Dans la vidéo prise ce lundi par un témoin, un homme noir est interpelé sans ménagement par plusieurs policiers. Le député (LFI) Aly Diouara dénonce des “violences policières insoutenables” et a saisi le procureur de la République au titre de l’article 40 du code de procédure pénale.
“Personne ne monte chez moi, je ne vous ai rien fait, vous n’avez pas le droit“, s’écrie l’homme entouré par trois policiers avant d’être saisi au cou par une clé de bras, puis mis à terre. L’agent lui assène alors un coup de poing au visage. “Vous n’avez pas le droit, je travaille“, reprend le mis en cause que trois policiers tentent d’embarquer dans un véhicule de police. D’autres coups pleuvent au visage. Un agent fait usage d’un taser. Finalement, l’homme interpellé sera conduit dans un immeuble situé de l’autre côté de la rue.
“Clé d’étranglement, coups de poing, coup de taser…mais vous pensez encore que cette police là est ici pour garantir notre sécurité ? La police tue“
Choqué par la scène, le député de la 5ème circonscription de Bobigny, Aly Diouara, a relayé le jour même la vidéo sur les réseaux sociaux. “Les mêmes policiers qui ont menacé de me taser pris (encore) aujourd’hui, en flagrant délit de violences policières à Bobigny : clé d’étranglement, coups de poing, coup de taser…mais vous pensez encore que cette police là est ici pour garantir notre sécurité ? La police tue“, commente-t-il, en faisant référence à une altercation qu’il avait eue.
L’élu s’est aussi déplacé au commissariat de police de Bobigny. “Malgré 3/4 d’heure d’attente, j’ai pu exercer mon droit de visite des locaux de garde à vue du commissariat de Bobigny“, relate-t-il. Ce droit est en effet prévu par l’article 719 du code de procédure pénale qui autorise les députés, mais aussi les sénateurs et les membres du parlement européen à visiter à tout moment les établissements pénitentiaires. Objectif : vérifier que “les personnes gardées à vue et cette personne en particulier étaient en bonne santé et bien traitées ici“, précise Aly Diouara. “Malheureusement“, poursuit-il, “je n’ai pas pu le voir parce que cette personne a, soit été déplacée dans un autre commissariat en raison du dépaysement de l’affaire parce qu’il y a une enquête en cours, soit a été admis aux urgences“. Enfin, “je reste complètement mobilisé sur cette question des violences policières, particulièrement à l’encontre des noirs et des arabes de nos villes et quartiers populaires“, réaffirme le député.
Signalement au procureur de la République
Des “violences policières insoutenables” pou Aly Dioura, qui a saisi le procureur de la République au titre de l’article 40 du code de procédure pénale, réclamant “l’ouverture d’une enquête approfondie afin d’identifier les agents présents lors de cette interpellation, d’évaluer la conformité de leurs actes aux règles légales et déontologiques encadrant l’usage de la force et, le cas échéant, d’engager les poursuites nécessaires.”
Dans son courrier à Éric Mathais, envoyé le jour même de l’interpellation, l’élu décrit “des faits d’une particulière gravité, susceptibles de constituer des infractions pénales“. Signalant l’usage d’une clé de maintien au niveau du cou et d’un placage ventral, il dénonce “des techniques dont la dangerosité est largement reconnue en raison des risques avérés d’asphyxie posturale et de graves atteintes à l’intégrité physique.” Il relève aussi les coups de poings portés au visage et l’utilisation d’un pistolet à impulsion électrique. “Ces actes, d’une violence aveugle et manifestement injustifiée, interviennent alors même que la personne interpellée est totalement neutralisée et incapable de se défendre“, fustige-t-il. De plus, estime encore l’élu, “les propos échangés par certains agents traduisent une attitude agressive et menaçante, dénuée de la retenue et de l’impartialité qui s’imposent aux dépositaires de l’autorité publique.”
Dans un communiqué reçu par Radio France, la préfecture de police de Paris fait savoir que “cette interpellation intervient dans le cadre d’une affaire de stupéfiants, dans laquelle de nombreux produits et plusieurs milliers d’euros ont été saisis”. L’homme interpellé “s’est vivement rebellé, en mordant le policier au bras et lui causant une entorse au pouce, lui occasionnant une ITT [incapacité totale de travail] délictuelle”, précise-t-elle. Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñes “apporte tout son soutien à ses effectifs” dans ce communiqué.
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