Pour la seconde année, une campagne massive de vaccination contre le papillomavirus, responsable du cancer du col de l’utérus chez la femme, mais aussi d’autres cancers touchant les deux sexes, est proposée auprès d’un maximum d’élèves de cinquième en France. Reportage à Fontenay-sous-Bois.
Maya et Salomé n’aiment pas les vaccins, mais les deux élèves du collège Joliot-Curie de Fontenay-sous-Bois ont accepté de se faire vacciner contre les papillomavirus humains (HPV). Pour ces deux filles de 11 ans, “c’est important, pour se protéger”. Élias, en cinquième aussi, a aussi accepté car, “ce n’est qu’un vaccin”.
Comme eux, une trentaine d’élèves de cinquième se sont fait vacciner ce mardi 18 mars après-midi. Ils devront recevoir une deuxième dose de vaccin dans un délai de 13 mois pour avoir une protection vaccinale complète.
Eviter 1 000 morts par an
A l’origine de ces campagnes de vaccination massive, un enjeu de santé publique. Environ 80% des personnes sont infectées par un papillomavirus humain (HPV) au cours de sa vie sexuelle. La plupart du temps, le virus est éliminé par les défenses immunitaires, mais il arrive qu’il résiste et finisse par provoquer des lésions cancéreuses. Celles-ci touchent le plus souvent les femmes. Attribuable à plus de 95% au HPV, le cancer du col de l’utérus est, en effet, responsable d’un millier de décès par an en moyenne. Des lésions cancéreuses liées au HPV peuvent toutefois concerner d’autres organes et provoquer, par exemple, des cancers de l’anus, aussi bien chez les femmes que chez les hommes.
Vacciner les filles et les garçons
Dans ce contexte, les campagnes de vaccination sont donc désormais proposées aux garçons et aux filles, avant leurs premiers rapports sexuels. Ce mardi, ce sont même à 60 % des garçons qui se sont fait vacciner au collège. “On rattrape l’écart entre filles et garçons”, s’en félicite Sophie Martinon, directrice générale adjointe de l’Agence régionale de santé d’Île-de-France (ARS IDF).
Objectif 80%
De fait, le taux de vaccination a bondi chez les enfants de 11 ans, suite à la première campagne en cinquième, passant de 20 à 41% chez les garçons en Ile-de-France et de 30 à 41% chez les filles. “La mobilisation va se poursuivre chaque année jusqu’à ce que l’objectif des 80 % (établi par l’Organisation mondiale de la santé, ndlr), soit atteint”, indique Sophie Martinon. D’autres pays, comme le Royaume-Uni ou l’Australie ont déjà atteint des taux de vaccination élevés et ont endigué les cas de cancers du col de l’utérus.
Pour l’Agence régionale de santé, le double objectif des campagnes dans les collèges est de rattraper l’écart vaccinal entre les filles et les garçons, tout en augmentant le taux global de vaccination. “Il faut qu’on se dise, la cinquième, c’est l’année où on se vaccine contre les papillomavirus”, martèle La directrice adjointe de l’ARS.
Réduire les disparités sociales
Aujourd’hui, le taux de vaccination atteint presque les 50 % à l’échelle régionale, mais connaît des disparités territoriales importantes. Dans les zones les plus populaires, les taux de vaccination sont plus faibles. Dans le Val-de-Marne, dont le taux de vaccination est d’environ 12 % inférieur à la moyenne régionale, les disparités aussi sont importantes d’une ville à l’autre, expliquent les représentants de l’ARS. D’où l’enjeu de proposer systématiquement la vaccination en milieu scolaire. “La vaccination est totalement gratuite au collège, alors qu’en ville il faut payer la consultation médicale, le vaccin et la vaccination”, pointe Sophie Martinon.
S’appuyer sur le terrain pour toucher toutes les familles
Afin d’aider les parents à remplir les papiers préalables à la vaccination de leurs enfants, les parents d’élèves se sont aussi mobilisés. Julie Sassi, déléguée FCPE, a ainsi aidé à effectuer les démarches administratives, “pour dépasser la barrière du langage ou du numérique et pour faire les autorisations parentales”. Un des objectifs de la communication est également de lutter contre une forme de tabou autour des papillomavirus qui sont sexuellement transmissibles.

Si la campagne de vaccination fonctionne, c’est aussi grâce à cette coopération à tous les échelons, salue Sophie Martinon, rappelant la mobilisation conjointe de la municipalité, du département (en charge des collèges), et de l’Assurance maladie aux côtés de l’ARS. “On maximise nos chances et on crée une dynamique”. De son côté, Jean-Philippe Gautrais, maire (NFP) de Fontenay-sous-Bois apprécie le “rapprochement” de sa ville avec l’ARS depuis le Covid. Une dynamique partenariale que Geneviève Carpe, conseillère départementale (LR) déléguée à la santé, espère voir se développer “au delà du vaccin HPV”.
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