La Courneuve : le maire menace de bloquer les trains du CDG Express faute de mur anti-bruit

“Il y a déjà le bruit du RER B, et depuis quelques années ce sont des bruits métalliques assez forts qu’on entend parfois en pleine nuit. Le maire a raison, il faut faire quelque chose“, fustige Moïse qui habite à quelques mètres des voies de chemin de fer. Celles où, dénonce Gilles Poux, “circuleront de 5 heures du matin à minuit, 150 trains du CDG Express lancés à plus de 140 km/h“.

Avec une sono en arrière-fond, le maire (PCF) de La Courneuve a convoqué ce mardi matin la presse pour la prendre à témoin des nuisances sonores engendré par la nouvelle ligne de train : “un train à 140 km/, c’est entre 95 et 105 décibels. Le bruit, par exemple, d’un marteau-piqueur. Je rappelle que, selon le ministère de l’Écologie, un niveau de bruit compris entre 80 et 100 décibels est considéré comme “pénible”. Lorsqu’il atteint 80, il est considéré comme “fatiguant” et lorsqu’il dépasse 100 il est classé “dangereux”, explique-t-il. De fait, la simulation de bruit rend toute conversation impossible.

“15 malheureux millions d’euros pour protéger la vie des habitants pour l’ensemble de la ligne“

Dans ces conditions, l’édile réclame la mise en place d’un mur anti-bruit de 700 mètres le long de la zone habitée, entre le sud de la cité des 4 000 et le pont Palmers, dont il évalue le coût à 7 millions d’euros en se basant sur celui qui a été réalisé le long de l’autoroute A86 pour le Village olympique. “Songez que pour l’ensemble de ce projet ADP et la SNCF, en lien avec le préfet de région, ont décidé de consacrer 15 malheureux millions d’euros pour protéger la vie des habitants pour l’ensemble de la ligne, sur un budget de 2,7 milliards d’euros, soit 0,5%. Ainsi, le 4 février dernier, les responsables de ce projet sont venus m’expliquer qu’il n’y avait pas de problème puisqu’ils avaient prévu de payer le double vitrage à sept familles. C’est insupportable“, dénonce Gilles Poux.

“On entend des bruits métalliques de disqueuse. Parfois ça dure toute la nuit, parfois jusqu’à 1h30“

Or, avant même la mise en circulation des trains, le projet occasionne déjà des nuisances, comme le souligne Thor Schenker qui habite juste devant les voies ferrées. “Ça fait trois ans que ça dure. J’en ai parlé au maire qui n’était pas au courant. Lorsque le RER s’arrête à 22h30 pour les travaux, plusieurs machines se mettent vers 23h00. Là, on a des infra-basses, et après, il y a une quinzaine d’ouvriers qui commencent leur travail. On entend des bruits métalliques de disqueuse. Parfois jusqu’à 1h30, parfois ça dure toute la nuit, et après ils reviennent vers 3 ou 4 heures du matin pour ranger leurs engins. Le pire, c’est qu’on ne sait pas quels jours il y a des travaux, sauf quand on voit cinq ou six véhicules alignés le long de la voie“, déplore-t-il. Excédé, Thor Schenker a bien tenté d’alerter la SNCF à plusieurs reprises, mais “elle est aux abonnés absents. Pourtant, j’ai une amie qui a eu un cas similaire dans le 14ème arrondissement de Paris, ça a été réglé en deux semaines“, souffle-t-il.

“On bloque les voies ferrées“

Une situation incompréhensible pour Gilles Poux. “Quand il s’agit de travail de nuit, il est nécessaire que le maire fasse un arrêté. Or, ils ne m’ont jamais interpellé pour demander un arrêté autorisant le travail de nuit. Là encore, il s’agit d’une déviance illégale que fait la SNCF et ADP“, souligne-t-il. “On souhaite maintenant que le préfet de région nous reçoive. Pour permettre des évolutions sensibles de ce projet, nous mettrons en œuvre des opérations d’abord symboliques, comme cela c’est déjà fait par le passé : on bloque les voies ferrées. On ne se laissera pas marcher dessus“, assure le maire qui a lancé une pétition citoyenne. Gille Poux déplore d’ailleurs que la dernière la consultation publique de la population remonte à 2007-2008.

“La France est la première destination touristique mondiale. Des milliers d’emplois dépendent de ce secteur“

“Pour les nuisances sonores, je suis complètement d’accord, mais il y a des choses qui ne sont pas dites“, tempère Anthony Russel, ancien conseiller municipal. “Le bruit ne sera peut-être pas aussi élevé qu’on le dit parce que les rames seront plus modernes que les actuelles. Pour les habitants qui vont bosser, c’est un gain de confort parce qu’on ne se retrouvera plus au milieu des valises et de la cohue de touristes qui vont et viennent à l’aéroport. Et puis, il faut savoir aussi ce que l’on veut, la France est la première destination touristique mondiale. Des milliers d’emplois dépendent de ce secteur.”

Gilles Poux, lui, est foncièrement opposé au projet du CDG Express. “Est-ce qu’il y avait ou est-ce qu’il a vraiment urgence à dépenser plus de 2,7 milliards d’euros afin de mettre à disposition une liaison directe entre l’aéroport Charles de Gaulle et le centre Paris pour des voyageurs plutôt aisés parce que pouvant se payer un billet à 24 euros ? questionne l’élu. Je rappelle que toutes les 7 minutes, il y a un RER B qui arrive à Roissy et qu’à partir de 10h, un sur deux est direct depuis la gare du Nord, mettant à moins de 30 minutes l’aérogare 2 du centre de Paris. À partir de 2027, la ligne 17 du Grand Paris Express amènera dans le nouveau métro automatique, et donc dans des conditions de conforts tout à fait honorable, les voyageurs à l’aéroport Charles de Gaulle.”,

Sollicités par 93 Citoyens, ni SNCF Réseaux, ni le groupe ADP, pilotes du projet, n’ont été en mesure de répondre à nos questions.