Société | Ile-de-France | 09/09
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Ile-de-France : consternation et interrogations après les têtes de cochons devant des mosquées

Ile-de-France : consternation et interrogations après les têtes de cochons devant des mosquées © AFP Bertrand Guay

Au moins neuf têtes de cochon ont été découvertes ce mardi 9 septembre devant des mosquées d’Ile-de-France, suscitant de vives réactions d’indignations et d’interrogations concernant l’orchestration de ces actions, fruit d’une haine anti-musulmans locale ou d’ingérences étrangères.

Ces têtes de porc, animal considéré comme impur par l’islam, ont notamment été découvertes sur la voie publique à Paris, devant l’entrée de la mosquée Islah, rue des Sorins à Montreuil (Seine-Saint-Denis), ainsi qu’à Montrouge,  Malakoff (Hauts-de-Seine) ou encore à Gentilly (Val-de-Marne). A Paris, des têtes ont été découvertes, notamment devant des mosquées des 15e, 18e et 20e arrondissement, a précisé le parquet de Paris.

Plusieurs des têtes de cochon “supportaient une inscription MACRON écrite à l’encre bleue”, a précisé le Parquet à l’AFP.

Au total, au moins neuf têtes ont été retrouvées, “quatre à Paris et cinq en petite couronne”, a détaillé le préfet de police de Paris Laurent Nuñez lors d’un point presse, disant ne pas exclure “qu’on en découvre d’autres”.

Ingérence étrangère ou haine locale ?

“On ne peut s’empêcher de faire des rapprochements avec des actions précédentes (…) dont il a été avéré que c’était des actions d’ingérence étrangère”, a-t-il ajouté, appelant toutefois à rester “très prudent”.

Il faisait référence à de précédentes affaires, attribuées de possibles ingérences étrangères, dont les tags d’étoiles de David dans Paris à l’automne 2023 ou de mains rouges sur le Mémorial de la Shoah en mai 2024.

L’enquête pour provocation à la haine aggravée par la discrimination en raison de l’appartenance à une race ou religion a été confiée à la brigade criminelle de la préfecture de police de Paris, selon le parquet de la capitale, qui centralise les investigations.

Le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz a dénoncé “une nouvelle et triste étape dans la montée de la haine antimusulmane”, appelant “à une prise de conscience et à une solidarité nationale”, après s’être entretenu avec la ministre déléguée chargée de la Lutte contre les discriminations Aurore Bergé.

Devant la mosquée de l’Union des musulmans de Malakoff, Caroline est venue déposer un bouquet de trois roses blanches pour montrer son “soutien et (s)a solidarité”, bien qu’elle ne se considère “pas croyante”.

“Les gens ne devraient pas avoir à cacher leur foi, en tout cas c’est pas ce qu’on m’a appris de la laïcité quand j’étais à l’école”, estime l’ancienne directrice d’association de 40 ans.

Trois agents de la police judiciaire étaient aussi présents, a constaté un journaliste de l’AFP.

A Paris, la maire PS Anne Hidalgo a condamné des “actes racistes” et a assuré de sa “solidarité avec la communauté musulmane”, précisant que la Ville avait saisi la justice.

A Montreuil, l’édile de la ville, Patrice Bessac (PCF), a dénoncé des “actes de haine islamophobe”, avant de se rendre à la mosquée avant la prière de 13h30 pour y “témoigner” de son soutien aux fidèles.

A Gentilly, le maire, Fatah Aggoune (NFP), s’“inquiète de la recrudescence de ces attaques antimusulmanes – en hausse de 75 % depuis le début de l’année – nourries par la dérive d’un débat public empoisonné.”

De son côté, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau (LR) a fait part de son “indignation” face à “cette sorte de profanation”. “J’entends que nos compatriotes musulmans puissent exercer leur foi dans la sérénité”, a-t-il ajouté devant la presse.

“Cela fait des mois qu’on alerte, et nous ne sommes pas entendus”, regrette pour sa part Bassirou Camara, le président de l’Addam (association de défense contre les discriminations et les actes antimusulmans), demandant une “réaction forte” des autorités. “On craint que ça aille crescendo. Quel va être la prochaine étape? Jeter des têtes de cochon sur les fidèles ou les agresser physiquement?”

Le président de la République, Emmanuel Macron, s’est pour sa part entretenu avec les représentants de la communauté musulmane de Paris et leur a exprimé son “soutien”.

La France compte entre cinq et six millions de musulmans pratiquants et non-pratiquants, ce qui fait de l’islam la deuxième religion du pays et de la communauté musulmane française la première en Europe.

Par Diane MERVEILLEUX et Madeleine DE BLIC

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