Les urgences de Villeneuve-Saint-Georges sont en grève depuis ce jeudi 2 janvier. Les soignants réclament des personnels supplémentaires et des lits pour prendre soin des patients qui affluent toujours plus nombreux. La direction de l’hôpital annonce l’organisation d’États généraux des urgences dès janvier.
Alors que la situation était déjà tendue, la fin d’année a vu un afflux de patients encore plus important, du fait, notamment, de la fermeture des urgences d’une polyclinique voisine, ce en pleine épidémie de grippe. Estimant ne pas avoir les moyens de s’occuper des patients dans des “délais respectables”, le personnel s’est mis en grève. Pour des raisons de continuité des soins, des soignants restent assignés à leur poste, tout en se déclarant grévistes.
Des urgences encombrées
“Ce midi, par exemple, il y a déjà eu entre 80 et 100 passages enregistrés et la salle d’attente est encore pleine”, illustre Hélène Scherrer, délégué CGT du Centre hospitalier intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges (CHIV). “Cette situation ne fait que s’aggraver depuis le mois d’octobre, et l’hiver n’a pas arrangé les choses. La situation est-elle que, parfois, même les pompiers attendent avec leurs patients sur leurs propres brancards”, poursuit Hélène Scherrer, réclamant. Les grévistes réclament “en urgence, du renfort dans toutes les équipes.” Au total, l’équipe estime les besoins à huit postes supplémentaires : brancardier de jour et de nuit, agent d’accueil de jour et de nuit, aide-soignante de jour et de nuit, et infirmière de jour et de nuit.
Des renforts anticipés
Dans un communiqué, la direction explique que plusieurs rencontres ont eu lieu entre les équipes du service d’accueil des urgences et la direction, et que la présence d’une infirmière diplômée d’état (IDE) de nuit supplémentaire avait été valide tous les dimanches soir pour répondre aux besoins de renfort ponctuel des équipes soignantes en cas de risque de saturation des urgences. “En complément, pour anticiper une situation de tension durant les vacances scolaires (manque de médecins de ville, diminution des lits d’aval sur le territoire et épidémie grippale), la Direction a décidé de renforcer les équipes soignantes de jour et de nuit du jeudi 19 décembre au lundi 13 janvier inclus. Ainsi, 70% des demandes de missions postées ont été pourvues au 30 décembre 2024, soit un renfort de 29 missions IDE”, poursuit la direction de l’hôpital, ajoutant que le Dispositif d’accueil de décharges des urgences (ADU) a été reconduit. “Ce dispositif permet l’orientation des patients qui ne sont pas en urgence vitale vers une consultation auprès d’un médecin généraliste présent sur place à l’hôpital. Il permet la prise en charge de patients sur des périodes marquées par une diminution de l’offre en médecine de ville et une forte affluence aux urgences.”
Concernant les postes supplémentaires, la direction a proposé un renfort immédiat et permanent d’une aide-soignante de jour et d’une infirmière de nuit pendant la période hivernale. Une proposition insuffisante pour l’équipe en grève, qui insiste sur la nécessité de disposer de personnels supplémentaires de jour et de nuit, dans les quatre postes : brancardiers, accueil, infirmier, aide-soignant.
Problème de lits disponibles
Un autre irritant concerne le manque de lits en aval dans l’hôpital, pour accueillir les patients des urgences ayant besoin de rester sur place, et une logistique compliquée. “Avant, nous savions d’avance lorsqu’un lit se libérait et à quelle heure. Aujourd’hui, il faut rappeler plusieurs fois le service dans la journée, pour savoir si un lit va se libérer”, regrette Hélène Scherrer.
“Concernant la régulation des flux aux urgences, il est à noter qu’il existe un gestionnaire de lits (ou « bed manager ») depuis 2022, en complément de l’action de l’Infirmière d’accueil et d’orientation (IAO) présente aux Urgences. Par ailleurs, l’établissement a répondu à un appel à projet de l’Agence Régionale de Santé d’Ile-de-France afin d’obtenir le financement d’un poste de Coordonnateur des parcours patients (fiche de poste publiée, profil Infirmière de coordination, recrutement en cours). L’objectif est de mieux appréhender la gestion des lits au sein de l’hôpital, faciliter les hospitalisations dans les services, les sorties et les retours à domicile en fonction de la situation, et ainsi libérer des places et des lits aux urgences pour les patients en attente de prise en charge”, promet la direction de l’hôpital dans son communiqué.
En attendant, des patients des urgences doivent dormir dans des brancards, alertent les soignants. “Cette nuit, 19 personnes ont dormi dans des brancards aux urgences. La nuit de mercredi à jeudi, ce sont 28 personnes qui ont dormi dans des brancards. Et le weekend, c’est pire !” observe Hélène Scherrer.
Le sujet s’invite aux municipales et au Sénat
Alors que de nouvelles élections municipales se tiendront à Villeneuve-Saint-Georges, des élus et candidats s’en mêlent. Le sénateur communiste Pascal Savoldelli a déposé une question au gouvernement, sur les dispositifs d’urgence et les moyens qu’il compte mettre en place pour remédier à la situation, rappelant que le service des urgences du CHIV accueille 100 000 passages par an. Le candidat de l’union de la gauche (PCF – PS – EELV – PRG…), Daniel Henry, s’est également rendu sur place.
La direction annonce des États généraux des urgences
Pour sortir du blocage sur du plus long terme, la direction annonce lancer des Etats-généraux des urgences, dès ce mois-ci “afin d’identifier des solutions à la problématique d’augmentation de la fréquentation du SAU sur les trois derniers mois et de l’augmentation de la sévérité des pathologies des patients qui se présentent. Ce travail collectif pluri-professionnel aura également pour objectif de mieux anticiper les périodes de tension aux urgences, en lien étroit avec les services d’aval (un projet de création d’un salon de sortie centralisée est en cours, notamment, afin de fluidifier les sorties de patients)”, détaille l’hôpital, lequel reste néanmoins corseté par sa situation financière.
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