L’industrie d’aujourd’hui embarque de plus en plus de nouvelles technologies, impliquant une évolution de la formation pour intégrer des défis comme la cybersécurité, sans oublier les savoir-faire classiques. C’est tout l’enjeu de la nouvelle école de l’Aforp à Cachan, ouverte en septembre et inaugurée ce mardi 14 janvier. Visite.
“Mon objectif, c’est le BTS, puis de travailler à la maintenance de la RATP”, témoigne Samba. Mohamed, lui, veut “continuer dans l’électricité”. Originaires des Yvelines, les deux élèves en bac pro ont intégré la nouvelle école en septembre dernier.
Depuis la rentrée, l’Aforp, qui est le pôle de formation de l’UIMM (Union des métiers de l’industrie et de la métallurgie), a déménagé d’Issy-les-Moulineaux à Cachan, où elle a investi la Halle Léonard de Vinci de l’ex-ENS. De quoi gagner 6 500 m2 supplémentaires. Le site a été racheté par le Gim, 1ère chambre syndicale de l’UIMM, qui y a réalisé de lourds travaux de désamiantage et d’adaptation à la transition écologique (isolation thermique, connexion au réseau de géothermie…) durant quinze mois. Au-delà de cette mise aux normes, l’objectif était aussi de proposer des équipements adaptés aux “enjeux de demain” dans l’industrie, intégrant notamment la dimension numérique, de plus en plus prégnante, avec des machines à commande numérique sophistiquée. Une révolution qui amène avec elle des défis comme la cybersécurité, les systèmes et réseaux, la programmation, la continuité numérique, le pilotage à distance, au sein même de la chaine de production.
De la métallurgie à la cybersécurité, en passant par la chaudronnerie ou la maintenance, la nouvelle école, déployée sur 8 000 m2, accueille des plateaux techniques, des ateliers, des salles de classe et un amphithéâtre. Un extension de 2 000 m2 est aussi prévue pour développer une plateforme industrielle du futur. Objectif : contribuer à pallier le manque de candidats aux métiers industriels dans la région.
Pour l’Aforp et le Gim, il s’agit, en effet, de former “une main d’œuvre qualifiée” pour “réindustrialiser”, résume Bruno Berthet, président du Gim, soulignant que l’Île-de-France est la première région industrielle de France.” Les entreprises de la métallurgie, toutes tailles confondues, représentant ainsi “plus de 330 000 emplois et 8% du PIB francilien”, chiffre-t-il. Autant d’entreprises qui “ont des besoins durables de main d’œuvre qualifiée”.
L’autre enjeu, crucial, est de promouvoir ces métiers. Pour cela, le nouveau campus a été pensé comme une “vitrine de l’industrie”, ajoute François Truffier président de l’Aforp.
Pour l’heure, l’école accueille près de 450 alternants, ainsi que des salariés d’entreprise et demandeurs d’emploi. Elle vise les 1 000 alternants d’ici à 2030. Les formations vont du bac pro au master et couvrent les différentes compétences (chaudronnerie, maintenance, électrotechnique, conception, management…).
La nouvelle vie du campus Normale Sup
Pour le site même, l’ouverture de cette école s’inscrit dans le repeuplement de l’ancien campus de Normale Sup, partie à Saclay, pour conserver un pôle dédié à l’enseignement supérieur. En 2012, c’est avec émotion que l’ancien maire, Jean-Yves Le Bouillonnec, avait fêté le centenaire de l’école, tout en actant son départ vers le pôle universitaire de Paris Saclay dans le cadre de l’Opération d’intérêt national du plateau.
Un départ concrétisé en 2019, date à laquelle il fut décidé de maintenir la vocation de formation du site. D’autant que la ville accueillait déjà un IUT, la prestigieuse ESTP (École spéciale des travaux publics) ou encore un lycée polyvalent. Depuis, deux écoles d’ingénieurs (l’EPF et l’ECAM EPMI) ont rejoint le campus, ainis qu’une école dédiée à l’intelligence artificielle (Aivancity), et désormais aussi l’Aforp. De quoi renforcer “l’ancrage (de la ville) au sein de la Vallée Scientifique de la Bièvre“, applaudit la maire de la commune, Hélène de Comarmond (PS). Pour la présidente de région, Valérie Pécresse (LR), ce déménagement-extension s’inscrit dans “la stratégie de réindustrialisation” de l’Ile-de-France.
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