Municipales 2026 | | 02/07
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La Courneuve : le chef de file LFI remplacé par une IA dans une photo du journal municipal

La Courneuve : le chef de file LFI remplacé par une IA dans une photo du journal municipal

Pris en photo lors d’un rassemblement de solidarité pour Gaza organisé par La Courneuve, Mohamed Awad, co-chef de file LFI, s’est aperçu qu’il avait été remplacé par une personne générée par IA, lors de la publication de la même photo dans le dernier numéro du journal municipal, Regards.

À ce point ma présence dérange ?“, s’est offusqué hier sur son compte Facebook Mohamed Awad, où il a posté la photo avant/après parue en page 6 du numéro 645 de Regards, le journal de la mairie de La Courneuve. “Monsieur Gilles Poux, drôle de manière d’appeler au rassemblement en supprimant et remplaçant d’une photo, le co-chef de file LFI de la ville censé être un “partenaire”“, interpelle-t-il le maire de la commune.

© Ville La Courneuve

Son corps a été remplacé par l’image d’une autre personne générée par intelligence artificielle

De fait, sur le cliché publié, on aperçoit en arrière-plan une femme vêtue d’une chemise blanche (photo ci-dessus). Dans la version originale (ci-dessous), c’est bien Mohamed Awad qui était présent sur le parvis de la mairie, parc Jean Moulin. “Son corps a été remplacé par l’image d’une autre personne générée par intelligence artificielle“, constate un communiqué de La France insoumise, qui souligne sa “stupeur” et son “indignation“.

© Ville La Courneuve

C’est très crasse, c’est insultant, méprisant et coloré d’un vernis de racisme

Contacté par Citoyens93, le co-chef de file de LFI pour les élections municipales de 2026 a découvert la manipulation en consultant le journal. “Je me suis rappelé que j’avais déjà vu cette photo sur une story de la ville, mais sur laquelle je figurais. Je l’avais d’ailleurs gardée pour mes archives. Je suis donc tout de suite allé la chercher. Au début, je ne me suis pas rendu compte qu’ils avaient modifié la photo, j’ai pensé qu’ils avaient rogné la photo mais, on m’a remplacé par une dame qui n’existe pas parce qu’elle est faite par IA“, relate Mohamed Awad. “On sait que le débat politique peut être virulent et parfois brutal, mais d’invisibiliser quelqu’un comme ça… Je pensais que c’étaient des méthodes qui n’existaient plus. Ça fait ancien monde. En plus, c’était lors d’un rassemblement qui est censé être unitaire en soutien au peuple palestinien !“, déplore-t-il. “C’est très crasse, c’est insultant, méprisant et coloré d’un vernis de racisme : on remplace une personne racisée, de couleur noire, par une personne qui n’existe pas de couleur blanche, c’est difficile de ne pas le comprendre comme ça“, ajoute Mohamed Awad.

La rédaction, pour respecter l’esprit de ce rassemblement a décidé, bêtement, de modifier une photo au lieu de la remplacer

Dans son côté, la ville explique dans un bref communiqué que “pour le rassemblement du 19 juin pour dire Stop au Génocide de Gaza, la municipalité de La Courneuve avait décidé, pour laisser toute la centralité au peuple palestinien, qu’il n’y aurait aucune prise de parole politique ni de mise en avant de personnalités, y compris pour ne pas en oublier.” Dans cette optique, détaille-t-elle, “lors du bouclage du journal Regards, la rédaction pour respecter l’esprit de ce rassemblement a décidé, bêtement, de modifier une photo au lieu de la remplacer. C’est une erreur, nous vous prions de bien vouloir nous excuser“.

Pour Mohamed Awad, cet argument ne tient pas. “Je ne suis pas élu et je suis à peine identifiable en arrière-plan. Donc pour qu’ils aient pris soin de faire ça, ça montre que les municipales approchent et qu’ils sont en train de trembler“, commente-t-il. Tout comme le communiqué de LFI, il impute toute la responsabilité de la manipulation à Gilles Poux, le maire (PCF) de La Courneuve. “C’est le directeur éditorial de Regards. On sait très bien que les photos publiées dans les journaux municipaux, notamment à La Courneuve, sont directement validés par le maire ou son cabinet. Il y a donc bien eu une commande de supprimer [sa personne]”, analyse le militant de LFI.

Suspension des discussions en vue d’un rassemblement

Faute d’excuses publiques à l’égard de Mohamed Awad – et, au-delà, de l’ensemble des Insoumis et des Courneuviens légitimement choqués par cette manœuvre — nous suspendons dès à présent les discussions engagées avec le maire et sa candidate, Nadia Chahboune, en vue de l’échéance municipale de 2026 et du rassemblement que nous appelons de nos vœux“, signale LFI dans son communiqué. Maire de La Courneuve depuis 1996, Gilles Poux a, en effet, renoncé à se représenter en 2026, désignant Nadia Chahboune, son adjointe aux droits de la jeunesse et à la reconquête de l’emploi, pour reprendre le flambeau.

Nous avons commencé discuter parce que nous avons appelé au rassemblement sur des bases programmatiques claires de rupture, mais aussi en prenant en compte la nouvelle donne politique. La France insoumise est la première force politique de la ville, on fait près de 60% aux européennes, le PCF fait 3%. Donc, c’est légitime que LFI réclame la tête de liste“, détaille Mohamed Awad qui a été le candidat de LFI aux élections européennes et législatives de 2024. “Le maire se faisait lui-même le chantre du rassemblement et, derrière, voilà les manœuvres crasses auxquelles il s’adonne. C’est intolérable de continuer à discuter comme si de rien n’était. Au-delà de ma personne, beaucoup de gens se sont sentis insultés“.

Lire : Législatives 2024 : candidats de second tour et enjeux par circonscription en Seine-Saint-Denis

En attendant des excuses publiques, l’affaire risque de laisser des traces. Des élus insoumis siègent en effet dans les rangs de la majorité, dont Betty Saint-Ubert, co-cheffe de file de LFI pour les élections municipales, et adjointe au maire en charge de la vie associative, la politique de la ville et la lutte contre les discriminations. “On va prendre le temps de tirer les conclusions ou pas de cet acte. Si la question est de savoir si on pense quitter la majorité, la décision n’est pas précise, mais elle est en réflexion“, souffle Mohamed Awad.

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