Gerhard Richter expose à la Fondation Louis Vuitton de Paris, avec ses toiles “Birkenau”

Plus de 270 peintures, dessins, aquarelles et sculptures sont présentés parmi lesquels “Birkenau”, série de quatre grandes toiles abstraites aux dominantes noires, grises, blanches, tachetées de rouge et de vert, peintes en 2014.

L’artiste, né en 1932 à Dresde et dont la vie a été marquée par la Seconde Guerre mondiale, le national-socialisme puis le régime soviétique, a été hanté tout au long de sa vie par la Shoah.

Il a peint ces quatre toiles, qui se reflètent dans un miroir incluant le visiteur, à partir de photographies du camp d’extermination nazi éponyme, prises clandestinement à l’été 1944 par des déportés et redécouvertes après la guerre. Elles sont exposées aux côtés des œuvres.

“Ces documents dont Richter connaissait l’existence depuis longtemps sont devenus souterrainement obsessionnels et leur résolution ne s’est imposée à lui qu’à la fin de sa vie”, dit à l’AFP Suzanne Pagé, directrice artistique de la fondation.

L’exposition retrace chronologiquement son parcours des années 1960-1970 et ses premières peintures dérivées de la photographie, à ses derniers dessins de 2024, l’artiste ayant décidé d’arrêter de peindre en 2017.

On découvre une œuvre marquée par de constantes ruptures stylistiques entre le figuratif et l’abstraction, explorant sans cesse les techniques et médium, la texture et les couleurs “pour donner une image du monde”, souligne Mme Pagé.

Nombre de toiles brossent des portraits floutés de ses proches. Des paysages (champs, forêts, montagnes) rappellent certains tableaux du maître romantique allemand Caspar David Friedrich. D’autres, comme peints à travers un objectif, ressemblent à des photographies.

Ils côtoient d’immenses œuvres géométriques composées d’une multitude de petits carrés multicolores ayant inspiré l’artiste pour la création de vitraux à la cathédrale de Cologne (Allemagne).

Sont également présentées certaines de ses grandes séries, dont celle consacrée à la fraction armée-rouge (RAF) connue sous le nom de “La bande à Baader”.

Mélomane, adepte de Jean-Sébastien Bach, le peintre dédie aussi une série de toiles abstraites au musicien John Cage (1912-1992).

Formé dans l’ancienne RDA où il a suivi un cursus classique de peintre muraliste, Gerhard Richter a fui à l’Ouest la veille de la construction du mur de Berlin en 1961. Il s’est établi à Düsseldorf puis à Cologne où il vit et travaille encore aujourd’hui.