque s’arrête dimanche et déménage

Fermeture du Centre Pompidou: la bibliothèque s’arrête dimanche et déménage © Stephanie Bertot-Molion

Ouverte depuis près de 50 ans tous les jours en plein coeur de Paris et fréquentée par des milliers d’étudiants mais aussi des personnes sans-abri et de jeunes migrants, la Bibliothèque du Centre Pompidou fermera dimanche pour déménager provisoirement dans un autre bâtiment de la capitale.

Un “deuil” pour nombre des quelque 4 000 visiteurs qui fréquentent quotidiennement ce “poumon social” et pour ses 70 salariés, sondés par l’AFP.

Suivront le célèbre musée d’art moderne (10 mars) et ses collections avant une fermeture totale fin septembre pour désamianter et rénover l’immense bâtiment tubulaire multicolore, connu dans le monde entier, et conçu dans les années 1970 par les architectes Renzo Piano et Richard Rogers.

Le Centre Pompidou alias Beaubourg a ouvert ses portes le 2 février 1977 et sa vétusté rend inévitables des travaux colossaux programmés pour cinq ans jusqu’en 2030.

La Bpi (bibliothèque publique d’information) a accueilli 1,3 million de visiteurs en 2024 dont “65 à 70% d’étudiants” dans ses 10 400 m2 d’espaces disposés en plateaux, selon Annie Brigant, sa directrice adjointe en charge du déménagement.

“Refuge”

Accessible gratuitement et anonymement, elle fidélise aussi depuis des années nombre de lycéens, retraités et personnes âgées ainsi que des sans-abri et jeunes migrants pour qui elle est devenue un “refuge” qui fait “sa fierté”, dit-elle.

“Non seulement pour le confort et le repos qu’elle leur offre mais aussi parce que beaucoup y trouvent de l’aide et des ressources sur internet qu’ils consultent régulièrement”, souligne-t-elle.

Si son déménagement est déjà acquis pour nombre d’étudiants et autres fidèles qui l’ont intégré, son nouvel emplacement, dans un bâtiment plus excentré baptisé “Lumière” et moins spacieux (8 000 m2), près du quartier de Bercy (sud-est de Paris), va certainement décourager “les populations les plus vulnérables”, estime Yannick Henrio, qui travaille depuis 2006 à la Bpi.

C’est devenu “leur maison pour la journée” et “ils ne feront peut-être pas la démarche d’aller vers l’info”, craint ce syndiqué SNAC-FSU qui travaille au service lecture et handicap.

Même si la Bpi “travaille avec les structures d’accueil de personnes sans-abri, tenues informées du déménagement” et qu’elle “organisera des ateliers dans leurs locaux à destination des personnes en situation de précarité pendant la fermeture”, fait valoir Mme Brigant.

Pour ces publics, le rôle de “médiateur” est fondamental, souligne M. Henrio. S’il parvient à “pacifier les tensions” lorsqu’elles surviennent, c’est grâce à des années d’écoute et de lente construction d’une relation de confiance, dit-il.

Quand Agathe Baechelen, coordinatrice des ateliers numériques à la Bpi, leur demande s’ils iront à l’immeuble Lumière, ces sans-abri répondent souvent catégoriquement: “C’est pas Beaubourg“.

“Ils disent que ça va être petit, qu’ils vont se sentir stigmatisés, ils auront peur de croiser des gens parce que les sans-abri se connaissent souvent bien entre eux. Ils ont peur qu’on ne les laisse pas entrer”, ajoute-t-elle.

Jeunes migrants

Mme Baechelen est à l’initiative d’un atelier numérique pour de jeunes migrants qu’elle accompagne dans leurs démarches administratives.

“Ils venaient très souvent pour recharger leur portable. Je suis allée les voir directement pour leur proposer un atelier informatique. Ils m’ont regardée avec des yeux effarés, je leur ai dit qu’ils n’avaient rien à perdre, que je n’étais ni prof, ni flic, ni des services sociaux”, raconte-t-elle.

Le déménagement de la Bpi débutera en avril avec le transfert du mobilier (tables, chaises, rayonnages…), des 320 000 ouvrages et périodiques (60 000 à 70 000 ont été retirés des collections en vue du déménagement) et des équipements informatiques. Il devrait durer jusqu’en juin.

Cette “grosse opération” mobilisera “des centaines de semi-remorques” et a nécessité au préalable “une adaptation des nouveaux locaux, compartimentés, dont l’installation d’un nouveau système de câblage”, précise Mme Brigant.

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