La roue des merveilles, tel est le titre de l’exposition rétrospective dédiée à Harold Feinstein, jusqu’au 1er juin 2025, à la Maison de la photographie Robert Doisneau de Gentilly. Une photographie humaniste et résolument vivante.
Né en 1931 à Coney Island (New-York) de parents immigrés juifs, Harold Feinstein a décidé de faire de la photo son métier dès l’âge de seize ans, outillé d’un Rolleiflex. Son école : la Photo League, un collectif new-yorkais engagé pour une photographie sociale de l’Amérique, qui fut fréquenté par nombre de photographes devenus célèbres, de Robert Frank à Helen Lewitt, avant d’être dissous en 1951, en pleine période de maccarthisme. Harold Feinstein trace rapidement sa route, vendant une première photo au Museum of Modern Art de New-York (MoMA) dès 19 ans, en 1950. Son territoire de prédilection : Coney Island, ses plages populaires et ses parcs d’attraction. Un lieu de socialisation qu’il photographiera plusieurs dizaines d’années durant. “La dimension narrative demeure l’apport fondamental d’une photographie qui évacue toute tension négative au profit d’une dimension collective, d’une expérience partagée par tout un peuple. Les pratiques ne se différencient guère d’une classe à l’autre, d’une communauté à l’autre. La plage, la promenade Riegelmann, les attractions façonnent une manière d’être commune”, insiste François Cheval, l’un des commissaires de l’exposition et directeur artistique du Centre de la photographie de Mougins qui a présenté l’exposition une première fois en 2023.

Résolument vivantes, les photographies d’Harold Feinstein n’enferment pas les personnages dans une condition. “Il n’est pas de contemplation « pure » dans ces images, il s’agit avant tout d’une disposition éthique, d’une esthétique du banal. Il n’y a rien d’important dans ces suites de petits riens. Mais ce sont ces moments, ces gestes et ces postures, ces rencontres étranges qui structurent et assurent la continuité
d’une communauté”, pose François Cheval.

Mobilisé comme soldat durant la guerre de Corée, en 1952, Harold Feinstein échoue à faire partie des photographes officiels, se retrouvant dans l’infanterie. “Avec du recul, ce fut une véritable aubaine, car j’ai pu emporter mon appareil photo partout et capturer la vie quotidienne d’une recrue. Je n’étais pas le photographe officiel chargé de photographier les poignées de main”, en conclura-t-il.
Après la Corée, Harold Feinstein va un temps s’installer au Jazz Loft, à New-York, un espace délabré investi par le photographe Eugène Smith, et par les jazz men le soir. L’occasion d’un début de collaboration avec le label Blue Note. Le photographe transmet ensuite son art, comme professeur, tout en continuant de documenter la société américaine.

“Mon époque, c’est aujourd’hui.“
“Je suis un homme sans tradition, ma famille est américaine, mon époque, c’est aujourd’hui. J’ai la modeste prétention de contribuer à l’élaboration du grand roman musical américain. C’est tout“, confiait-il en 2010 dans un documentaire de Todd Weinstein, baptisé Uninterrupted Seeing (Vision ininterrompue).
L’exposition présente plusieurs séries, essentiellement en noir et blanc, passant de la Corée aux rues de New-York, sans oublier Coney Island.

—-> Harold Feinstein, La roue des merveilles, à voir jusqu’au 1er juin à la maison de la photographie Robert Doisneau de Gentilly. Plus d’infos sur l’exposition.
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