La France insoumise a officiellement lancé dimanche sa campagne pour les municipales de 2026 avec un meeting en Seine-Saint-Denis. Des scrutins locaux qui s’inscrivent dans la perspective de l’élection présidentielle mais aussi des sénatoriales, actuellement le parent pauvre du parti.
“Ce seront des élections politiques du fait du contexte actuel (…) nous serons à un an de l’élection présidentielle, dont ceci pourrait bien être un galop d’essai. Cette élection peut donc préfigurer le monde que nous voulons commencer”, a lancé le fondateur de LFI devant une foule de 2 000 militants, selon l’organisation, réunie aux Docks de Paris, une salle d’Aubervilliers.
Pour les municipales, les Insoumis comptent s’appuyer sur leurs bons scores dans les banlieues populaires et les grandes métropoles: la direction du mouvement a identifié Roubaix (Nord), La Courneuve ou encore Evry (Essonne) comme commune où la victoire serait un objectif crédible. Actuellement, le mouvement ne dirige que deux villes de plus de 5 000 habitants.
En termes de programme, LFI entend proposer le développement de la régie publique de l’eau, celui des cantines scolaires gratuites et biologiques, ou la mise en place d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC) municipal. Les municipales ne seront “pas seulement des campagnes locales, il y a aussi des orientations communes à porter sur l’ensemble du territoire”, défend le coordinateur national de LFI, Manuel Bompard
“Il s’agit d’élever le niveau de conscience et de faire de cette élection un temps fort d’éducation politique populaire de masse, car nous en aurons besoin en 2027, si la France nous choisit pour gouverner le pays”, a aussi insisté Jean-Luc Mélenchon, pressenti pour représenter une quatrième fois la France insoumise à la prochaine course à l’Elysée. Lors de son discours, Jean-Luc Mélenchon a de nouveau développé son concept de “Nouvelle France”, une société plus urbaine et plus métissée. “Notre Nouvelle France est là: nouvelle comme sa population, sa façon de vivre, sa vie, sa créolisation et par-dessus tout son appétit du futur”, a ainsi appuyé l’ancien sénateur socialiste.
Si le fondateur du mouvement Insoumis s’est gardé de porter des coups aux autres partis de gauche, ses lieutenants n’ont pas eu la même réserve. La députée Nadège Abomangoli, vice-présidente de l’Assemblée nationale, a ainsi ouvert le meeting en fustigeant ceux à gauche “qui veulent des voix des Insoumis mais pas d’élus Insoumis”, une manière de viser notamment le PS. “Celles et ceux qui votent pour La France insoumise depuis dix ans ont le droit d’être représentés”, a-t-elle insisté.
Beaucoup de listes pour anticiper les sénatoriales
Pour les municipales de mars 2026, LFI sera présente, en tête de liste ou en soutien à une liste, dans à peu près 500 villes, dont 80% des communes de plus de 30 000 habitants. Et dans la grande majorité des cas, les Insoumis présenteront leurs propres listes, sans s’unir avec les Ecologistes, le Parti socialiste ou le Parti communiste.
La formation de gauche radicale n’espère pas gagner énormément de mairies, seulement deux ou trois, mais entend pénétrer massivement dans les conseils municipaux afin de disposer de grands électeurs aux prochaines élections sénatoriales, alors que le parti est sous-représente à la chambre haute.
“Message à tous ceux qui pensent pouvoir nous évincer de leurs combinaisons d’appareil: La France insoumise préparera les prochaines élections sénatoriales en même temps que l’élection présidentielle”, a ainsi prévenu le député Paul Vannier, en charge des élections au sein de l’appareil mélenchoniste.
Dans beaucoup de municipalités, les tensions à gauche laissent présager d’âpres négociations de second tour, où le score nécessaire pour se maintenir est de 10% et celui pour fusionner avec une autre liste est de 5%. “Partout où nous serons en tête au soir du premier tour, nous proposerons aux autres listes de gauche prêtes à défendre avec nous un programme de rupture, de nous retrouver”, a appuyé Paul Vannier.
En janvier 2025, la municipale partielle de Villeneuve-Saint-Georges, où concourait le député Louis Boyard, contre les autres partis de gauche et des candidats de droite, a donné à voir la difficulté de faire alliance à gauche. Au final, c’est une candidate de droite qui l’a emporté, Kristell Niasme, mais LFI a pu placer plusieurs élus dans l’opposition, alors que la liste PCF-PS-EELV-PRG du candidat communiste n’en compte aucun, ayant fait le choix de se retirer au second tour faute d’avoir trouvé le terrain d’une alliance.

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