Santé | | 02/07
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Le Bus du Cœur des Femmes à Bobigny : pause santé pour toutes et dépistages gratuits

Le Bus du Cœur des Femmes à Bobigny : pause santé pour toutes et dépistages gratuits © MG

Chaque jour, plus de 200 femmes meurent d’une cause cardiovasculaire, alors que dans 8 cas sur 10, cela aurait pu être évité. C’est tout l’enjeu du Bus du Cœur des Femmes que de leur proposer, sur place, un temps pour prendre soin de leur santé, et ainsi intervenir en amont. Reportage à Bobigny où la fondation Agir pour le cœur des femmes a installé bus et village jusqu’au 3 juillet.

C’est une étape symbolique” confie Erwan Martin, délégué national de la fondation Agir pour le cœur des femmes, ravi de revenir à Bobigny, deux ans après les émeutes de l’été 2023 au cours desquelles le bus et les autres équipements du village itinérant avaient été incendiés et détruits. Suite à cet événement, une cagnotte a été lancée et les dons de 4 000 donateurs privés ont non seulement permis d’aménager un nouveau bus mais aussi de renforcer le dispositif. Deux nouvelles structures sont ainsi venues compléter l’offre initiale : une maison médicale mobile, dédiée aux consultations, et une maison mobile des explorations, destinée aux examens cardiovasculaires.

Quand la santé passe après celle des enfants, parents, mari …

Les consultations sont exclusivement destinées aux femmes, avec 300 rendez-vous prévus sur les 3 jours à Bobigny. Un choix motivé par le constat que ces dernières “prennent soin de leurs enfants, de leurs parents, de leur conjoint et ne pensent à elles-mêmes qu’en dernier lieu, explique Erwan Martin. Elles repoussent leurs rendez-vous, elles s’accommodent de l’automédication, elles ne vont pas réaliser leur bilan annuel”. Une observation que partage Dominique, venue d’Aulnay-sous-Bois, “il faut d’abord trouver le temps de prendre rendez-vous, après avoir organisé ceux des enfants, et seulement s’il reste un moment, on y va. Bref, c’est un vrai temps médical à consacrer”.

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Le village accueille, en plus du bus, les acteurs locaux de santé, la CPAM, des associations ainsi que des marques partenaires pour aborder notamment des thématiques comme l’alimentation.

Pour le délégué national de la fondation, il est d’autant plus urgent d’agir que le nombre de décès liés à une maladie cardiovasculaire est souvent banalisé et sous-estimé par le grand public. “Si je donne un comparatif, chaque jour, deux femmes perdent la vie dans un accident de la route, 33 femmes meurent du cancer du sein et 200 femmes décèdent à cause d’une pathologie cardiovasculaire”, précise-t-il.

Le parcours dure 2 heures, et c’est équivalent à 2/3 ans de rendez-vous cumulés

Chaque rendez-vous débute par la remise d’un livret de dépistage, fil conducteur du parcours, que les professionnelles de santé complètent à chaque étape. Première halte : le stand de l’Assurance maladie, pour une mise à jour de leurs droits, de la carte Vitale et des données administratives. L’objectif ? “Réintégrer” les participantes dans le système de santé.

Vient ensuite un contrôle de la tension, suivi d’un premier entretien médical pour dresser un état des lieux des antécédents familiaux, des facteurs de risque et des pathologies connues.

Les examens de santé se poursuivent à bord du bus, aménagé en véritable mini-laboratoire. Sur place : analyses glycémique, lipidique (cholestérol) et de la créatinine, mais aussi mesures du poids, de la taille et de l’indice de masse corporelle. Un entretien gynécologique mené par une sage-femme permet également de discuter de ses pratiques et des risques cardiovasculaires qui y sont liés.

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Le bus où sont réalisés bilan métabolique (cholestérol, glycémie, créatinine) et gynécologique.

Le parcours se poursuit par un stand dédié aux addictions (tabac, alcool, drogue), avant de s’achever dans la maison mobile des explorations où sont réalisés électrocardiogramme et écho-doppler, un examen permettant d’analyser le mouvement des fluides dans l’organisme.

Ici, on est écoutées et si l’on a un symptôme, on ne vous dit pas de revenir le mois prochain

Le rendez-vous se conclut par une consultation avec un médecin. À partir des données du livret de dépistage, une synthèse personnalisée est établie. Si une anomalie est détectée, les patientes sont orientées vers des structures adaptées et sont ainsi remises dans un parcours de soin adapté. “Le parcours dure 2 heures, et c’est équivalent à 2/3 ans de rendez-vous cumulés”, schématise Erwan Martin. Un temps jugé essentiel par Dominique, conquise par l’attention portée à chaque patiente : “Au-delà du dépistage, l’un des autres avantages, c’est l’orientation. En consultation classique, on m’a déjà pris ma tension, qui était élevée, avec pour seule réponse ‘ça va aller’, sans réelle considération. Ici, on est écoutées et si l’on a un symptôme, on ne vous dit pas de revenir le mois prochain”. “C’est vraiment une initiative indispensable qui doit être généralisée”, poursuit Nathalie, qui a fait le chemin depuis Colombes.

Des dépistages mais également de la prévention

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Tout autour du bus, c’est un véritable village qui est monté, réunissant de nombreux acteurs associatifs locaux ainsi que des professionnels de santé.

À chaque étape, en plus du bus, tout un village santé est installé, rassemblant associations locales et professionnels de santé. À Bobigny, par exemple, étaient présents des intervenants sensibilisant aux droits des femmes, des diététiciens pour échanger sur les régimes alimentaires à privilégier ou à éviter, ainsi que des acteurs engagés dans la prévention et la sensibilisation aux dépistages de cancers. Nathalie, surprise par la diversité des acteurs présents, se réjouit d’avoir pu découvrir de nouvelles informations : “questionner, apprendre des choses que l’on ne sait pas, c’est ça aussi qui est intéressant”.

Durant le parcours, les visiteuses sont également formées à l’utilisation de certains outils médicaux, comme au tensiomètre, qu’elles reçoivent gratuitement à l’issue de leur rendez-vous.

Des données utiles pour mieux comprendre ces pathologies

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La maison mobile des explorations où sont réalisés électrocardiogramme et écho-doppler.

Les livrets, anonymisés, sont collectés à la fin de chaque étape puis exploités par l’Observatoire national de la santé des femmes. Les données recueillies, combinées à celles récupérées tout au long du parcours, permettent d’établir un panorama global de la santé des femmes, en les croisant avec des indicateurs socio-économiques, notamment le score EPICE de l’Assurance maladie qui mesure le degré de précarité. Une dernière étape importante puisque les territoires visités par le bus sont très hétérogènes, et que “si l’incidence des maladies cardiovasculaires est in fine comparable, que les femmes soient CSP+ ou en situation de grande précarité économique, les causes sous-jacentes de ces pathologies, elles, diffèrent“, insiste Erwan Martin.

Le village santé accueille le public du 1er au 3 juillet, place Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, entre 09h00 et 17h00. Il est accessible sans rendez-vous pour échanger avec les intervenants présents. Pour une consultation complète, en 10 étapes, il faut prendre rendez-vous directement auprès de la mairie de Bobigny.

Le bus fera étape à la rentrée prochaine à : Auxerre, Bruay-la-Buissière, Lille, Rouen, Poitiers et Romans-sur-Isère.

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